Philesta ne tenta pas de le retenir cette fois, elle resta les bras ballants, abasourdie.
Un fruit lancé dans sa figure la ramena dans la réalité. Elle tourna la tête et vit une villageoise la scruter en ricanant.
La femme lui lança un autre fruit en disant :
— Dépêche-toi de mettre au monde l'enfant, on ne veut pas d'une pourriture comme toi ici !
Le jeune femme passa sa main sur son visage rendu poisseux et se débarrassa tant bien que mal des restes des fruits en silence.
La villageoise sans doute lassée par le spectacle sans alla en crachant par terre.
Philesta leva la tête, les larmes aux yeux.
De toute les personnes qui avaient vu la scène, personne n'était de son côté. Personne ne prendrait sa défense, elle était seule et elle devait survivre en ne comptant que sur elle-même.
Elle marcha machinalement jusqu'à sa nouvelle maison et tourna le robinet qui se trouvait dans la cuisine. Elle plongea ses mains dans l'eau pour s'asperger le visage et sentit soudain, pour la première fois, des sortes de crépitements dans ses doigts.
La jeune femme essaya de se concentrer seulement sur les sensations que lui procurait l'eau et fit abstraction de ce qui l'entourait. Elle sentit comme une vague de chaleur la submerger et entendit comme une respiration régulière venir de l'eau.
Philesta ferma la yeux et sentit une étrange odeur sucrée et légère comme en mouvement.
La jeune femme les rouvrit lentement et vit des fluides de couleur s'élever au-dessus de l'eau qui emplissait ses mains. Elle approcha le liquide de sa bouche et l'avala. Elle ressentit alors un bien-être profond et tous les muscles de son corps se relâchèrent d'un coup.
Philesta esquissa un léger sourire en regardant ses mains et murmura :
— Je suis vraiment devenue guérisseuse...
La jeune femme finit de se laver le visage puis elle décida de visiter la maison. Elle n'était pas très grande, elle était consistée d'une cuisine, d'une salle à manger avec une grande cheminée, d'une salle de bain et d'une unique chambre.
Philesta s'allongea sur le lit et tenta de dormir pour s'évader hors de l'horrible réalité qui allait devenir son quotidien.
Après plusieurs heures, la jeune femme se réveilla avec un mal de ventre aigue.
Elle se leva et vit par la fenêtre de la chambre qu'il faisait nuit. Elle n'avait rien mangé de la journée et avait terriblement faim.
Philesta entra dans la cuisine et chercha dans les placards de la nourriture mais tout était désespérément vide et sale.
La jeune femme vacilla. Il fallait absolument qu'elle mange.
Une sorte d'étau se resserra sur sa poitrine. Elle regarda autour d'elle et frissonna. Personne ne lui donnerait de nourriture.
Elle regarda l'heure sur la grossière horloge en bois de la salle à manger : il était minuit. Elyrian n'était toujours pas rentré et ne comptait sûrement pas revenir dans la nuit.
Philesta se mordit les lèvres et sortit de la maison.
Les battements affolés de son cœur bourdonnaient dans ses oreilles. Elle marcha silencieusement devant les maisons éteintes.
Elle ne savait pas où trouver de la nourriture et elle savait que personne ne lui en offrirait alors pour survivre le mieux n'était-il pas de fuir ?
Dans tout les cas elle mourrait, il fallait au moins essayer.
La jeune femme arriva au bout de plusieurs minutes, à bout de souffle, devant l'entrée de la ville.
Tout était calme et silencieux, trop silencieux.
Philesta regarda autour d'elle en tremblant. Il était impensable que l'entrée du peuple des Gratsans ne soit pas gardée.
A moins que le fait d'avoir massacré son peuple les tranquillisait au point de ne plus surveiller les entrées et sorties de leur ville?
La jeune femme avança prudemment jusqu'à ne plus être qu'à quelques centimètres de la lourde porte trouant les immenses remparts.
Elle avançait sa main pour saisir l'énorme poignée de bois quand elle vit une grande ombre bouger.
Philesta se retourna brusquement et croisa les yeux brillants d'un gratsans.
Elle serra les dents pour ne pas crier et courut à perdre haleine.
Elle repassa devant les maisons éteintes et ne s'arrêta que devant sa maison.
La jeune femme se retourna et vit qu'elle n'avait pas été poursuivie.
Epuisée, elle se laissa tomber sur le sol.
Sa main toucha quelque chose de mou, elle l'attrapa et vit que c'était un des fruit que lui avait jeté la villageoise le matin.
Philesta chercha le deuxième puis rentra dans sa maison. Elle les plongea dans l'eau puis les mangea avidement.
Après ce maigre repas, la jeune femme s'étendit sur le lit et s'endormit.
Elle fut réveillée le matin par des cris d'enfants qui jouaient dehors.
La jeune femme regarda par la fenêtre un petit garçon poursuivre deux fillettes en riant et une larme roula sur sa joue.
Azaëlle et Konstan lui manquait. Elle aimerait tellement pouvoir revenir à l'époque où ils jouaient près de l'arbre creux en riant aux éclats.
Philesta détourna la tête. L'arbre creux était en cendre et leur boîte à souvenir avec et Azaëlle et Konstan étaient... morts.
Elle essuya rageusement ses larmes d'un revers de sa manche et sortit de la chambre.
La jeune femme inspira en fermant les yeux puis ouvrit brusquement la porte de sa maison.
Elle s'avança et eut l'effet qu'elle escomptait. Elle reçu aussitôt une rafale de fruits et de légumes de toute sorte sur la figure. Elle dû se couvrir le visage de ses bras pour ne pas finir blesser.
Au bout de quelques minutes, lassés les villageois arrêtèrent et reprirent leur chemin en ricanant.
Les enfants qui jouaient près de sa fenêtre ramassèrent des petits cailloux et lui lancèrent en riant aux éclats.
Philesta ramassa sans broncher les fruits et légumes écrasés au sol et rentra dans sa maison qu'elle ne quitta pas de la journée.
Plusieurs jours passèrent ainsi et Elyrian ne revenait toujours pas.
Au bout d'une semaine, Philesta à bout de nerf décida de se mettre à sa recherche.
Elle avait compris que l'ordre de son chef le mettait hors de lui et qu'il ne voulait pas lui obéir mais qu'il était tiraillé car l'ordre militaire impliquait une obéissance parfaite aux ordres donnés par les supérieurs, donc s'il désobéissait, s'en était fini de lui.
Pour le convaincre de ne pas obéir à son chef, la jeune femme devait lui amener sur un plateau la solution qui lui permettrait de rester en vie tout en ne désobéissant pas à son engagement militaire.

VOUS LISEZ
Illusion
МистикаDepuis des siècles, deux peuples, les Katharos, détenteurs du pouvoir de guérison, et le puissant peuple des Gratsans se déchirent dans une guerre sanglante. Suite à de terribles circonstances, Philesta, une jeune guérisseuse Katharos, est capturée...