Elyrian fronça les sourcils et dit :
— Comment compte tu rentrer dans la ville sans te faire massacrer ?
La jeune femme sourit légèrement et répondit :
— Moi je suis déjà différente de la dernière fois qu'elle m'a vue, je n'aurai donc pas grand-chose à faire, en revanche il va falloir faire quelque chose pour vous deux.
Le professeur essuya ses lunettes et demanda :
— Que voulez-vous dire ?
Philesta lui prit l'objet des mains et le plaça sur le nez du jeune homme en répondant :
— Vous allez vous camoufler. Approchez. Elyrian donne-moi ton couteau.
Elyrian lui donna ce qu'elle demandait non sans hésiter perplexe. La jeune femme saisit la fine lame en métal et dit au professeur :
— Ne craignez rien, j'ai déjà fait ça.
Philesta coupa la barbe blanche du professeur Nehl en effectuant des gestes assurés et précis.
Une fois que ce fut fait, le professeur était devenu méconnaissable. La jeune femme savait qu'il avait toujours porté la barbe puisqu'il la portait déjà lorsqu'elle était petite, cela consistait donc un déguisement parfait, l'Illusion ne devrait pas le reconnaitre.
Elle se tourna vers Elyrian et tenta de cacher tant bien que mal le sourire qui se dessinait sur ses lèvres. Les lunettes du professeur lui allaient... à merveille.
Le professeur plissa les yeux et dit :
— Et donc comment je vais faire pour me diriger ? Mes lunettes n'étaient pas une décoration...
Le jeune homme renchérit :
— Je vous crois volontiers professeur, je ne vois plus rien.
Philesta soupira et répondit :
— Je vais vous diriger. Allons-y maintenant.
Elyrian glissa sa main sous le bras de la jeune femme et lui demanda :
— Au fait sur qui t'es-tu entrainée ?
Philesta haussa un sourcil :
— De quoi est-ce que tu parles ?
Le jeune homme désigna le menton nu du professeur.
La jeune femme regarda Elyrian en soupirant et répondit :
— Sur les patients que ma mère soignait, content ?
Le jeune homme sourit légèrement et dit :
— Je demandais juste cela à titre informatif.
Le professeur attrapa soudain le bras de Philesta pour ne pas tomber et dit brusquement tandis qu'ils franchissaient la ligne imaginaire qui représentait la limite des réseaux de l'Illusion :
— Concentrons nous. Je sais que vous êtes jeunes et que vous avez besoin de légèreté, que vous n'avez jamais demandé la position qui est la votre et je suis bien conscient que c'est de ma faute si vous êtes là mais le fait est que vous avez réellement ce poids important sur vos épaules, vous avez de nombreuses vies entre vos mains et la moindre erreur pourrait mener à la fin de l'humanité et cette fois ci... nous ne pourrons pas revenir en arrière.
Philesta déglutit. Il avait raison. Il avait en plus de cela sacrifié la dernière chance qu'il avait de sauver sa femme pour les aider, il fallait qu'ils réussissent.
Elyrian murmura :
— Nous la détruirons je vous le promets et même si nous ne pourrons pas rendre à chacun sa vie d'avant, tout le monde retrouvera sa liberté.
La jeune femme ajouta plus bas, à quelques mètres de l'entrée de la ville :
— Comportons nous comme les autres humains que nous verrons pour nous camoufler dans la masse. Nous ne devons absolument pas nous faire repérer.
Les deux hommes acquiescèrent, ils lâchèrent Philesta et entrèrent dans la ville.
Un silence glaçant les entoura aussitôt. La jeune femme frissonna. Elle avait l'impression d'être observée de partout.
Un homme dont le regard semblait vide les regarda puis passa à côté d'eux en frôlant légèrement le bras de Philesta.
Elle serra les dents en sentant son corps frissonner. L'homme se retourna aussitôt et serra ses poings.
Le sang de la jeune femme ne fit qu'un tour. Elle regarda sa légère robe qu'elle n'avait pas changé depuis le bateau puis l'homme qui plissait les yeux en craquant ses poings. Elle n'était clairement pas en position de se battre et quand bien même elle aurait pu, elle ne l'aurait pas fait car se battre avec un humain en mode guerre ne pouvait que signifier qu'elle n'en était pas un. Dès lors, elle serait découverte et toute l'opération tomberait à l'eau.
L'homme avança brusquement vers elle. Elle ne cilla pas, le regard vide d'expression, son cœur battant à une vitesse affolante.
L'homme hésita quelques secondes, perturbé. Il s'avança encore semblant analyser la situation et leva subitement le bras.
Aussitôt Elyrian lui envoya son poing dans la mâchoire.
L'homme tomba au sol et ses veines grossirent d'une façon effrayante sur tout son visage.
Philesta s'écria :
— NON !
Elle attrapa le bras d'Elyrian et pris celui du professeur en courant et les poussa jusqu'à la ruelle qu'elle avait repéré avant que l'homme n'arrive.
Elle appuya fébrilement son insigne sur le mur et celui-ci s'ouvrit aussitôt devant eux.
Le professeur et le jeune homme entrèrent immédiatement tandis que les pas de l'homme se faisaient entendre de plus en plus fort.
La jeune femme avait l'effroyable impression qu'à ce moment précis où tout devrait aller vite, tout se passait au ralenti.
Le pas de l'homme martelait le sol lourdement et de plus en plus fort. Elle entra à son tour dans le passage secret et chercha l'endroit où mettre son insigne afin de fermer le mur derrière eux.
Le visage de l'homme n'était plus qu'à quelques centimètres du sien. Ses yeux sans expressions étaient injectés de sang et son visage tendu était presque violet, de sa bouche déformée sortait de l'écume et coulait sur ses lèvres tuméfiées par le coup d'Elyrian.
Elle se mit à trembler sans pouvoir se contrôler et son insigne glissa de ses mains glacées par la peur.
L'homme émit un grognement presque animal et levait la main pour la saisir à la gorge quand soudain quelqu'un venant de l'intérieur du passage secret se glissa à côté d'elle et posa brusquement ses doigts sur le front de l'homme qui tomba aussitôt au sol.
Il se leva à peine quelques secondes plus tard, dans un état tout à fait normal.
Philesta se tourna alors vers la personne qui venait de lui sauver la vie. Ce n'était autre que le vieillard qui lui avait dit que si un jour elle venait à se trouver en danger, les guérisseurs seraient là pour elle.
La jeune femme le regarda le cœur battant à tout rompre, encore sous le choc.
Il sourit légèrement et dit :
— Je crois que notre jour est arrivé.

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Illusion
ParanormaleDepuis des siècles, deux peuples, les Katharos, détenteurs du pouvoir de guérison, et le puissant peuple des Gratsans se déchirent dans une guerre sanglante. Suite à de terribles circonstances, Philesta, une jeune guérisseuse Katharos, est capturée...