Illusion

Chapitre 29.

Elyrian ouvrit à l'aide d'un passe une porte de la même blancheur que la salle qu'ils venaient de quitter et tira Philesta dans la pièce.

De nombreuses machines de toutes formes mais étant toutes du même gris terne entouraient un lit ou plutôt une sorte de table de torture.

Philesta déglutit mais se laissa faire lorsqu'Elyrian la força à s'allonger dessus et l'attacha machinalement.

La jeune femme se décida enfin à le regarder. Le regard du jeune homme était indéchiffrable et il continuait à l'attacher mécaniquement.

Philesta détourna les yeux pour ne pas laisser une nouvelle vague d'émotions la submerger.

Le fait que l'attacher à une table de torture pour la laisser à la merci d'une intelligence artificielle criminelle ne lui fasse rien lui faisait terriblement mal. Elle savait qu'il ne l'aimait pas, il le lui avait bien dit mais elle ne pensait pas à ce point, elle croyait qu'ils avaient au moins tissés des liens d'amitié.

Elle croyait qu'il l'aidait et la protégeait depuis le début alors qu'il la menait sans remords dans la gueule du loup.

Elle se mordit les lèvres. Même au-delà de tout cela, elle était une humaine comme lui, il ne devrait pas préférer écouter une IA.

Un silence pesant et étouffant régnait dans la petite pièce.

Philesta le brisa soudain en demandant sèchement:

— Que va-t-elle faire de moi ?

Elyrian qui venait de finaliser le dernier nœud leva la tête et répondit simplement :

— Elle va sans doute essayer de récupérer le reste de ton don en t'enlevant la partie de ton cerveau qui te permet de l'utiliser.

La jeune femme sentit un courant glacé la traverser quand elle dit dans un souffle :

— Ca va me tuer...

Le jeune homme ne répondit rien et se contenta de la regarder.

Philesta sentit une rage brûlante se propager dans tout son corps.

Comment avait-il pu la livrer à l'IA ? Elle pensait le connaitre mais en réalité elle ne le connaissait pas du tout. Elle serra ses poings à s'en faire craquer les jointures et demanda d'une voix sourde :

— Tu étais au courant de tout ça depuis le début ?

Elyrian répondit sans hésiter achevant de briser le cœur de Philesta :

— Oui.

La jeune femme se redressa du mieux qu'elle put sur son lit et dit les yeux flamboyant de colère pesant chacun de ses mots :

— Je te hais de tout mon être, ne te présente plus jamais devant moi ! Tu m'as entendu ? J'ai dit VAS T'EN SALE TRAÎTRE !

Le jeune homme recula d'un pas surpris pas la violence de ses paroles et Philesta vit son visage se décomposer avec stupéfaction. Il tourna les talons et partit de la pièce.

Philesta attendit de ne plus entendre son pas familier dans le couloir pour s'effondrer sur la table de torture et laisser ses larmes de rages rouler le long de ses joues brûlantes.

Une inscription apparut soudain sur le plafond. Elle cligna des yeux pour laisser échapper les gouttes salées de ses paupières et lu à haute voix :

— « Je te laisse te reposer quelques jours, j'ai besoin que ton cerveau pense moins. »

La jeune femme blêmit. Qu'est-ce que cela signifiait ? Attendait-elle qu'elle sombre dans la dépression pour la dépecer ?

Philesta rit nerveusement. Elle n'allait pas la laisser faire. Elle n'accepterait jamais sa défaite, l'IA ne gagnerait jamais, elle ne pouvait pas gagner après tout ce qu'elle lui avait fait subir. Elle n'abandonnerait pas.

La jeune femme ferma les yeux en serrant la mâchoire. Même le repos de son esprit n'était pas permis après tout ce qu'elle avait vécu. Elle allait devoir penser encore et encore, se ressasser les évènements de la journée en boucle pour maintenir son cerveau en ébullition et empêcher l'Illusion d'atteindre son but.

Au bout de plusieurs heures de torture mentale, Philesta ouvrit les yeux et soupira tristement.

Après tout, à quoi bon se battre encore ? Personne ne viendrait la délivrer.

La jeune femme se détesta à penser encore à Elyrian.

Elle serra ses poings si fort que ses ongles se plantèrent dans ses paumes de mains.

Elle l'aimait, c'était son premier vrai amour, il était pur et innocent, elle lui avait ouvert son cœur mais il avait pris ses sentiments, les avaient chiffonnés, déchirés puis jetés dans les flammes de sa trahison.

Philesta sourit amèrement. Son cœur oscillait entre amour et haine dans un douloureux balancement. Elle avait cru en lui, elle avait finalement choisi de lui faire confiance malgré ce que lui avait dit Konstan et elle s'était trompée sur toute la ligne.

Il n'était rien d'autre que le chien de l'Illusion et ce depuis le début, malgré ce qu'elle avait cru percevoir en lui.

Elle s'était confiée à lui et lui l'avait écouté tout en sachant au fond de lui qui la trahirait.

Comment avait-il pu la trahir ainsi ? N'était-elle vraiment rien pour lui ?

Philesta ferma les yeux. Le mot espoir était un luxe dans sa situation.

A quoi bon lutter encore ? Elle ne voulait pas sentir cette douleur la brûler encore longtemps, elle n'en avait plus la force ni le courage.

Elle laissa tous ses muscles se relâcher et les traits de son visage se détendirent.

Elle avait perdue. Ce n'était pas l'Illusion qui l'avait vaincue mais Elyrian qui l'avait achevée.