Il y eut un instant de silence. Le temps s'arrêta. Progressivement la chaleur de ses joues s'estompa.
Elyrian frémit mais ne décrocha pas son regard du sien quand il répondit :
— Je suis désolé si mon attitude a pu te laisser penser quoi que ce soit mais si je t'ai aidée c'est parce que tu ressembles à une de mes sœurs et je la voyais à travers toi, maintenant je t'apprécie réellement pour ce que tu es mais ... en amie.
Ses mots déchirèrent l'air comme une lame tranchante.
Le jeune homme décrocha la main de Philesta de son bras et partit dans sa cabine sans un regard pour elle.
Philesta le regarda partir perdue, elle ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Se serait-elle trompée sur toute la ligne ?
Elle baissa la tête sur la rambarde et regarda l'eau faire tanguer légèrement la péniche. De grosses larmes roulèrent sur ses joues et rejoignirent l'étendue bleutée en silence.
Elle avait tout gâché, il devait se sentir gêné maintenant. Elle lui avait imposé ses sentiments et s'attendait forcément à ce qu'il les accepte mais maintenant qu'elle était face à la vérité elle voyait bien qu'elle avait été aveuglée par ses propres sentiments.
Elyrian n'avait cessé de la repousser au moindre contact physique, cela aurait dû l'interpeler.
C'était un amour à sens unique.
La jeune femme posa ses mains sur son visage. Une vague de tristesse l'envahit tandis qu'elle réalisait peu à peu la signification de ces mots. Son amour ne sera jamais partagé.
Elle ravala ses sanglots et essuya son visage brusquement en se forçant à sourire. Elle allait réprimer ses sentiments et ne plus penser à sa fierté blessée. C'était la seule solution si elle ne voulait pas le perdre.
Quelques minutes plus tard, son visage avait retrouvé sa couleur normal et ses yeux n'étaient plus gonflés.
Elle toqua à la cabine d'Elyrian et entra. Le jeune homme était allongé sur son lit le regard dans le vide, à sa vue il cligna des yeux et se redressa brusquement.
Philesta s'avança. Elle sourit et mit nonchalamment ses mains dans ses poches en disant :
— Oublions tout ce que j'ai dis tout à l'heure, d'accord ?
Elyrian fronça les sourcils et répondit simplement :
— D'accord.
La jeune femme déglutit et sentit de nouveau la vague de tristesse l'envahir. Elle serra les lèvres et tourna les talons pour sortir de la cabine mais le jeune homme se leva et lui dit :
— Allons manger, notre hôte doit nous attendre impatiemment dans la cuisine.
Il passa devant elle et Philesta le regarda passer en détestant les battements soudain désordonnés de son cœur.
Elle lui emboita le pas en serrant les poings dans les poches de son sweet. Aimait-il une autre femme ? La femme séduisante avec laquelle il avait parlé dans le salon et qu'il avait qualifié de « précieuse » ou bien la femme de la campagne aux yeux émeraudes qui l'avait cherché expressément pour lui parler dans sa chambre ?
Philesta sourit à leur hôte qui leur désigna chacun leur place respective et elle s'assit à la place désignée en face d'Elyrian.
Le repas commença et Elyrian d'habitude assez taciturne se transforma en un bavard passionné de navigation et de bateau.
La jeune femme profita d'un moment où il mangeait pour lui demander, devant leur hôte pour qu'il ne se défile pas :
— Au fait je me posais la question, de quoi aviez-vous parlé la femme de la campagne et toi dans ta chambre l'autre fois ?
Le jeune homme haussa un sourcil surpris puis répondit finalement :
— Je ne voulais pas te le dire au cas où elle se serait trompée mais puisque tu poses la question je vais te le dire et puis il semblerait qu'elle ait raison. Elle a trouvé l'Illusion.
Philesta qui ne s'attendait pas du tout à cette réponse écarquilla les yeux de surprise.
Leur hôte s'exclama :
— C'est vrai ? Où ça ?!
Elyrian fixa la jeune femme et répondit :
— Je ne peux le révéler qu'à Philesta.
Philesta se racla la gorge troublée et bu une gorgée d'eau pour reprendre contenance. Elle savait qu'elle se faisait des idées et aimerait que son corps arrête de réagir au moindre mots d'Elyrian.
Le vieux marin qui les accueillait se leva en bougonnant et partit un peu plus loin préparer le reste du repas.
Le jeune homme reprit :
— Elle se trouve dans un grand bâtiment très sécurisé près d'une statue en marbre à son effigie.
La jeune femme haussa un sourcil perplexe et demanda :
— Comment la femme de la campagne l'a-t-elle découvert ? Et comment peux-tu être sûr qu'elle ait raison ?
Elyrian sourit légèrement et répondit :
— Elle menait des recherches depuis longtemps il serait donc peu probable qu'elle se trompe mais on ne sait jamais. Il n'y a qu'un seul moyen de savoir si elle a raison ou pas, c'est de s'y rendre. Tu es toujours partante ?
Philesta lui rendit son sourire et dit :
— Plus que jamais.
La jeune femme était soulagée car Elyrian ne semblait pas lui en vouloir ou être distant avec elle. Il lui parlait normalement comme avant.
Elle sourit légèrement en le regardant discuter avec leur hôte qui était revenu. Qu'ils restent amis lui convenait du moment qu'il ne s'éloignait pas d'elle car il était le dernier être précieux qui lui restait.
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Illusion
ParanormalDepuis des siècles, deux peuples, les Katharos, détenteurs du pouvoir de guérison, et le puissant peuple des Gratsans se déchirent dans une guerre sanglante. Suite à de terribles circonstances, Philesta, une jeune guérisseuse Katharos, est capturée...