Chapitre 40.

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Philesta s'arrêta devant l'entrée grande ouverte des Gratsans.

Ils entouraient tous leur « chef » et parlaient à vives voix.

La jeune femme s'avança en serrant son poing sur l'MP3 dans sa poche et chercha autour d'elle dans la foule deux yeux bleu bien reconnaissables mais ne les trouva pas.

Son cœur manqua un battement.

Elle se fraya un chemin à travers les Gratsans agglutinés les uns aux autres et se rendit à la forge.

Philesta poussa la porte en essayant de contenir les battements effrénés de son cœur. Il n'était pas là.

La jeune femme accéléra le pas et se rendit dans le cimetière de la ville. Elle s'arrêta soudain devant les tombes qu'elle cherchait. La famille d'Elyrian était bien enterrée là mais lui n'était nulle part, il était introuvable.

Philesta rejoignit la foule et profita d'un instant où une autre personne que le chef parlait pour lui demander discrètement :

— Excusez-moi, auriez-vous vu Elyrian ?

Guntar haussa un sourcil à sa vue et s'exclama:

— Ah te voilà ! Où étais-tu passée ? Tu veux rejoindre la résistance ?

La jeune femme regarda autour d'elle et fronça les sourcils soudain en répondant :

— Oui mais... pourquoi vos Gratsans ont diminués de moitié ?

Guntar répondit en soupirant :

— Beaucoup ont fait leur bagages pour rejoindre le « monde moderne » au risque d'avoir une puce dans le cou mais bon c'est compréhensible ils voulaient retrouver leurs familles.

Philesta se racla la gorge et demanda:

— Et Elyrian ? Il est partit aussi ?

Guntar répondit aussitôt :

— Oui il est partit en trombe en emportant des affaires, j'imagine qu'il ne reviendra pas comme les autres.

La jeune femme tituba à l'entente de la réponse du chef. Pourquoi serait-il partit ? Il n'avait plus aucune famille... par sa faute...

Elle remercia d'un signe de tête Guntar et se faufila hors de la foule.

Elyrian était partit. Il était partit... sans elle.

Elle s'adossa au mur d'une maison et rit nerveusement. Elle aurait dû s'en douter. Même si elle n'avait pas voulu toute cette situation elle était tout de même à l'origine de tout cela et donc de la mort de sa famille.

Si elle n'avait pas existé, tout cela ne se serait pas produit et Elyrian vivrait tranquillement à Marienva avec ses parents et ses sœurs.

Il devait sans doute la tenir pour responsable de leur mort.

Il était donc partit parce qu'il n'avait en réalité aucune raison de rester. Elle-même n'en consistait pas une et résister contre l'Illusion n'avait plus vraiment de sens pour lui puisqu'il n'avait désormais plus sa raison de se battre qui était sa famille.

Elyrian était donc partit pour... toujours ?

Cela lui faisait mal, terriblement mal. Même si elle était réellement à l'origine de toute cette souffrance bien qu'elle n'ait jamais voulu l'être, elle se sentait trahie.

Ne... l'aimait-il pas ?

Elle se rappelait encore de son regard lorsqu'il l'avait embrassé avant qu'elle parte pour le « monde moderne ». Il n'avait pas l'air de mentir ou de la manipuler il avait juste l'air... sincère.

Philesta sentit le fraicheur du métal de l'MP3 sur ses doigts et frissonna malgré elle.

Elle ne pouvait s'empêcher de repenser aux mots remplis de tristesses et de remords de la Philesta du futur quand elle avait dit qu'Elyrian avait été tué dans son temps.

La jeune femme se redressa. Elle ne permettrait jamais que cela se produise de nouveau.

Mais pour cela il fallait qu'elle le retrouve et qu'elle le convainque de rester sur l'île de Taribati le temps qu'elle arrête l'Illusion conformément au plan de la Philesta du futur afin qu'il soit en sécurité.

Elle ne savait pas ce qu'il pensait d'elle actuellement ou du moins elle ne savait plus d'après les derniers évènements mais le plus important était de mettre ses sentiments de côté pour le retrouver afin de protéger sa vie.

La jeune femme sortit de la ville sans un regard en arrière.

Elyrian était le dernier être qui comptait vraiment pour elle et elle était prête à tout donner pour le protéger.

Après plusieurs heures de marche, Philesta s'arrêta devant le seul endroit qu'elle n'avait pas exploré : la forêt. Elle se trouvait pile au milieu des deux peuples mais ceux-ci avaient toujours pris soin de la contourner pour se faire la guerre car des légendes peu rassurantes circulaient sur cet endroit.

La jeune femme regarda devant elle d'un air déterminé et rabattit sa capuche sur ses cheveux presque blanc tout en s'engageant parmi les arbres qui devenaient plus sombres et plus hauts au fur et à mesure qu'elle avançait.

La nuit commença à tomber mais Philesta ne s'arrêta pas et continua ses recherches.

Elle se rendit compte au bout d'un moment que les émotions de la journée l'avait épuisée et que ses jambes peinaient de plus en plus à la soutenir.

Elle décida finalement de faire une pause au pied d'un grand chêne mais finit par s'assoupir sans s'en rendre compte.

Philesta fut réveillée brusquement par des rugissements sonores.

Elle se leva immédiatement et vit qu'elle était encerclée par trois... gratsans ?

Non, les animaux étaient plus petits et plus long. Ils avaient les yeux luisants et ne ressemblaient à aucun animal qu'elle connaissait.

La jeune femme s'agrippa à l'arbre derrière elle et l'escalada à une vitesse fulgurante.

Elle entoura de ses bras une branche épaisse en regardant les animaux se rapprocher de plus en plus du tronc en émettant un sifflement sinistre qui lui perçait les tympans.

Elle ne s'était jamais posé la question avant mais... d'où pouvait bien venir les gratsans ?

Visiblement ils n'étaient pas les seuls animaux étranges.

Philesta sentit son sang se glacer lorsqu'elle sentit une haleine brûlante sur sa jambe.

Soudain, avant qu'elle n'est eut le temps de réagir, tous les animaux sautèrent en même temps rejoignant le premier qui avait commencé à escalader le tronc et l'attrapèrent dans leur crocs acérés.

Tout devint flou autour d'elle et elle perdit connaissance.

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