Chapitre 47.

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Les villageois repartirent tous vaquer à leur occupations et le vieil homme ferma les yeux tout en plongeant ses mains dans un bol d'eau posé sur le banc à sa droite que n'avait pas remarqué les deux jeunes gens.

La jeune femme en conclut que l'entretient était clos et dis à Elyrian :

— Allons voir comment ils utilisent leur don.

Le jeune homme regarda autour de lui et répondit :

— Combien de temps comptes tu rester ici ?

Philesta répondit en se dirigeant vers un groupe d'enfants assis sur des bancs et qui suivaient les gestes précis d'une femme devant eux les mains dans des petites bassines d'eau :

— Le temps qu'il faudra...

La jeune femme se plaça derrière le groupe d'enfant de façon à voir de face la femme qui semblait être une professeur et écarquilla les yeux stupéfaite lorsqu'elle vit celle-ci faire léviter une petite bulle d'eau au-dessus de sa bassine aussitôt suivie de tous les enfants.

Elyrian murmura impressionné :

— Incroyable...

Philesta serra ses mains entre elles. Elle voulait essayer. Elle mourrait d'envie de sentir la sensation de l'eau qui s'élève dans l'air sans la toucher, de la contrôler à la perfection pour qu'elle prenne une forme sphérique.

Elle s'approcha comme hypnotisée. Elle voulait connaitre tout le potentiel de son don avant de ne plus jamais l'utiliser.

La professeur leva la main en fermant les yeux et l'eau prit la forme d'une longue aiguille, elle plaça alors son autre bras à hauteur d'épaule et l'aiguille entra entièrement dans sa peau, naturellement, sans faire aucune marque avec fluidité.

Elle ouvrit alors les yeux et ferma le poing de sa main levée et toute l'eau sortit de son bras pour retomber dans la bassine en lévitant.

Les enfants essayèrent mais peu réussirent.

La jeune femme serra ses poings dans les poches de son sweet et se contenta de regarder de loin.

Soudain un sonnerie se fit entendre et tous les enfants partirent en riant. La professeur lissa sa robe dignement et Philesta remarqua qu'elle ne laissa aucune trace d'eau sur le tissu ce qui signifiait que durant tout l'exercice la femme n'avait perdu aucune goutte d'eau, l'eau remplissait la bassine autant qu'au début. Tout, du début à la fin était maitrisé parfaitement.

La professeur partit laissant les deux jeunes gens seuls face aux dizaine de bassines d'eau.

Elyrian cligna des yeux comme pour se réveiller et dit en s'éloignant :

— Quel spectacle... je peine à croire ce que je viens de voir. Tu viens ?

Philesta qui n'avait pas quitté les bassines des yeux un instant murmura :

— Attends...

Elle leva les yeux et regarda autour d'elle. Tout était calme, il n'y avait qu'eux.

Elle inspira et s'approcha fébrilement d'une bassine. Il n'y avait personne, elle pouvait essayer tout ce qu'elle voulait.

Le jeune homme l'attrapa par le bras et lui demanda :

— Qu'est-ce que tu fait ?

La jeune femme détacha la main d'Elyrian de son bras et plongea ses mains dans l'eau en disant un sourire se dessinant sur son visage :

— Je retrouve mes racines.

Elle ferma les yeux et un sentiment d'apaisement intense la saisit. L'eau coulait dans son corps réveillant chaque muscle engourdis. Elle sentait le crépitement familier du liquide sous ses doigts.

C'était peut-être la dernière fois...

Elle serra les dents et fit le vide complet dans ses pensées. Elle se laissa envahir entièrement par le mouvement régulier de l'eau et fit abstraction du bruit qui l'entourait et de la voix d'Elyrian qui l'appelait.

Un vague de chaleur la submergea et elle entendit de plus en plus fort une respiration irrégulière presque tremblante venant de l'eau. Elle bougea ses doigts au rythme de cette respiration doucement. Une odeur presque sucrée et légère comme en mouvement envahit ses narines.

Philesta serra ses poings brusquement et augmenta le rythme de la respiration de l'eau. Le liquide s'agita de plus en plus fort. La jeune femme eut alors une sensation de poids sur ses doigt. Elle serra plus fort ses poings et leva soudain les bras. La jeune femme sentit l'eau qui coulait sur ses doigts sortir de sa peau.

Les battements de son cœur s'accélèrent augmentant le rythme de l'eau. La respiration de l'eau se faisait tellement forte que ses oreilles bourdonnèrent.

Son corps lui faisait mal et ses jambes tremblaient.

Elle sentit une larme rouler sur sa joue. Elle ne voulait pas arrêter, elle voulait tout donner, une dernière fois...

Elle planta ses pieds dans le sol et poussa de toute ses forces le poids qu'elle sentait sur ses bras engourdis.

Philesta sentit une bourrasque de vent faire voler ses cheveux court et ouvrit les yeux étonnée.

Elle poussa un cri de stupeur. Au-dessus de sa tête une énorme bulle d'eau constituée de l'eau de toutes les bassines tournoyait à plusieurs mètres dans les airs à une vitesse fulgurante.

La jeune femme regarda Elyrian qui lui faisait des signes pâle comme un linge, puis elle regarda ses bras. C'était elle qui avait créé cela, la bulle tenait en l'air à la seule force de ses bras.

Soudain tout son corps se mit à trembler et la bulle tomba au sol dans un fracas assourdissant éclaboussant tout sur son passage.

Ses jambes se plièrent toutes seules et elle tomba au sol en riant.

Elle avait réussi ...

Des villageois alertés par la bourrasque de vent commencèrent à s'approcher des deux jeunes gens en parlant entre eux.

Elyrian attrapa Philesta par le bras et l'aida à se relever en disant :

— Viens éloignons nous d'ici sinon nous risquons de nous attirer des problèmes.

La jeune femme encore sous le coup de l'émotion se leva machinalement et suivi en tremblant le jeune homme qui l'emmena dans un coin à l'écart.

Il passa sa main nerveusement dans ses cheveux et dit finalement :

— Eh bien... je n'ai pas les mots. Qu'est-ce que je viens de voir?

Philesta qui avait repris ses esprits frotta ses vêtements complètement trempés et répondit :

— J'y ai mis toute mon énergie et ma puissance. C'était la première fois et la dernière... une fois sortie d'ici je n'utiliserai plus jamais mon don. Je ne suis pas sûr de toute façon d'être capable de recommencer ce que je viens faire aujourd'hui, j'y ai mis tellement d'énergie que je ne pourrais sans doute pas résister si je réessayais.

Et pour confirmer ses propos, ses jambes se dérobèrent une seconde fois et elle n'arriva pas à se relever cette fois-ci même avec l'aide d'Elyrian.

Le jeune homme alla voir en courant le vieillard qui les avait autorisé à rester et lui demanda :

— Pourriez-vous nous indiquer un endroit où rester pour se reposer ?

Le vieil homme répondit simplement :

— Allez dans la maison des parents de ton amie. Elle s'ouvre avec son insigne.

Elyrian revint rapidement sur ses pas et transporta la jeune femme jusqu'à la maison des parents de Philesta que lui indiqua une villageoise.

Il ouvrit la vieille maison avec l'insigne de la jeune femme et déposa Philesta sur un lit.

La jeune femme remercia le jeune homme et s'endormit aussitôt épuisée.

Elyrian s'essuya le front et soupira en disant :

— Tu me surprendra toujours...

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