Chapitre 46.

14 3 2
                                    

La jeune femme se racla la gorge et demanda finalement :

— Vous servez-vous de votre don ?

Le vieillard désigna les centaines de villageois autour d'eux et répondit :

— Nous nous entrainons tous pour mettre au point une façon efficace d'utiliser notre don afin de détruire les puces incrustées dans le cou des gens et de les immuniser contre le fameux cercle blanc de l'Illusion qui prélève l'ADN.

Elyrian prit alors la parole :

— Pour le cercle blanc de l'Illusion ce n'est pas déjà le cas ? N'avons-nous pas développé une immunité naturelle qui fait que lorsqu'on ne consent pas à donner notre ADN et qu'on nous place de force sur le cercle blanc nous secrétons un fluide acide qui empêche l'extraction de notre ADN ?

Le vieil homme sourit légèrement et répondit :

— C'est une rumeur, propagée par nos soins et pour que l'Illusion y croit nous avons envoyé vers elle deux personnes non-guérisseurs qui sans le savoir ont été les deux premiers essais pour une utilisation très complexe de notre don qui fait barrière à l'extraction de l'ADN sous forme de fluide acide. Nous n'avons malheureusement pas encore réussi à reproduire cette formule en quantité suffisante mais nous y travaillons.

Philesta regarda ses mains ébahis. Pouvait-elle réellement utiliser l'eau pour autre chose que guérir ?

Pouvait-elle... tuer ? La jeune femme rangea brusquement ses mains dans ses poches. Non, elle ne l'utiliserait jamais de cette façon.

Le vieillard lissa sa longue barbe et dit finalement en s'asseyant de nouveau sur son banc :

— Nous n'acceptons pas d'intrus ici d'habitude jeune homme mais comme tu accompagnes une guérisseuse et que tu avais l'air déjà de connaitre de nombreuses choses avant de venir ici, je vais faire une exception mais ne reste pas trop longtemps car ta place n'est pas dans la cité des guérisseurs.

Elyrian sourit légèrement et répondit aussitôt :

— Oui bien sûr, merci de votre hospitalité.

Philesta sortit ses mains de ses poches et les tendis au vieil homme en disant :

— Apprenez moi s'il vous plait à utiliser mon don, j'aimerai aussi pouvoir aider les gens autrement qu'en les guérissant.

Le vieillard leva son regard fatigué vers la jeune femme et répondit après un instant :

— Tu ressembles vraiment à ta mère. Son plus grand désir était d'aider les autres mais c'est ce qui l'a perdu elle et ton père, elle a finit par guérir un humain non-guérisseur et a donc de ce fait révélé son don, c'est ce qui a causé le départ de tes parents de la cité des guérisseurs.

La jeune femme haussa un sourcil et rétorqua :

— C'est interdit de guérir quelqu'un qui n'est pas guérisseur ? Ce n'est pas le principe de notre don ? Et puis vous êtes en train de mettre en place une utilisation de notre don qui se fera sur tous les humains non-guérisseurs pour détruire leur puce et les protéger contre le cercle blanc...

Le vieil homme la coupa :

— Certes, cependant les gens ne saurons pas que la destruction de leur puce est dû à notre dur travail, ils penseront que c'est leur organisme qui a finalement réussi à rejeter ce corps étranger et concernant le cercle blanc, si je ne vous l'avez pas expliqué vous ne vous seriez jamais douté que nous étions derrière tout cela car nous savons manipuler les rumeurs à la perfection. Nous nous entrainons depuis notre plus jeune âge pour savoir exactement quoi faire lorsque nous utilisons notre don sur un humain non-guérisseur en cas d'extrême urgence et comment utiliser à notre avantage les bruits qui courts sur nous afin de garder notre existence secrète. Ta mère cependant qui était enflammée par l'idée d'aider tout le monde ne prenait jamais de précaution et ce qui devait arriver arriva, elle a été découverte. C'est pourquoi, en règle général, nous évitons d'aider les humains non-guérisseurs mais, nous vivons actuellement une époque où nous n'avons plus le choix si nous voulons survivre, et quand je dis « nous », je parle de tous les humains. Ma petite, je comprends ton enthousiasme mais j'ai peur que tu nous mette en danger comme ta mère d'autant plus que tu ne connais pas du tout la procédure à suivre lorsqu'on utilise notre don sur un humain non-guérisseur. Tu peux essayer de voir comment font les autres si tu veux mais je te déconseille d'utiliser ton don car, en principe lorsqu'on est bannis de la cité des guérisseurs et c'est ton cas puisque tes parents le sont, on n'utilise plus notre don pour protéger tous les autres guérisseurs. Ainsi lorsque tu partiras d'ici, ne l'utilise plus jamais.

Philesta déglutit. Il avait raison. De toute façon son don ne lui avait apporté que du malheur, l'oublier et ne plus l'utiliser allait de soi, mais... elle avait l'étrange impression de renier une partie d'elle-même et de couper pour toujours le cordon qui la reliait à cet endroit qui lui manquait depuis longtemps sans vraiment le savoir.

La jeune femme fit retomber ses bras le long de son corps et répondit :

— D'accord, laissez-moi juste rester ici quelques temps pour retrouver mes racines, après je partirai et je n'utiliserai plus mon don.

Le vieillard lui tendit son insigne et dit en souriant sincèrement :

— Soit, je vois que tu as également hérité du caractère réfléchi de ton père. Tu peux rester ici quelques temps et sache que lorsque tu partiras tu seras toujours une guérisseuse, un élément important de la cité des guérisseurs et si un jour tu venais à te trouver en danger, nous serons là pour toi.

Philesta prit délicatement l'insigne dans ses doigts et l'accrocha de nouveau sur son sweet en disant simplement :

— Merci.

IllusionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant