Prologue

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Le ciel, chargé de nuages menaçants, gronde d'un orage furieux. Face à lui, le commissariat se dresse, imperturbable, monolithe de béton qui brave les caprices de ce début de journée agité. La pluie est une symphonie sauvage et tambourine les vitres, insufflant dans l'air une mélancolie qui écrase. Elle peint le monde d'un voile monotone, une fresque de grisailles qui s'étend à perte de vue, assombrissant l'humeur de Piera et de ses collègues.

Leur esprit, habituellement vif, est aujourd'hui teintés d'une ombre par ce tableau morose, un mauvais augure qui plane sur leur journée. Piera, les yeux fixés sur le déluge au-delà de la fenêtre, laisse échapper un soupir. 

Au milieu de ce décor morose, l'inspecteur principal, Diego Petit, se détache nettement. Assis à un des bureaux de la salle de débriefing, il impose par sa stature, culminant à presque deux mètres, son corps massif et musclé, tranchant avec son nom de famille. Immobile, il est perdu dans une contemplation silencieuse, les mains derrière la tête, les yeux fixés au plafond.

Pour certains, il incarne une autorité naturelle qui impose ; pour d'autres, il est la source d'une crainte viscérale qui s'empare d'eux bien avant qu'il n'articule le moindre mot. Sa réputation crée des ondes de choc à travers les couloirs de la police. En interne, on le surnomme « celui qui fait chier ». Un titre qui, bien que peu flatteur, capture l'essence de son efficacité redoutable.

Lorsqu'il entre dans une pièce, une nappe de froid précède ses pas. Les suspects, confrontés à lui, se décomposent. Toute leur assurance se dissout sous le poids de son regard acéré. Leurs yeux, écarquillés, cherchent en vain une manière de se défiler, tandis que leurs mains, moites et tremblantes, trahissent leur angoisse montante. À tel point qu'ils se chient littéralement dessus. 

L'arrivée du commissaire divisionnaire Etienne Simonet ne provoque chez Diego aucune secousse. Inébranlable, il reste bien ancré dans sa position, indifférent. En contraste, Piera et Julien, montés comme sur des ressorts, se redressent, visiblement surpris.

Étienne Simonet est la vieille garde incarnée. Son uniforme, rigide, et son visage, sévère, en sont les témoins muets. Il tend une enveloppe à Diego, son regard balayant Piera et Julien sans s'y attarder. Pour lui, l'idée même de confier des affaires complexes à une femme et à une jeune recrue, est aussi étrange qu'inappropriée.

Piera, du haut de sa stature plus modeste, se dresse avec son magnétisme. Son charisme n'est pas seulement une question de prestance ; c'est une aura de compétence et de perspicacité stratégique qui la distingue dans un monde dominé par les hommes de l'investigation criminelle. Sa finesse d'analyse, aiguisée par tous ces mois d'expérience, lui confère une place de choix parmi les esprits les plus brillants de la stratégie.

Diego, le leader aguerri à la réputation de fer, n'a pas hésité à l'accueillir dans son unité d'élite. En tant que seule femme de l'équipe, Piera n'est pas simplement une recrue ; elle est un pilier, une force motrice qui, par son discernement, rivalise et souvent surpasse ses collègues masculins. Dans le ballet des esprits tactiques, elle danse avec une grâce qui déjoue les attentes et défie les stéréotypes. 

Elle observe l'enveloppe en papier kraft que Diego prend en main avec une vigueur renouvelée. Ses beaux yeux bruns en forme d'amande, sont des rayons X, éliminant l'inutile pour ne garder que le fondamental. Elle en est certaine, cette enveloppe est l'annonce d'une nouvelle affaire à élucider.

Simonet se fond dans un silence de pierre, laissant à Diego le poids de l'annonce. Avec une méthodologie précise, il révèle les clichés apportés par le commissaire, les fixant sur le panneau de verre. L'équipe, unie et attentive, se presse autour de lui, les yeux rivés sur les visages figés sur le papier photo.

L'envol de la triskèleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant