Chapitre 71 : Le supplier... Jamais

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PIERA

BELGIQUE, NAMUR

JUILLET

Dans la pénombre naissante de cette soirée, ma silhouette émerge, se détachant nettement contre le fond des premières lueurs timides qui scintillent dans le paysage urbain. Perchée sur le sommet de la Citadelle, ce joyau historique, je suis spectatrice privilégiée de la transition fluide entre le jour et la nuit. Ce lieu, autrefois château-fort des comtes de Namur, s'est métamorphosé au fil des siècles en une imposante forteresse, dominant majestueusement au confluent de la Sambre et de la Meuse. Aujourd'hui, elle est saluée comme l'une des citadelles les plus étendues d'Europe, un site incontournable pour tout visiteur de la région.

Ce soir revêt un caractère particulier ; il s'agit de ma dernière veillée avant que je ne m'immerge dans une nouvelle réalité. Demain, je serai séparée de tout ce qui m'est cher, de la routine rassurante de mon existence.

Je quitte tout ce qui me lie à lui...

La quiétude du crépuscule est interrompue par le bourdonnement lointain des derniers bus, rappel constant que la vie bat son plein dans les artères de Namur, indifférente à l'orage de pensées qui m'habite. Le réseau TEC, essentiel à la dynamique de la ville, pulse au rythme de la cité, insufflant vie et énergie dans chaque quartier.

Je m'abandonne à la générosité de la nature, capturant goulûment les dernières lueurs du jour qui s'efface doucement.

Alors que je repense à notre dernière rencontre, où il m'avait fermement signalé que notre relation serait désormais strictement professionnelle, j'entends le grondement caractéristique de son moteur. Sa voiture monte la colline, les phares perçant l'obscurité pour se garer près de la mienne. Je reste immobile, fixant l'horizon, mes cheveux longs virevoltant au gré du vent. Lorsqu'il claque sa portière, le silence reprend le dessus, mais son ombre se projette à côté de la mienne, signe qu'il s'est approché.

Je décide de briser la glace, tentant d'alléger l'atmosphère pesante :

Je te manquais tant que ça ? je plaisante, espérant détendre un peu l'ambiance.

J'ai des nouvelles informations à partager, corrige-t-il sèchement, sans prêter attention à ma tentative d'humour.

Sa voix est froide, presque distante.

Ah, d'accord... Je voulais juste...

Je n'ai pas beaucoup de temps, je dois retourner au bureau, interrompt-il, coupant court à mes mots et refusant tout apaisement.

Sa réplique est un coup dur, minimisant ce que j'avais encore espéré éveiller chez lui.

Pas de problème. Quelles sont les infos ? je demande, luttant pour maintenir une voix stable malgré mes émotions contenues.

Une cinquième fille a disparu dans la région de Liège, révèle-t-il sans détour.

Le sol s'efface sous moi, emportant les derniers filaments d'hésitation. La mission d'infiltration reprend le dessus. Pas de marche arrière possible.

Cela s'est produit quand ? je m'inquiète, la curiosité piquée au vif.

Hier matin. Même topo que les autres : volatilisées sans laisser de traces, répond-il, presque mécanique.

L'envol de la triskèleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant