GIORGIA
BELGIQUE, NAMUR
NOVEMBRE
Profitant de l'inattention de la prof, je glisse un œil à Nathan. Ses cheveux en bataille et son t-shirt, qu'il porte presque en boucle chaque jour, font penser qu'il n'a rien d'autre à endosser sur le dos. Ce vêtement est un vrai chiffon. À son image. Un débraillé qui se croit cool. Il m'adresse un sourire carnassier, ne me lâchant pas du regard. Il savoure le tumulte qu'il vient de créer avec les autres.
Il m'adresse un geste obscène, mimant une pipe avec son poing contre sa joue. Puis, il pointe du doigt vers moi avant de se le retourner contre lui. Clair comme de l'eau de roche, il insinue ce qu'il voudrait de moi.
Une provoc puérile de gros débile.
Je fais mine de rien. Ce rôle, je le joue à la perfection. Je prétends m'en moquer, mais mes mains deviennent moites, révélant mon angoisse. Si seulement ils pouvaient se lasser et me laisser tranquille. Ce serait me rendre service.
Théo est assis à côté de Nathan. Il mâchouille son stylo, retenant ses rires stupides de sale gamin. Ses ricanements étouffés semblent vouloir provoquer la prof. Il se la joue grand seigneur avec ses fringues hors de prix. Il enchaîne les poses et les gestes étudiés pour captiver son auditoire. Un paon qui fait la roue, le boss auto-proclamé de cette cour des miracles.
Mais, à la maison, tout change. Face à son père et à Arthur, qui ne lui font pas de cadeaux, il l'écrase comme un chiot. Il ne pipe mot. Sa superbe s'envole dès qu'il franchit le seuil.
Je tente de faire l'aveugle, mais c'est une épreuve. Leur regard lourd pèse sur moi. Je sais qu'ils attendent le moment propice pour me tendre un nouveau piège. Pourquoi me détestent-ils autant ? Qu'ai-je raté ? Je n'ai jamais cherché à les provoquer.
Je suis une exception, hors de leur monde d'apparat et ça, ils ne le digèrent pas.
Je cherche à me concentrer sur Mme Tivoli. Peine perdue !
Mes yeux clignotent et veulent rendre l'âme. Le plancher semble onduler sous mes pieds, et je cède. Je plonge dans un sommeil abyssal.
Je m'envole, loin, très loin de ma triste réalité. Je dérive vers un rêve.
Une jeune fille aux longs cheveux, couleur aile de corbeau, m'attire vers elle. Ses yeux, immenses et étincelants, deux onyx magnifiques, m'hypnotisent. Sa peau hâlée contraste avec sa robe dorée, évoquant un conte de Mille et une nuits.
Le décor est surprenant, néanmoins, il y a un twist improbable dans la scène : elle danse autour d'une barre de pole dance, un contraste saisissant avec le palais ancien qui se découpe en arrière-plan. La musique résonne, pulsant dans mes oreilles tandis qu'elle se déhanche avec sensualité, en symbiose avec le rythme captivant. Un mélange audacieux de styles et d'époques, un spectacle époustouflant.
Elle me sourit et m'invite à la rejoindre.
─ Gia, viens danser. Viens... ça va les dérouter.
Sa voix est suave, enjôleuse et sensuelle, séduisante.
Elle tournoie et virevolte autour de la barre. Cette vision s'embrouille quand son costume d'apparat cède la place à des sous-vêtements vulgaires en latex. Ils montrent son corps presque nu. Elle danse de manière explicite, se tortillant, se caressant les seins et le sexe.
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L'envol de la triskèle
Gizem / GerilimJe rêve de m'envoler, de devenir aussi légère qu'une petite aigrette duveteuse de pissenlit... Mais, dans la réalité, je ne vis que dans le trou noir de mon existence..." C'est le cri silencieux que lance Giorgia, une jeune fille écrasée par l'intim...