Chapitre 13 : Pourquoi ça poserait problème ?

21 3 1
                                    

PIPPO

SICILE, ADRANO

OCTOBRE

Je l'avoue, plonger tête la première dans l'amour n'a jamais été mon truc. Jusqu'ici, ma vie sentimentale s'est dessinée en deux grandes ─ ou moins grandes selon l'avis de chacun ─ sagas. La première, avec la mère de mes fils, une femme qui m'a appris beaucoup sur moi-même et sur la vie amoureuse que finalement, je ne désirais pas emprunter. La seconde, avec la mère de ma fille, une relation intense, qui était le feu de ma jeunesse, mais qui n'a pas duré plus longtemps que la première, à peine quelques années. Pour ces deux histoires, j'étais fidèle à 100%, respectueux, bien qu'un brin jaloux, je l'avoue.

Pourtant, malgré cela, ces deux relations n'ont pas fonctionné.

Cette jalousie est une ombre qui me suit encore et me colle à la peau par moments, un défaut que je tente de régir, comme mon franc-parler.

Souvent, je m'y attelle... Non parfois. Enfin, non pas du tout, du moins pas le franc-parler, cette faille, je la garderai toujours.

Après tout, puis-je vraiment renier ce que je suis ? La réponse est non.

Désormais, lorsque l'envie me prend de m'éclater sexuellement, je cherche des plans sans lendemain, avec des femmes qui, comme moi, aspirent à s'évader dans le frisson de l'inconnu, sans entraves.

D'entrée de jeu, je fixe les règles : rien de sérieux et de durable, seulement le côté facile, une nuit ou peut-être plus si une alchimie rare se tisse entre nous. Cela devient un accord tacite, une entente mature entre partenaires avisés.

C'est simple, ça évite les malentendus. Je ne m'attache pas, c'est mon credo. Depuis ma rupture avec Sandrine, la mère de ma fille, cette distance est devenue ma forteresse. Je n'ai pas envie d'attaches.

Mais, aujourd'hui, je viens d'être souffleté avec violence !!!!

Mes repères s'effritent, comme si un revirement majeur se profilait en moi. Ce n'est pas que je serais prêt à me mettre à genoux, mais l'impact est brutal dès que mes yeux captent cette vision de rêve. Dire que l'émotion me submerge est peu dire. Le reste du monde se brouille et devient secondaire. Les sons environnants baissent de volume, les personnes aux alentours s'effacent comme par enchantement. Même les voix de mes fils résonnent au loin. Elle semble venir d'ailleurs. Cette fascination me paralyse et me soulève à la fois, me plongeant dans une euphorie légère et profonde, où seul son visage compte, suspendu dans un espace spatio-temporel qui n'appartient qu'à moi.

Elle se déplace avec une aisance et une élégance innées qui défient la gravité, faisant ployer le temps autour d'elle. Ses contours, d'une finesse remarquable, ravivent en moi des sensations que je pensais endormies à jamais.

Depuis quand une femme n'a-t-elle pas exercé une telle emprise sur moi ?

Je ne m'en souviens même plus... La mémoire me fait défaut.

Elle possède ce je-ne-sais-quoi, cette petite aura indescriptible qui change tout. D'office, mon esprit s'égare et je nous imagine ensemble, fantasmant d'une manière... sensuelle sur elle. Ses cheveux, d'un brun chocolat profond, contribuent au mystère qui l'entoure. Je suis ensorcelé par cette vision, presque sous emprise, rêvant à la sensation de ses bras autour de moi, de sa bouche sur la mienne, de mon corps sur le sien. Je me perds dans cette illusion où je glisse et ondule entre ses jambes, lui donnant un plaisir partagé.

Cazzo, je dois reconquérir le contrôle de mes pensées un peu légères.

Mon esprit vagabonde dans un dédale de désir. Je ne me destine certes pas à la sainteté, mais je ne suis pas non plus un coureur de jupon invétéré. Bien que je sois parfois chaud.

L'envol de la triskèleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant