GIORGIA
BELGIQUE, NAMUR
MAI
La nuit est calme et je suis plongée dans un sommeil profond et réparateur, ce qui reste de mes boucles blondes s'étalant sur l'oreiller blanc. La lune filtre à travers les volets et éclaire mon visage d'une douce lumière, me donnant une impression de tranquillité presque enfantine. Mes paupières frémissent légèrement, la seule preuve que, même endormie, mon esprit est encore actif, naviguant vers des contrées étranges.
Le silence nocturne est à peine perturbé par un grincement suivi d'un claquement rythmique qui bat la mesure d'une étrange chanson. Cette répétition sonore, loin de me bercer, commence à titiller mon malaise.
Une bouffée d'air froid s'infiltre dans la chambre, glissant au-dessus de moi avec une présence quasiment physique, soulevant une mèche de cheveux sur mon front, tickling my nose (1). Dans un demi-sommeil, je me frotte le visage, dans un geste un peu pataud, chassant cette sensation chatouilleuse pour retrouver le confort de mes couvertures.
La température de la pièce chute brusquement, le mercure atteignant le point de congélation. Je me recroqueville sur moi-même, me blottissant instinctivement sous les couvertures à la recherche de chaleur.
À demi-consciente, je ne devrais pas être capable de discerner quoi que ce soit dans ma chambre. Pourtant, j'aperçois cette silhouette sombre et mystérieuse qui se tient accroupie au pied du lit et qui me fixe avec une attention soutenue, sournoise. Elle se redresse lentement, amorçant sa marche autour de mon lit avec une agilité silencieuse. À chacun de ses mouvements, le son de ses griffes résonne sur le parquet, se rapprochant de moi, annulant progressivement la distance qui nous sépare.
Lorsqu'elle arrive à ma hauteur, elle se dresse, grande et flippante. Un bras long et maigre se tend vers moi, un frisson me parcourant quand son doigt effleure ma joue. Un gémissement s'échappe de mes lèvres, mon visage se crispant de peur.
La couverture qui semble avoir sa propre vie, glisse hors du lit, une main fantôme la tirant et laissant mon corps à découvert, dans la fraîcheur nocturne de cette nuit de mai qui devrait être plus clémente.
Je lutte pour émerger des griffes de ce sommeil, de bouger, mais rien à faire, je suis incapable de réagir. Des frissons me traversent, le froid me piquant la peau. C'est étrange pour une nuit de printemps. Sans ma couette, je me sens vide, privé de chaleur.
Le matelas s'incline d'un côté, comme si une présence invisible s'était posé en douce, alourdissant le lit. C'est subtil, mais assez perceptible pour que je le sente, même à moitié endormi.
Une odeur terreuse, lourde et piquante, avec des notes de moisi qui s'infiltrent, corrompt l'air que je respire. J'ai l'impression d'étouffer dans cette lourdeur, ça pique ma gorge.
─ Ça va bientôt commencer... Ici... entre ces murs... Ils viendront en rajouter d'autres, chuchote une voix près de mon oreille, un murmure chargé d'un avertissement sinistre.
Un souffle glacial me frôle la nuque à intervalles réguliers, renforçant l'inconfort et la sensation de froid qui s'empare de moi.
─ Tu dois l'empêcher... Tu piges Gia ? presse la voix, implorante.
Une sensation froide et effilée se balade sur mon bras, traçant derrière lui une traînée de picotements qui s'intensifient. Ça ressemble à une griffe acérée qui dessine une ligne brûlante sur ma peau. Je voudrais m'éloigner de cette sensation répugnante, mais le sommeil me retient, m'enchaîne à cette réalité floue.
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L'envol de la triskèle
Mistério / SuspenseJe rêve de m'envoler, de devenir aussi légère qu'une petite aigrette duveteuse de pissenlit... Mais, dans la réalité, je ne vis que dans le trou noir de mon existence..." C'est le cri silencieux que lance Giorgia, une jeune fille écrasée par l'intim...