GIORGIA
BELGIQUE, NAMUR
JUILLET
Je me précipite vers l'autel, me glissant discrètement dans le creux de mon abri. À peine ai-je trouvé refuge dans cet espace confiné que la porte de la chapelle s'ouvre, émettant un grincement qui retentit sous les voûtes anciennes.
À travers les fentes étroites de l'autel, j'aperçois François et Arthur, leurs lampes torches en main, examinant chaque recoin de la chapelle avec une minutie scrupuleuse. Je retiens mon souffle, mon corps collé au bois, espérant ne pas être détecté.
─ Tu crois vraiment qu'ils ne vont pas revenir ? s'exclame Arthur, brisant le silence.
─ Rien n'est moins sûr, murmure en retour François. Ils semblaient sur leurs gardes en entrant. Je leur ai assuré qu'on était seuls, mais il faut qu'on se dépêche, avant qu'elle décide de les rappeler et ne nous cause encore des soucis.
Ils avancent vers l'autel, la fine planche qui me sépare d'eux ne faisant plus que barrière entre nous. Un léger froissement joue près de moi, et je me serre encore plus contre le bois rugueux. La lumière de leur torche frôle par moments ma cachette.
─ Tu t'attendais à quoi, à ce qu'elle se laisse faire ? s'irrite Arthur à mi-voix. Cette petite salope m'a balancé dans les escaliers, j'aurais pu y passer !
─ J'appellerai Henry demain matin pour voir s'il peut te voir en urgence et suturer ta plaie, répond François, toujours aussi pragmatique et calme. Même si c'est dimanche, il devrait pouvoir arranger ça.
Un soupir trop bruyant et je pourrais bien ne plus jamais voir la lumière du jour. Ma tension musculaire augmente alors que je me tasse dans le recoin sombre, me rendant aussi petite et silencieuse que possible.
─ On s'occupera de ça plus tard. Pour l'instant, il est crucial qu'on la retrouve avant que Sandrine ne revienne de sa garde de nuit, sinon, c'est fichu, se presse Arthur.
─ Regarde, d'après les plans, ici, tu as sa chambre, et là-bas, le grenier qu'elle a traversé. Là, précisément, se trouve l'escalier en colimaçon, explique François tout en tapotant le dessus de l'autel.
Les mots qu'ils échangent amplifient ma terreur et solidifient ma persévérance à m'échapper. Le moindre faux pas pourrait être fatal.
─ Elle doit être passée par ici, ça conduit tout droit à la chapelle. Il y a sûrement une porte. On va vérifier. Si elle est là, elle ne s'échappera plus longtemps.
Dès qu'ils quittent l'autel, je profite de ce court répit pour souffler et les observer avancer à travers la chapelle. C'est l'instant crucial, probablement ma seule chance de m'évader de ce piège.
Dès qu'ils disparaissent derrière la petite porte qui m'a amenée ici, je m'éclipse de ma planque. Debout, je lance des regards furtifs pour m'assurer que le passage est libre. Ma respiration est maîtrisée et mes mouvements sont silencieux alors que je me dirige vers la sortie.
J'arrive à la porte entrouverte et le cœur battant à tout rompre, je m'élance à l'extérieur, espérant fuir l'atmosphère suffocante du manoir. Mais juste au moment où je franchis le seuil, je me stoppe brusquement : devant moi, Lucifer, le pitbull, garde l'entrée.
Ses yeux noirs me fixent, un grondement sourd s'élevant de sa gorge. Mes jambes tremblent sous l'effet de la peur, je suis terrifiée à l'idée que François et Arthur puissent revenir sur leur pas, mais aussi par la présence imposante du chien.
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L'envol de la triskèle
Mistero / ThrillerJe rêve de m'envoler, de devenir aussi légère qu'une petite aigrette duveteuse de pissenlit... Mais, dans la réalité, je ne vis que dans le trou noir de mon existence..." C'est le cri silencieux que lance Giorgia, une jeune fille écrasée par l'intim...