Chapitre 41 : Un jeu d'enfant pour elle

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DIEGO

BELGIQUE, BRUXELLES

FEVRIER

Le murmure lointain des pas des deux commissaires se perd graduellement, se fondant dans les entrailles du corridor. Dès que leur présence se dissipe comme brume au soleil levant, Piera, libérée de l'oppression de leur présence, se jette sur la bouteille d'eau. Ses doigts frémissants libèrent le bouchon avec une urgence contenue. L'eau déferle sur ses lèvres, la fraîcheur noyant la sécheresse de sa gorge aride, ce qui doit lui faire comprendre que sa traversée du désert est à présent terminée.

En face d'elle, je demeure muré dans mon mutisme, statue pensante perdue dans un labyrinthe de réflexions. Mes doigts jouent distraitement avec les contours de la farde cartonnée, la manipulant sans vraiment la voir. Je finis par la repousser d'un geste las, marqué d'un reniflement méprisant. Ce geste repousse physiquement, non seulement le dossier, mais également la folie de la situation.

Je ne peux pas appuyer ce plan, c'est contre tous mes principes. J'ai combattu avec acharnement pour qu'on ne t'approche pas de ce guêpier.

Un guêpier ?

Oui, un vrai de vrai. Crois-moi, s'immiscer là-dedans, c'est courir tête baissée dans le pire des traquenards.

Et alors, on fait quoi ? Tu vois une autre solution ?

La question de Piera n'est pas juste une demande d'orientation. C'est une affirmation de sa résolution à affronter ce qui vient, sans faux-semblants ni détour.

Je claque la couverture du dossier avec la paume de ma main, produisant un claquement sec et retentissant. D'un coup précis, je l'envoie glisser sur la surface lisse de la table, le propulsant vers elle avec une adresse surprenante, comme s'il prenait son envol pour m'échapper et était animé d'une volonté propre.

Réactive, elle l'attrape au vol, ses doigts se refermant dessus juste à temps, empêchant l'objet de terminer sa course en une chute libre sur le sol.

As-tu seulement conscience de ce que cela implique de t'engager dans une telle aventure ? Je me demande si tu saisis l'ampleur des répercussions que cela pourrait avoir sur toi.

Guidée par un instinct inexpliqué, elle ouvre la farde avec précaution et la scrute, lisant en diagonale, ses yeux balayant rapidement les pages dans l'espoir de dévoiler les mystères qu'elle renferme. Elle cherche, espère, et anticipe une révélation à chaque ligne qu'elle parcourt. Cependant, à sa grande consternation, il n'y a que des informations personnelles, des détails précis sur sa vie d'inspectrice, ses habitudes, ses préférences, mais aucune indication sur les attentes ou les objectifs de cette énigmatique mission. Ces informations délicates restent dissimulées, protégées par le secret, inaccessibles aux regards des curieux qui pourraient les compromettre.

Cela ne te perturbe pas ? je l'interroge. Tu n'es pas consciente que ce soit de la manipulation qui se trame, que tu sers d'appât ?

Piera se fend d'un sourire léger, sa réplique fusant avec esprit :

Un appât, moi ? dit-elle en secouant la tête, ses cheveux virevoltants. Je ne cadre pas avec le profil des victimes. Je n'ai plus 17 ans et j'ai une expérience plus marquée pour les choses qui concernent les hommes, oscille-t-elle entre assurance et provocation. Tu devrais le savoir, toi qui m'as déjà eu dans ton lit à plusieurs reprises.

L'envol de la triskèleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant