Chapitre 21 : Pas de bal pour moi ce soir

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GIORGIA

BELGIQUE, NAMUR

OCTOBRE

Les frissons s'invitent et exécutent leur chorégraphie le long de mon dos, et je reste pétrifiée, en alerte, guettant la suite. Le temps semble se geler, comme si graduellement la glace recouvrait les murs de ma chambre.

Giaaa...

Merde !

Mes yeux balayent l'espace, partout, à la recherche d'un plan de secours.

Giaaaaaa...

C'est quoi ce bordel ? je murmure, les larmes reprenant le dessus, mes mains pressant mes oreilles pour me barricader de cette invocation. Pourquoi tu m'appelles ? Qui es-tu ?

Tu connais déjà la réponse...

Je ne sais rien.

Tu as envie de savoir où je me cache ? Quel est mon secret ?

Non !

Je suis là, de l'autre côté du mur.

C'est n'importe quoi !

Et pourtant... Ouvre et tu verras de tes propres yeux.

Je rejette en bloc cette réalité intrusive, refusant de capituler.

Tu n'es qu'une illusion, un bug dans ma tête.

Laisse-moi te prouver le contraire.

Conneries ! je balance avec force.

Guidée par un élan d'adrénaline sauvage, je fais valser le petit meuble d'appoint qui se trouve devant la trappe avec une ferveur quasi bestiale. Ma fureur me sert de carburant. J'ouvre la trappe qui percute le mur, y imprimant sa signature sur le plâtre.

Je brave l'obscurité, scrutant chaque coin d'ombre, alors que les larmes dessinent des rivières de détresse sur mes joues. Mes poings sont crispés, prêt au combat. Je m'allonge, pour mieux voir, affrontant le silence oppressant qui se déploie. Mon regard plonge dans le néant, en quête d'un indice.

Absurde.

Voilà ! Allez, montre-toi, arrête de te terrer dans ce trou... Viens raclure, je t'attends. Où te planques-tu ?!

Ma provocation se dissout dans l'infini, témoignage cinglant de l'absence face à moi. Une confrontation avec l'abîme. Ce n'est que le fruit de mon imagination. Je me sens stupide, vraiment conne. Un sanglot s'échappe de ma gorge et j'abandonne la tête au sol.

Qu'est-ce qui me prend ?

Armée d'une volonté de fer, j'ouvre les yeux et scrute l'obscurité avec précision. Les ombres se dissipent peu à peu, révélant les contours d'une boîte. d'un bond, je me relève à moitié, prête à l'action. Mon bras s'aventure dans le noir. Je fouille, tenace, mais le vide répond à ma chasse, flirtant avec la résistance physique de mon épaule qui supporte la traction de mon bras, jusqu'à ce que mes doigts s'accrochent enfin la boîte et la rapatrie vers moi.

Juste au moment où je crois m'en sortir et que je me croyais à l'abri, une emprise glaciale, froide comme la mort, se referme sur mon poignet, tentant de me tirer vers le trou. Mon front heurte violemment la bordure avec une brutalité qui déclenche une douleur aiguë, juste au-dessus de cette trappe d'enfer. Dans un effort désespéré, je m'acharne à briser cette étreinte terrifiante.

L'envol de la triskèleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant