Chapitre 80 : Son envol pour la Triskèle

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GIORGIA

BELGIQUE, NAMUR

JUILLET

Liberté, ce concept essentiel, voilà ce qui pulse dans mon esprit à chaque impact de mes pieds qui battent le sol tapissé de feuilles sèches et de racines tordues. Je m'élance, le souffle court à travers la texture irrégulière du sous-bois. L'air frais mord mes poumons à chaque inspiration. Mes mouvements sont rapides, fluides, esquivant branches basses et buissons épineux avec une urgence poussée par une peur brute.

L'ombre gigantesque du manoir, dont je viens de m'échapper, s'estompe derrière moi, mais je sais que cette distance peut être trompeuse. Il lance encore son regard pesant dans mon dos, prédateur patient qui attend son heure de gloire.

Le silence de la forêt, la nuit, est brisé uniquement par le bruit sourd de mes pas et le battement lourd de mon cœur, qui fait suite à ma fuite. Je résiste à l'impulsion de regarder derrière moi, par peur que ce geste ne me trahisse ou ne ralentisse ma course, offrant à mes poursuivants une cible plus facile.

Soudain, un cri perce la nuit ─ mon prénom, amplifié par l'écho des arbres anciens, se transformant en un glas mortel. Chargé de familiarité, il transforme les spectres invisibles de la forêt en menace imminente. Ce cri, à la fois appel et avertissement, poursuit sa course à travers l'obscurité, me rappelant que la liberté n'est pas encore assurée.

Arthur, avec une urgence dans la voix, lance un avertissement pressant. Il m'alerte que c'est bientôt le moment. Derrière moi, le monstre noir va être lâché.

Je pile avec frénésie, mes pieds éraflant le tapis de feuilles en désordre. Un réflexe me fait pivoter pour sonder l'opacité de la nuit, cherchant désespérément un signe de ceux qui me traquent.

Les lumières du manoir, diffuses à travers le réseau de branches, scintillent faiblement, pareil aux yeux d'une bête sauvage se lovant dans la nuit. Je reprends mon souffle, mes yeux écarquillés tentant toujours de percer le voile brumeux.

Au loin, les appels de François et d'Arthur s'entrelacent avec les aboiements insistants de Lucifer. Ces sons se mélangent et forment une toile sonore oppressante, comme la bande-son d'un thriller joué en direct, accentuant l'urgence de cette course pour la survie.

Les ordres claquent dans l'air et me parviennent, clairs et impératifs. Ils ont lâché leur arme vivante, ce pitbull connu pour sa férocité et son flair exceptionnel.

Trouve-la, Lucifer ! Va ! Cherche ! La chasse est lancée.

Ces mots, portés par le vent, se font de plus en plus pressants. Savoir que Lucifer est désormais sur mes traces injecte un nouveau flot d'adrénalines dans mes veines. Sans défense et isolée, je suis une proie dans cette forêt sombre, avec, pour seuls compagnons, un chien redoutable et des hommes guettant leur proie.

Paniquée, mais lucide, je pousse mes jambes à courir plus vite. La course reprend avec obligation, mes pieds effleurant à peine le sol, slalomant à travers le tapis épais de feuillage. Le moindre bruit, le craquement d'une branche et mon cœur s'emballe, redoutant que Lucifer ne soit déjà à mes talons.

Aucun répit n'est permis ; la moindre seconde est précieuse dans cette lutte désespérée pour la survie. La forêt, ce labyrinthe de ténèbres, doit devenir mon refuge, non mon piège. Bien que j'essaie de me fondre dans l'ombre, je sais que mon odeur trahira ma présence, un fil invisible qui guide le chien. Le sol accidenté entrave mes pas, alors que je me débats pour maintenir la distance avec mes poursuivants. Lucifer, tout en muscle et instinct, à l'avantage sur moi, ses yeux perçant l'obscurité bien mieux que les miens.

L'envol de la triskèleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant