GIORGIA
BELGIQUE, NAMUR
JUILLET
Les sons étouffés qui vibrent sous la soupente m'indiquent qu'Arthur et François sont sur mes traces. Leur volonté à me retrouver est aussi forte que ma propre assiduité à m'en sortir.
La trappe, récalcitrante, résiste sous leurs efforts, grinçant en un avertissement urgents.
Les nerfs à vif, mes yeux fouillent frénétiquement l'espace, cherchant une issue dans ce dédale de souvenirs et d'oubli. C'est alors que la créature, l'hybride d'humanité et de bestialité, surgit de l'obscurité. Ses prunelles, deux éclats lucides dans le noir, m'examinent avec une acuité qui défie la nature.
Elle me considère, son regard chargé d'une intelligence inhumaine, puis se détourne avec une grâce qui n'appartient qu'à elle. Elle se meut parmi les vestiges du grenier pour finalement s'arrêter après quelques bonds mesurés, pivotant vers moi, m'invitant silencieusement à la suivre.
Le fracas de la trappe qui cède marque le début d'une cacophonie de bruits précipités. Les pas d'Arthur et François, plus insistants, battent le plancher.
Leurs chuchotements s'intensifient, me faisant me tasser dans ma position de replis. La voix d'Arthur, teintée d'une assurance provocatrice, fend l'obscurité. Je le vois marquer une pause, sa silhouette se découpant contre la lumière qui troue soudain l'obscurité.
─ Giorgia, je te vois, susurre-t-il avec une ironie mordante. Tu es piégée, princesse.
L'instinct de survie prend le dessus, transformant la peur en énergie brute. Je me précipite après la créature, mon guide improbable à travers ce dédale de poussière et de bois vermoulu. Le plancher grince sous mes pas hâtifs et je ne me soucie plus de faire du bruit.
Je cours avec frénésie.
Je slalome à travers le grenier, évitant les reliques du passé, tandis que la créature, effrayante et extraordinaire, nous trace un chemin vers la liberté. Elle est mon guide dans cette nuit de terreur, et je la suivrais jusqu'aux confins de l'enfer pour fuir ce manoir des horreurs.
Les pas d'Arthur et de François, entravés par les obstacles, perdent en intensité, tandis que ma course effrénée, qui précède celle de la « chose », me porte vers l'avant. Leurs voix frustrées et leurs souffles saccadés s'éloignent avec chaque mètre que je gagne.
Je finis ma course contre une porte ancienne, camouflée derrière un chaos de décombres et de toiles d'araignée, qui apparaît soudain au détour de l'autre bout du grenier. Je freine brusquement devant elle, mes tentatives pour l'ouvrir restant vaines, la porte résistant obstinément à mes efforts désespérés.
─ Allez, bordel, ouvre-toi ! je lance, l'angoisse perçant en moi alors que les pas se rapprochent, menaçants.
Mais, il est trop tard. Ils me rattrapent et j'échoue quand leurs pas s'immobiles derrière moi.
C'est la fin.
─ Oh, poupée, si près du but. Je te tire mon chapeau, ricane François avec une froideur calculée alors que la lumière crue de sa lampe torche m'encercle.
Mes paupières se ferment, juste un moment, avant l'inévitable fatalité. Ma peur grandit et mon cœur manque d'exploser, les battements précipités sortant de ma poitrine à un rythme qui affole, augmentant le silence oppressant qui m'entoure. L'angoisse m'étreint et je m'attends à sentir une main me saisir à tout moment.
![](https://img.wattpad.com/cover/361799098-288-k10428.jpg)
VOUS LISEZ
L'envol de la triskèle
Misterio / SuspensoJe rêve de m'envoler, de devenir aussi légère qu'une petite aigrette duveteuse de pissenlit... Mais, dans la réalité, je ne vis que dans le trou noir de mon existence..." C'est le cri silencieux que lance Giorgia, une jeune fille écrasée par l'intim...