Chapitre 02 : C'est moi, mon enfant

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GIORGIA

BELGIQUE, NAMUR

SEPTEMBRE

Je découvre la nouvelle chambre qui s'offre à moi, telle une surprise qui peps. C'est immense, limite démesuré. On ne parle plus de simple chambre, là, mais carrément d'un studio. Sous les combles, elle s'étire sur plusieurs mètres carrés, ses pans de murs inclinés lui donnant un côté cosy. Je ne prétends pas qu'elle occupe tout le dernier étage, mais elle en occupe une bonne moitié. Faut dire que ce manoir est un monstre, alors tout est possible. Les murs, d'un blanc éclatant, semblent respirer la nouveauté. Le parquet, lisse et chaleureux, invite mes pieds à danser.

Mon lit double trône au centre d'un des murs, entouré de mes bouquins dans une bibliothèque et de mon bureau. Ma mère a eu la délicate attention de la décorer avec goût, histoire que je m'y sente chez moi. Bon, je lui dois bien ça, même si je n'étais pas chaude pour débarquer ici.

Mais, la cerise sur le gâteau, c'est la porte latérale. Je l'ouvre, et c'est la révélation. Une salle de bain attenante, rien que pour moi. Le jackpot ! Puisque oui, je suis du genre à m'attarder sous la douche, à laisser l'eau chaude me caresser la peau, à méditer sur la vie. Cette salle de bain va être mon sanctuaire.

Alors, François, tu peux bien te le garder, le reste de ton manoir !

Moi, j'ai mon coin secret, mon univers à part. Quand j'aurai envie de bouder, de m'isoler, je sais où me réfugier. Et, croyez-moi, ce sera aussi souvent que possible.

Je viens de franchir la porte de l'antre du diable, mais je compte bien y imposer ma griffe. Ma première victoire, c'est cette salle de bain.

En revenant dans la chambre, je suis accueillie par la vision insolite de Théo, écrasé sur mon lit comme un roi sur son trône, les mains derrière la tête, ses baskets marquant leurs empreintes sur la couette.

Dis donc, fais comme chez toi, j'assène avec ironie. Tu as déjà entendu parler de ce vieux concept qui vise à frapper à une porte avant d'entrer dans la chambre d'une fille ? Et, de  l'idée aussi de ne pas grimper sur un lit avec des godasses, ça te parle  ? Franchement, c'est crade.

Bah, je suis chez moi, rétorque-t-il avec un haussement d'épaules, comme si l'endroit lui appartenait.

Sauf que là, tu squattes ma bulle, j'insiste, en accentuant sur le possessif.

Alors, ça te plaît, ton nouvel univers ?

Qu'est-ce que ça peut te foutre ? je le coupe, les bras croisés, non impressionnée par sa tentative de charme.

Tu vas voir, tu vas kiffer ici, là-haut, peinarde au dernier étage. Comme une princesse dans son grenier, ajoute-t-il avec un clin d'œil. Faudra juste laisser un peu de place à notre copine, qui s'invite ici, dans ce paradis, quand elle commence à être à l'étroit derrière la trappe. Mais, tu verras, elle est plutôt sympa, elle s'accommode bien si tu lui laisses aussi son espace.

Qu'est-ce qu'il baragouine encore celui-là ? Voilà autre chose maintenant ? Partager ma chambre avec une autre ? C'est une caméra cachée, c'est ça ? Je tente de décrypter le mystère.

Tu parles de qui là ?

T'inquiète, tu vas capter bien assez tôt, dit-il avec un sourire qui se veut mystérieux. Avant, c'était mon antre ici, mais bon, je ne suis pas un monstre, je t'ai laissé la place.

L'envol de la triskèleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant