Chapitre 75 : Qui semble me défier

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GIORGIA

BELGIQUE, NAMUR

JUILLET

La clé, tremblante entre mes doigts, se niche enfin dans la serrure.

Un, deux, trois tours. La porte cède, s'ouvrant sur l'obscurité du vestibule. Je me faufile à l'intérieur, le cœur battant la chamade, poussée par une peur irrationnelle, celle d'une présence invisible à mes trousses. La porte se referme avec un bang qui retentit dans la maison.

Le silence est aussi épais que le brouillard, seulement coupé par ma respiration saccadée. Adossée à la porte, j'écoute le moindre frémissement, mes oreilles s'affûtant.

Pas un bruit, avant qu'une mélodie s'infiltre dans mes oreilles, douce et lointaine. Elle vient d'ailleurs, pas du salon ni de la chambre de Théo, qui est encore absent.

Je me lance dans une expédition nocturne, passant d'une pièce à l'autre, éclairée juste ce qu'il faut par des veilleuses pour que la maison ne reste pas dans le noir. La musique se fait plus nette, me guidant vers la porte de la cave.

Ah oui, le poker ! Ils sont encore là-dessous, à se prendre la tête sur leurs cartes. J'avais zappé, avec toutes ces voitures dehors, c'était évident.

Je me marre toute seule de ma parano, me sentant déjà mieux.

Quelle conne !

La tension s'évapore et je m'apprête à monter me coucher quand un cri, un vrai cri déchire le calme. Mon cœur fait un triple salto. Ce n'est pas normal, ça. Quelque chose cloche, et ce n'est pas le genre de surprise que j'attendais.

Le cri aigu qui a fendu le silence n'était pas le fruit de mon imagination. C'était un son brut, chargé de peur et humain, qui a traversé l'air comme un éclair. Mon cœur, qui avait déjà entamé une course effrénée, redouble de vitesse, martelant mes côtes. Je suis clouée sur place, avec cette peur qui me colle à la peau, une lutte entre la terreur de ce que je pourrais découvrir et l'urgence de percer ce mystère.

Le grenier, avec ses ombres et ses secrets, ou la cave, où il y a de la vie, des personnes, de la lumière ? Mon choix est vite fait. Alors, je me retourne et m'avance vers la porte qui mène vers le bas. J'ouvre doucement, avec cette panique de déranger quelque chose... ou quelqu'un.

Les spots encastrés dans l'escalier projettent des halos de lumière qui chassent les ténèbres. L'endroit est loin d'être lugubre, il est même accueillant, rénové avec goût. C'est une première pour moi, de m'aventurer ici.

Le plafond voûté, majestueux, dialogue avec les murs de pierre dans une harmonie de beige et de gris. L'endroit, dans sa modernité, a su conserver l'âme du manoir. L'intimidation que je ressens ici est plus forte que dans le reste de la maison. Je descends prudemment les larges marches, éclairées par des bandes lumineuses qui soulignent leur contour, et ralentis à l'approche du virage.

Dois-je rebrousser chemin ou suivre cette impulsion qui me pousse à élucider le mystère ? La prudence a cédé sa place à une curiosité plus pressante. Je ne me laisse plus guider par la réflexion, mais par cette soif de savoir. Je poursuis ma descente, les dernières marches me mènent sur le sol en béton ciré qui s'étend devant moi, prêt à révéler ses secrets.

Mes yeux fouillent la pénombre, à l'affût. J'en suis à me dire que n'importe qui peut surgir quand des murmures s'infiltrent depuis la porte entrouverte en bas des marches. Pas question de remonter, je serais grillée sur le champ. L'alcôve voûtée, une niche discrète juste là, à portée de main, m'apparaît comme le spot parfait pour me planquer. Elle est assez profonde pour me cacher, et je m'y faufile juste à temps, alors que la porte s'ouvre en grand.

L'envol de la triskèleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant