L'envol de la triskèle

Chapitre 69 : Les filles disparues

GIORGIA

BELGIQUE, NAMUR

JUILLET

Je suis sur un petit nuage pour trois raisons : la fin de l'année scolaire, l'excitation de revoir Dario et le frisson de partir en Sicile pour retrouver mon père. Installée devant mon ordi, je lance Skype et fais défiler ma liste de contacts jusqu'à ce que je tombe sur le nom que je recherche. Cliquant sur l'appel vidéo, son visage surgit à l'écran, illuminé d'un grand smile (sourire) qui fait surgir des flashbacks des journées que nous partagions sur les bancs de l'école.

─ Dario ! je m'exclame avec entrain. Ça roule ?

─ Tiens, qui voilà, exhale-t-il. Je pensais que les aliens t'avaient kidnappée. Ça fait une éternité que tu n'es plus présente sur les radars. T'étais passée où ?

─ Ce n'est pas plutôt toi, j'attaque avec un sourire narquois, qui a zappé mon dernier message ? Tu sais, celui où je t'invitais à la cérémonie de remise de diplômes ?

─ Ouais, c'est moi, concède-t-il, un peu déstabilisé.

─ Alors, tu sais quoi ? je conclus avec un clin d'œil. La ferme !

Il me nargue en s'éclatant dans son trip de chips aux pickles qui crépite comme du pop-corn à travers l'écran. Chaque fois qu'il enfonce une chips dans sa bouche et la croque avec ce bruit d'explosion, mes poils se hérissent.

Sérieux, le crissement de sa bouche est au-delà du supportable. Le chuintement de ses doigts qu'il lèche, tout mouillés, me rend dingue ! J'ai un fameux problème avec les personnes qui bouffent et poussent la clameur un peu fort en mâchant.

─ Oups, je l'ai pas vu à temps, ou alors, j'ai dû le zapper, je sais pas, se la joue-t-il innocent, la bouche encore pleine, attrapant la chips suivante.

─ Pourquoi j'ai l'impression que tu sélectionnes les messages qui t'arrangent, Dario ? je le presse.

─ Parce que tu es parano et que tu crois que le monde tourne autour de toi ? hasarde-t-il, me tirant une langue jaunie par le pickles.

─ Vraiment ? Genre, c'est moi ça ? je sonde, sceptique.

─ Mais non, je rigole ! se pâme-t-il.

J'enraye sur le sujet pour lequel je l'appelle :

─ Ça te dirait de te pointer à un méga barbecue au manoir ? On va clôturer l'année scolaire en beauté.

Il m'accroche, un peu décontenancé.

─ Genre immédiatement ?

─ Non, non, je secoue la tête. C'est pour samedi prochain. Imagine, le manoir va vibrer sur une playlist de folie et on sera une bande d'environ une cinquantaine d'amis.

─ Tu organises une méga soirée ?

─ Ouais... Dis-moi que tu viens, je t'en prie.

Je le supplie presque, tablant sur un des clous du spectacle : un buffer à tomber par terre, pour régaler les plus gros mangeurs.

Ses yeux pétillent, un sourire gourmand se dessinant sur ses lèvres.