IV. Le rendez-vous

1.4K 52 64
                                    


Le lendemain, Bardella prit un soin tout particulier pour se préparer et pour être parfait quand Attal le verrait, ce n'était pas vraiment par rapport à lui, mais plus par égo, pour qu'Attal ne croit pas trop qu'il aurait l'avantage sur lui, en tout cas physiquement.

Bardella était survolté et vraiment stressé, à l'idée de ce rendez-vous avec Attal. Il ne savait pas ce qu'il lui demanderait. Et surtout ce qu'Attal répondrait. C'était probablement ce qui le terrifiait le plus. En partant de chez lui, Nolwenn l'embrassa. "Tu as un rendez vous galant ? Je t'ai rarement vu beau comme ça." plaisanta-t-elle avec un large sourire. Jordan était très mal à l'aise suite à cette réflexion. En avait-t-il trop fait ? Il souria néanmoins face aux propos de Nolwenn et la rassura en lui assurant qu'il ne s'agissait que d'un dîner professionnel. Mais en était-ce vraiment un ? Jordan ne savait plus rien et surtout n'avait plus aucune idée de la teneur des rapports entre Attal et lui, étaient-t-ils devenus amis en quelque sorte ? Jordan ne voulait absolument pas être ami avec Attal. Il le haïssait complètement. Il en était convaincu.

Ils s'étaient donné rendez-vous dans l'un des cafés les plus prestigieux de Paris, pour être sûr de ne pas être vu et surtout pour que leur rencontre ne s'ébruite pas. Quand Jordan arriva, Attal était déjà là, assis calmement, attendant Jordan. Son impassibilité rendait jaloux Jordan. Comment pouvait-t-il être aussi serein ? N'était-t-il pas étonné voir angoissé par cette rencontre ? "Ah, vous voilà enfin. Je commençais à me dire que vous m'aviez tendu un piège", dit Attal en le regardant, souriant. "Vous portez du Jean-Paul Gauthier, mon compagnon porte le même." dit-il toujours souriant. "Par pitié, épargnez-moi ces détails", répondit crûement Jordan. Il avait toujours été mal à l'aise avec les homosexuels. Il protestait qu'il n'était pas homophobe. Mais la vérité était qu'il était profondément mal à l'aise à chaque évocation du sujet. Il n'avait aucun scrupule à répondre froidement pour ne pas avoir à en parler.

"Je suis venu, car je me questionne par rapport à mon orientation.", dit-il simplement. Attal était surpris, il y eut un silence. "Laquelle ? Sexuelle ou politique ?". Jordan rougit instantanément il n'avait pas penser au double sens de sa phrase. "Enfin, est-ce qu'il y a vraiment un doute à avoir quant à la réponse ?", dit-il, reculant instinctivement. "On ne sait jamais, vu comment la politique m'a stigmatisé avec mon orientation, en l'utilisant comme argument d'ouverture. Je me suis dit que vous étiez peut être tombé dans le piège, vous aussi.". 

"Quel piège ?", réponda Jordan aussitôt par curiosité. "Celui de croire que je suis la bonne espèce d'homosexuel, que les gays n'ont pas tous la volonté d'exprimer absolument leur orientation et de vouloir une reconnaissance de tous. Ceux sont probablement les seuls tolérés à droite.". "Je dois reconnaître que je suis parfois mal à l'aise en parlant de ce sujet, donc je n'y touche pas. Marine a souvent été claire avec le mariage pour tous mais je n'ai pas vraiment d'avis, je vote contre pour le parti. J'en sais rien, ce sujet ne m'importe pas.", souffla Jordan sans même regarder Attal qui lui jetait un regard noir. "Nous ne sommes pas là pour débattre, mais je dois dire que c'est une belle opinion d'homophobe que vous avez là. Bref quelle est le problème avec votre orientation ?", répondit froidement Attal. "Politique. Orientation politique. Et bien je ne me retrouve plus dans mon parti. J'ai cru être d'extrême droite toute ma vie, et aujourd'hui, quelque chose a changé."

"Ah oui ?", questionna Attal en relevant un sourcil, avec un sourire, "Je dois dire que je trouvais déjà ce rendez-vous bizarre, mais là je me demande sincèrement à quoi vous pensiez ? Que j'allais gober un subit changement de convictions ? A quoi vous jouez Jordan ? Je fais ça depuis plus longtemps que vous, vous devriez le savoir, j'ai tout vu, et ce genre de théâtre ne marche pas ici. Quelles sont les véritables intentions de ce café ?", objecta Attal, presque en riant.

Jordan était désemparé. Attal avait réussi à débusquer son plan parfaitement. Il était presque impressionné, mais la peur l'envahissait. Il devait trouver une excuse. N'importe laquelle. Son orientation. Faire croire que l'ambiguïté était voulue, faire croire à une remise en question. Lui faire promettre de garder ça entre eux. Comment le faire promettre ? Comment se sortir plus tard d'une pareille situation ?

"Et bien... je ne sais pas comment dire.", il mâchait ses mots précautionneusement, il sentait qu'Attal pouvait le deviner facilement. "Je me suis défilé, c'était en effet au sujet de mon orientation sexuelle.", dit Jordan, effrayé intérieurement, "Enfin, je ne sais juste plus vraiment où j'en suis et je me suis dit que vous pourriez peut être m'aider à y voir plus clair. Ne croyez pas que ça me fasse plaisir de vous poser ce genre de questions monsieur Attal. C'est juste qu'il n'y a pas vraiment de personnes comme vous au Rassemblement National...", expliqua-t-il rougissant toujours plus.

"Appelez-moi Gabriel. Je dois y aller j'ai une réunion urgente pour les Européennes, mais je suis sûr que nous trouverons un moment pour se reparler", dit-il en souriant.

Attal put s'enfuir sans que Jordan eut le temps de répondre un mot. Il était bouche-bée. Quel fils de pute, il s'était barré avec juste ce qu'il lui fallait pour le couler. Sa carrière politique était désormais entre les mains d'Attal. Et qu'allait-t-il dire à Marine qui attendait déjà des rapports complets ? Jordan était paniqué, mais se rendait compte qu'il souhaitait revoir Attal au plus vite pour mettre ça au clair.

Un point partout (Attal x Bardella)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant