LXXIV. Dernière promesse

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Monsieur Attal ! La rumeur selon laquelle vous entretenez une relation intime avec Jordan Bardella est-elle fondée ?

Un garde écarta la femme alors que Gabriel baissait la tête, essayant d'ignorer ces questions déplacées, même si une angoisse commençait à monter en lui. Il devait rentrer au plus vite chez lui pour contacter Jordan.

Il demanda à son chauffeur de le raccompagne, ses gardes du corps comptaient l'escorter jusqu'à chez lui. Des journalistes l'attendaient devant son immeuble. Ça, ça n'était jamais arrivé de toute sa vie. Les gardes écartèrent les journalistes pour laisser Gabriel rentrer dans son appartement.

En ouvrant sa porte, il sursauta en voyant que Jordan était là.

Tu m'as fait peur !, s'écria Gabriel en verrouillant aussitôt la porte derrière lui et se précipitant vers ses fenêtres pour tout fermer : fenêtres, rideaux, stores.

Qu'est-ce qu'il te prend ?, demanda Jordan d'un ton amusé voyant l'énergie inexplicable le poussant à se confiner.

Ils savent, tout le monde sait, des journalistes... Ils sont devant chez moi pour me harceler... C'est un cauchemar..., gémit Gabriel, les larmes lui montant aux yeux. Je n'en peux plus... Je veux juste vivre...

Jordan prit aussitôt Gabriel dans ses bras, cherchant à lui donner le réconfort dont il avait besoin. Il prit sa main pour l'inviter à s'asseoir sur le canapé à ses côtés, mais Gabriel en décida autrement et le dirigea vers sa chambre où il s'écrasa dans son lit. Jordan s'assit à ses côtés et commença à lui caresser les cheveux. Gabriel se blottit aussitôt contre lui pour que Jordan puisse l'entourer de ses bras.

Gabriel n'osait pas parler. Il avait peur que Jordan lui en veuille d'une façon ou d'une autre pour cette histoire de photos. Il se disait que c'était de sa faute, qu'il n'avait sûrement pas fait assez attention, permettant la prise de ces abominables clichés.

Je suis désolé que tu aies à endurer cela..., finit par avouer Jordan.

Qu'est-ce que tu veux ce n'est pas de ta faute... Ces paparazzis sont vraiment partout... Enfin le plus gênant c'est que Macron les ait reçues, et... Je n'ose même pas y penser, murmura Gabriel en enfonçant sa tête dans la nuque de Jordan.

Oui c'est... c'est vraiment terrible, renchérit Jordan.

J'aurai préféré tout à ça, c'est un véritable cauchemar, souffla Gabriel la voix tremblante. Parce que maintenant ils ne vont plus nous lâcher. Ta... Le Pen est déjà au courant ?, demanda-t-il.

Jordan ne répondit pas, focalisé sur le fait sur les paroles que Gabriel venait de prononcer. Il avait fait le mauvais choix. Et Jordan ne pouvait pas lui dire, il avait trop peur de le perdre. Tout ce qu'il avait fait, c'était pour qu'ils soient ensembles. Pour toujours.

Jordan ? appela Gabriel. Marine sait ?

Oui oui elle sait.. C'était la raison pour laquelle elle voulait me voir.

Mais quand même... je me demande comment ça n'a pas pu encore sortir dans la presse, c'est étrange j'ai vérifié dans la voiture et ce ne sont effectivement pour l'instant que des rumeurs aux yeux du monde... Mais je ne sais même pas d'où ça vient.. Il faut vraiment être un salaud pour accepter de laisser traîner des photos comme ça... Et les donner à nos partis respectifs en plus. renchérit Gabriel en prenant son téléphone pour vérifier les articles sur eux.

Jordan se tût, n'osant pas regarder en face Gabriel. Il s'en voulait terriblement de faire subir cela à son partenaire.

Qu'est-ce qu'on fait si ça fuite dans les médias ?, demanda Gabriel en le regardant.

Jordan se figea pendant une seconde. Il n'avait jamais pensé à cette éventualité.

Ça n'arrivera pas, promit Jordan, pensant que Tommaso n'était pas capable d'aller jusque-là.

Comment tu peux en être si sûr , interrogea Gabriel, perplexe.

C'est... Je le sais c'est tout. Nos partis n'ont pas encore envie de nous couler il me semble. Je pense qu'on peut encore compter sur eux, répondit Jordan, d'un ton confiant.

Soudain Jordan se leva en embrassant le front de Gabriel.

Tu pars ?, questionna-t-il, dérouté.

Non je sors juste sur le balcon pour appeler un ami, mentit Jordan, en ouvrant les fenêtres.

Gabriel n'eut pas le temps de répliquer qu'il était déjà dehors. Sur le balcon, Jordan composa immédiatement le numéro qu'on lui avait fourni plus tôt. Un homme décrocha aussitôt et lui ordonna de se rendre à l'ancien hangar de l'organisation de Branco. Le cœur de Jordan se serra à l'évocation de son nom.

Juan était devenu un ami pour lui, et ses derniers mots l'avaient marqué pour le reste de sa vie. Il n'avait réalisé qu'à sa mort à quel point ce dernier tenait à lui. Jordan se sentait coupable de ne pas avoir réussi à le sauver. Il n'aurait pas pû savoir que Juan serait tué voire assassiné. Il n'était même pas prévu qu'il vienne avec ce dernier. Juan lui avait demandé de venir car il avait un mauvais sentiment. Son exactitude déclenchait désormais des frissons à Jordan.

Il n'avait pas l'envie de donner des explications à Gabriel sur cette partie de sa vie. Vu la haine qu'il vouait à Branco, Jordan était persuadé qu'il serait incapabe de comprendre le lien amical qui les avait unis ni la souffrance que lui causait sa perte.Il inventa une excuse pour s'en aller et se rendit aussitôt au quartier général de l'organisation.

A l'entrée on le reconnut immédiatement et toute l'équipe le salua. Ils étaient heureux de le savoir en vie et attendaient avec impatience des nouvelles de leur chef. Jordan baissa la tête, la voix tremblante.

Juan est... Il a été tué, souffla Jordan, le cœur lourd. Je n'ai rien pu faire, on a été pris par surprise..

Un brouhaha de voix et de pleurs s'éleva dans la petite foule qui occupait le bâtiment. Une question resta en suspens. Qui allait le remplacer ? Jordan ne se sentait pas prêt pour une telle tâche. Il ne le méritait pas. Il n'avait pas réussi à le sauver. On lui demanda aussitôt des détails sur les circonstances de sa mort. Le mot vengeance résonnait dans la salle.

Un des hauts-dirigeants de l'organisation se leva pour tenter de calmer la foule.

Je comprends votre colère. Mais la seule vengeance qui nous apporterait réellement justice concerne le tableau que nous avons récupéré il y a déjà plusieurs années.

Jordan fronça les sourcils. Ils avaient récupéré la Crucifixion il y avait seulement quelques mois.

L'Allégorie de la Simulation, symbole de la mascarade dans laquelle nous vivons depuis déjà trop longtemps. Il nous reste le dernier tableau à récupérer pour enfin accomplir nos objectifs.

Jordan écarquilla les yeux. Le tableau était sous ses yeux depuis le début et pourtant il n'avait rien vu. Soudain, l'homme appela son nom.

Jordan. Tu as largement fait tes preuves ici. Alors je crois qu'on ne peut que te faire confiance pour déceler la localisation du tombeau qu'on cherche. Les trois tableaux ont derrière leur dos des chiffres de coordonnées. Ils te donneront la clé.

Jordan inspira longuement. Il se rendait compte de l'importance de sa tâche. Récupérer le tableau serait sûrement un jeu d'enfant. Il espérait que Gabriel pourrait l'aider. Après tout, il était le seul qui avait toujours accès à Némèce.

C'est d'accord, mais après j'arrête tout, souffla Jordan comme une dernière promesse.

Un point partout (Attal x Bardella)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant