Jordan s'approcha de la table de la cuisine. Un petit bout de papier, écrit à la main trônait au centre.
Nous avons le tableau. Rendez-vous immédiatement au bâtiment D dans le quartier des Lauriers ou vous pouvez lui dire adieu.
La carte était légèrement teintée d'un rouge cramoisi qui fit frissonner Jordan. Il se mit à fouiller frénétiquement l'appartement à la recherche d'objets qui pourraient l'aider à gérer cette situation. Il était persuadé qu'une arme de Gabriel avait été abandonnée ici. Il retourna chaque tiroir jusqu'à tomber sur un pistolet dans sa table de nuit, avec une cartouche de munitions. Un frisson le parcourut lorsqu'il réalisa que Gabriel se préparait au pire bien avant le début de leur enquête. Mais il n'avait pas le temps d'y réfléchir, et se précipita pour venir à son secours.
Le lieu de rendez-vous était dans un hangar, isolé de tout, au milieu d'une zone industrielle aux extrémités de la ville. Jordan respirait bruyamment, animé par une rage qui empêchait le moindre frisson de peur de le parcourir. Il s'avança, le regard brûlant, prêt à tout pour se venger de ceux qui avaient fait du mal à l'homme qu'il aimait.
Il rentra sans une once d'hésitation dans le regard. Gabriel était au milieu de la salle, penché en avant sur sa chaise, au bord du malaise, retenus par des liens métalliques. Des tâches rouges sur sa chemise s'accroissaient mais son regard ne vacillait pas. Il semblait déterminé, en dépit des trainées de sang coulant le long de ses tempes. Jordan déglutit un moment, comprenant qu'ils avaient dû vouloir une information que Gabriel avait refusé de leur donner.
Un groupe d'hommes observait Jordan à distance. Le tableau était là. Le vrai. La Crucifixion. L'un d'entre eux s'avança en frappant un bâton déjà écarlate au sol en hurlant sur Gabriel tout en s'accroupissant pour l'obliger à relever sa tête.
– Lève la tête.
Gabriel n'arrivait plus à bouger, malgré tous les efforts qu'il mettait pour répondre à ces ordres.
– Regarde-moi, putain de merde, hurla l'homme tout en abattant sa barre de métal sur le sol, faisant sursauter Gabriel, qui releva sa tête à bout de force.
– Tu es bien résistant depuis le début. Mais si tu refuses encore une fois de coopérer, nous allons devoir passer à l'étape supérieure. Une bonne fois pour toutes, qui est à la tête du groupe Némèce !? Celui pour lequel tu travailles !
– Je... je vous dis... que je n'appartiens pas au groupe... Némèce.
Sa voix n'était qu'un son à peine audible, étouffé par la douleur qui fracassait autant son corps que son esprit. C'en était trop pour Jordan qui s'élança pour plaquer l'homme contre le mur, son arme à feu collée à sa tempe. Il était à deux doigts d'appuyer sur la détente. L'homme soutenait son regard sans la moindre peur au fond des yeux. Il claqua de ses doigts et ses sbires lui sautèrent dessus pour immobiliser Jordan, qui réussit habilement à mettre hors d'état de nuire deux d'entre eux. Le dernier lui attrapa les bras, réussissant à le bloquer. Le bourreau s'approcha de lui.
– Tu es plus robuste que ta tapette d'ami qui n'a même pas réussi à esquiver un coup, dit-t-il arborant un sourire narquois.
– Parle encore une fois de lui comme ça et je...
Jordan n'arrivait pas à formuler correctement des phrases, habité par une soif de vengeance qu'il n'avait jamais ressentie. Le tortionnaire se mit à rire, il ne comprenait pas pourquoi ce jeune homme tenait autant à son associé. D'habitude, ce genre de personnes étaient plutôt marquées par la solitude ainsi qu'une forme très avancée d'égoïsme.
– Tu vas faire quoi au juste ?, demanda-t-il, un sourire grandissant sur ses lèvres alors qu'il s'approchait de Jordan pour pouvoir le regarder droit dans les yeux.
Sans réfléchir, Jordan donna un coup de tête assourdissant à l'homme qui le retenait, lui faisant perdre l'équilibre avant de lui asséner un puissant poing. Le bourreau écarquilla les yeux avant de se prendre une droite en plein visage, qui le prit de court. Jordan le serra à la gorge de toutes ses forces, l'étranglant, prêt à le tuer devant les yeux ébahis de Gabriel.
– Jordan..., souffla ce dernier dans un murmure. Jordan lâcha aussitôt sa prise, son regard se plongeant dans celui de Gabriel. Il se précipita vers lui, à genoux, prenant son visage dans ses mains, l'aidant à soutenir sa tête. Il l'embrassa. Son baiser avait un goût de fer, ses lèvres arrivant à peine à lui rendre son étreinte. Son état était extrêmement critique et Jordan devait trouver un moyen de le sortir d'ici.
Le bourreau se releva doucement, reprenant ses esprits à chaque nouvelle bouffée d'air. C'était comme s'il rassemblait ses forces avant de charger Jordan pour le neutraliser définitivement. Ce dernier était beaucoup trop préoccupé par l'état de Gabriel pour apercevoir la silhouette derrière son épaule. Il n'eut que le temps d'entrevoir un éclat de peur jaillir dans les yeux de son amant avant de recevoir un coup sec sur la tête, accompagné d'un bruit métallique assourdissant. Il s'écroula, le vacarme de fer résonnant dans son crâne, accompagné des gémissements de Gabriel qui n'étaient plus que des sons indistincts à ses oreilles. Il ne put que voir son amant se débattre avant de sombrer dans l'inconscience.
Une lumière aveuglante réveilla Jordan qui était attaché à une chaise. Il se débattit instinctivement, sans succès. Avant même qu'il puisse se mettre à parler, une migraine insupportable le saisit, rendant ses pensées confuses. Le bruit métallique de la barre retentissant sur le sol lui glaça le sang.
– Où est Gabriel ?, demanda Jordan, l'air déterminé. Il était la seule chose à laquelle il arrivait se raccrocher.
– Ça dépend... Si tu réponds gentiment, sans broncher à nos questions, il est probablement entre de bonnes mains. Mais si tu résistes... Dieu sait où il pourrait aller..., répondit le bourreau, un sourire cruel sur les lèvres.
– Qu'est-ce que vous lui avez fait ?
– Assez, hurla l'homme en frappant la barre contre le mur. Ici, c'est moi qui pose les questions. Donc soit tu fermes ta gueule, soit tu réponds.
– Je vais te... Jordan n'eut même pas le temps de finir que l'homme asséna un coup puissant dans son ventre, retournant ses tripes.
– C'est quoi Némèce ?, demanda l'homme en faisant traîner le bâton derrière lui.
– Aucune idée.
– Tu sais exactement de quoi il s'agit.
– Je ne sais rien de... Ah si.. C'est un groupe non ? On avait trouvé une carte membre à Saint-Etienne... Mais c'est tout... Je n'en sais pas plus.
L'homme laissa échapper un rire léger avant de frapper violemment la chaise de Jordan, manquant de le faire tomber.
– Ecoute, ne perds pas ton temps. Je sais déjà tout ça.
– Mais je vous jure que je n'en sais pas plus, c'est tout ce qu'on a trouvé.
– Bon, tu ne me laisses pas le choix visiblement.
Le bourreau sortit de la pièce. Jordan frissonnait en imaginant avec quelle genre de nouvelles armes il reviendrait, sûrement une de celles qui avaient fait tant souffrir Gabriel. Et surtout il se demandait quand est-ce que l'homme comprendrait qu'il disait la vérité depuis le début, qu'il n'avait rien à perdre s'il lui révélait les informations qu'il possédait. Il entendait au loin un nouveau bruit métallique, une nouvelle batte sûrement très lourde, vu comme elle traînait sur le sol. Après de longues minutes il revint avec la seule arme à laquelle il ne pouvait pas résister.
– Bon maintenant que toute la petite famille est réunie, on va pouvoir commencer à discuter. C'est quoi Némèce ?
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Un point partout (Attal x Bardella)
FanfictionA seulement 26 ans, Jordan Bardella est le président du premier parti d'extrême droite français et prédestiné à un grand avenir. Mais il doit sans cesse se confronter à un autre prodige de la politique : le jeune Premier ministre Gabriel Attal, qui...