LXX. Echappatoire

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Putain c'est quoi ce bordel !?, hurla Jordan, incapable de retenir la colère qui montait en lui à l'idée d'être pris au piège.

Gabriel était en hypervigilance. Cette voix qui n'avait rien d'humain, qui ne correspondait à personne, l'intriguait. D'où venait ce son ? Dans l'horreur, Gabriel leva les yeux vers les arbres. Des hauts-parleurs. Sans un mot, il se retourna vers Jordan, toujours énervé, avant de lui montrer du doigt sa découverte. Ils étaient surveillés, traqués comme des animaux. Et ils n'allaient pas tarder à les retrouver.

Putain..., murmura Jordan en se prenant la tête alors qu'il arrivait à la même conclusion que lui. Putain Gabriel... on est foutus...

Ce dernier l'observa un court instant et lut son expression partagée entre la peur et la rage. Aucun mot ne sortait de sa bouche, ne sachant pas comment le rassurer sans lui mentir. Il n'y avait visiblement aucune échappatoire. Un coup de feu en leur direction les sortit tous deux de leur état de léthargie. Sans réfléchir, ils se mirent à courir. Gabriel s'empara de son arme et commença à tirer vers les hommes qui les poursuivaient. Ils étaient loin, mais cette forêt était truffée de pièges. Des centaines d'embuscades, où toutes sortes de choses les attendaient. Des hommes, des animaux, qu'ils devaient braver pour ne pas mourir.

Gabriel se demandait combien de temps ça durerait. Combien de temps ils réussiraient à tenir. S'ils mourraient, ce serait par épuisement, comme dans une chasse à cour on l'on poursuit la bête jusqu'à ce qu'elle s'épuise et qu'un sbire s'approche pour la tuer en lui arrachant le cœur. Il ne s'agissait donc que d'une épreuve mentale. Gabriel savait qu'il n'abandonnerait jamais, mais il pouvait toujours être pris par surprise.

Alors qu'ils courraient depuis déjà plusieurs minutes, un garde sortit soudainement d'un arbre et plaqua Jordan au sol, prêt à lui asséner un poing en pleine face. Ce dernier avait son arme dans la main mais semblait tétanisé à l'idée de l'utiliser. Il n'avait pas ce réflexe, contrairement à Gabriel. Il sortit son arme et abattit froidement le garde sous le regard terrorisé de Jordan sur qui l'homme venait de s'écraser. Ce dernier l'écarta en le repoussant puissamment sur le côté. Plus aucun bruit. Ils semblaient être tranquilles pour encore quelques minutes, le temps que les prochains arrivent.

Merci..., souffla Jordan en se relevant, toujours un éclat de peur dans les yeux. Il y eut un court silence entre eux. Gabriel regardait dans le vide, rechargeant son arme, prêt à tirer le prochain coup. Gabriel...?, murmura Jordan en baissant la tête.

Qu'est-ce qu'il y a ? l'interrogea Gabriel d'un ton un plus sec qu'il ne l'aurait voulu.

Il n'arrivait pas à se défaire de l'attitude détachée qu'il devait adopter depuis des mois. Sentant son animosité, Jordan se braqua à son tour.

Je tiens à te prévenir que je refuse de tuer des gens. Je refuse de devenir un meurtrier.

Comme toi. Il ne l'avait pas dit mais le sous-entendu ne leur avait pas échappé.

Très bien, décréta Gabriel, légèrement blessé.

Il n'avait aucune envie d'avoir à accomplir ces actes macabres, mais il s'était résolu à faire tout ce que Jordan lui demanderait. Ils reprirent leur route d'un pas pressé, jusqu'à ce que Jordan s'arrête, désespéré.

Mais pourquoi on fait ça Gabriel? Il n'y a aucune sortie, on perd notre temps. J'en peux plus. Rendons-nous.

Pourquoi je dois toujours être celui qui t'empêche d'abandonner ?, demanda Gabriel en le regardant. Pourquoi je dois toujours être celui qui te supplie de te battre malgré l'adversité ?

Un point partout (Attal x Bardella)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant