Une maison immense, gardée par deux gardes musclés, s'offrit à eux. Vu le temps qu'ils avaient roulé sur un petit sentier privé, il s'agissait probablement d'une villa avec vue sur la mer. "Tu me laisses faire et tu restes derrière moi, ok ?" chuchota Jordan à Gabriel. "Tu rigoles hors de-" s'exclama Gabriel, coupé par un pincement de Jordan. Il se mit à parler en italien, expliquant sa venue. Les deux gardes demandèrent à voir les papiers d'identité. Gabriel leur tendit les deux fausses cartes, qu'ils inspectèrent minutieusement avant de les laisser rentrer. Il était attentif à l'environnement qui les entourait, remarquant toutes les potentielles sorties, moyens de défense. Gabriel était en hypervigilance, incapable de faire confiance au destin.Il avait visé juste, cette maison surplombait une colline donnant sur l'océan. Ils entrèrent dans un énorme salon rouge avec un mobilier style rococo, presque grossier. Il était évident que la personne qui habitait ici devait avoir de l'argent à ne plus savoir quoi en faire. Un homme d'une quarantaine d'années habillé d'une chemise et d'un bermuda descendit des grands escaliers qui permettaient l'accès à l'étage. "Benvenuti amici cari miei ! Bienvenue mes chers amis !" s'exclama l'homme. "Ciao signore, come stai ? Bonjour Monsieur, comment allez-vous ?" s'exclama Jordan, le plus naturellement possible. "Sei un giovane molto entusiasta. Vous êtes bien enthousiaste, jeune homme." répondit l'homme froidement. "Ma non siamo qui per ridere, vero? Mais nous ne sommes pas là pour rire, si ?" continua-t-il, presque menaçant. "È vero, perdona il mio entusiasmo. C'est vrai, pardonnez mon entrain." répondit Jordan, désormais légèrement sur la défensive. "Il mio amico non parla italiano, pensi che sarebbe possibile continuare in inglese ? Mon ami ne parle pas italien, vous pensez qu'il serait possible de continuer en anglais ?" demanda-t-il, tranquille pour que Gabriel puisse comprendre la nature de leur échange. "Penso che le cose possano funzionare per questo bel giovane. Je pense que ça peut s'arranger pour ce beau jeune homme." affirma l'homme, d'un ton joueur qui ne plût pas du tout à Jordan.
"Quel est ton nom mon garçon ?" demanda l'homme en anglais à Gabriel. "Florent Demaine, monsieur." répondit-t-il, froidement. Jordan le dévisagea, il fallait rentrer dans son jeu, sinon ils n'obtiendraient pas ce qu'ils étaient venu chercher et perdraient leur carrière. "Excusez mon ami, il n'a pas bien dormi, il est épuisé par le voyage." le couvra Jordan en lui jetant un mauvais regard discrètement. « Et vous, comment vous vous appelez ? » interrogea Gabriel sans prendre en compte le regard de Jordan. L'homme se mit à rire. « Vous êtes définitivement très curieux... Ça me plaît bien. Mon nom est Leonardo Moretti. ». Jordan jeta un coup d'œil inquiet à Gabriel. Ce n'était pas l'homme qu'ils devaient rencontrer.
« Venez par là, messieurs » indiqua Leonardo. Obligés par la situation, ils le suivirent silencieusement. Ils entrèrent dans un nouveau lieu qui semblait être une salle à manger. Une table était dressée en plein milieu de la pièce, qui avait la même ambiance rococo que le salon, lui donnant un air légèrement trop dramatique, qui vola un sourire à Gabriel. « Vous aimez ? » demanda Leonardo, saisissant instantanément l'expression de Gabriel. « C'est... original. Mais j'aime assez. » répondit-t-il pour être poli. « Cette maison appartenait aux Médicis. Il s'agissait d'une résidence secondaire pour eux, mais comme ils avaient un fort goût pour l'art, on peut en déduire que ce sont eux qui ont choisi ce mobilier assez... extravagant. En tout cas quand nous sommes arrivés ici, il était déjà là et nous n'avons rien touché. Histoire de tradition, vous comprenez. » expliqua Leonardo.
« "Nous" ? Vous voulez dire que vous étiez plusieurs à emménager ici ? » interrogea Jordan, axé sur leur objectif. L'homme se mit à rire. « Décidément, vous avez vraiment l'œil partout. Oui j'ai emménagé ici temporairement avec mon compagnon, Tommaso. Et je sais aussi que c'est lui que vous êtes venus voir. » déclara-t-il, un sourire sur les lèvres. Jordan ne s'attendait pas à une telle réponse, sûr et certain qu'ils étaient amis ou qu'il était l'un de ses assistants. Il était étonné que cet homme admette aussi simplement son homosexualité, ce qui pourrait lui faire perdre de l'aplomb et donner un avantage à ses adversaires.
Gabriel et Jordan furent invités à s'asseoir, côte-à-côte, en face de Leonardo et une place vide. « Bon, je vais être direct. L'échange ne va pas se faire aujourd'hui. On ne peut pas fournir de telles données à deux personnes qui ne se présentent même pas chez nous avec leur vraie identité. » Gabriel regarda Jordan avec des yeux effrayés. « Qu'est-ce que vous voulez dire ? » demanda Jordan, méfiant. « Ce que je veux dire, c'est que vous ne trouverez pas Tommaso ici. » répliqua-t-il d'un ton imposant. « Vous ne comprenez pas. » commença Gabriel. « Nous devons procéder à l'échange. Il n'y a pas d'autres issues possibles, nous ne pouvons pas rentrer sans rien. ». Jordan acquiesça lentement. « Mais vous n'allez pas repartir, messieurs. » Le sang de Gabriel se glaça, son pressentiment, tout était là. « Vous allez nous rendre un petit service avant de rencontrer Tommaso. » « Quel genre de service ? » demanda brusquement Jordan, cherchant déjà un moyen de protéger Gabriel si Leonardo devenait menaçant.
« Déjà, je vais vous poser quelques questions, pour savoir clairement à qui on a affaire. Ensuite vous irez apporter un paquet à un de nos clients » annonça-t-il. « Et si nous refusons ? » interrogea Gabriel, imperturbable. « Ce n'est pas une proposition, c'est un ordre. » affirma-t-il. Jordan et Gabriel ne savaient pas quoi faire, pris au piège dans cette maison isolée de tout.
« Quelle est la nature de votre relation ? » questionna l'homme. Ni l'un, ni l'autre n'avait de réponses. Gabriel réfléchit à une façon d'éviter sa question tout en affirmant une forme de vérité. « Professionnelle. » répondit Jordan, impénétrable. « Mais pourtant vous semblez mieux vous connaître que vous ne voulez le laisser penser... » dit Leonardo. « Nous... nous sommes collègues et il s'avère que... » Gabriel hésita, prenant un temps. « Nous sommes devenus de bons amis, à force de se côtoyer. » expliqua-t-il. « Donc vous vous connaissez bien ? C'est important quand on travaille en équipe, on préfère ça, ça améliore les prestations. » Ils acquiescèrent en même temps.
« Bon, et bien quel est le plus grand défaut de Jordan, Gabriel ? » La prononciation de leurs noms les prit de court, il ne pensait pas qu'ils étaient renseignés à ce point. Gabriel réfléchit, il n'arrivait pas à lui trouver de vrais défauts. « Son impulsivité. » répondit-t-il. Jordan fronça les sourcils, agacé. Leonardo lui demanda de s'expliquer. « Parce que ça peut l'empêcher de voir une situation clairement. » « Et sa plus grande qualité ? » Il réfléchit encore. « Son impulsivité. » Leonardo s'étonna. « Parce que ça lui permet de prendre rapidement des décisions, qui permettent de se sortir de moments tendus. Et ça lui permet de garder l'ascendant mental sur une situation. ».
« Et vous Jordan qu'est-ce que vous en pensez ? » « Je suis plutôt d'accord » admit-il à regrets. « Et donc, quels sont les défauts de Gabriel ? ». Il prit un long temps à répondre, il n'avait pas de défauts, c'était ce qu'il l'avait toujours tellement enragé chez lui. Il n'avait pas de réponse à cette question, il devait en inventer une, il ne pouvait pas se réduire à répondre qu'il n'avait pas de défauts. Ça aurait été trop difficile pour son ego. « Son manque d'énergie. » répondit-t-il, cruellement. Gabriel le dévisagea, prêt à se révolter, mais Jordan l'en empêcha en agrippant sa cuisse sous la table pour qu'il comprenne qu'il fallait le laisser faire et qu'il avait une stratégie. Gabriel, perturbé et incapable de comprendre pourquoi il avait fait ça, maintenant, fut coupé dans son élan. « Il a été contraint de faire ce déplacement, mais je ne suis pas sûr qu'il soit vraiment capable de plus. Il est très fatigué en ce moment, vous devriez me laisser prendre l'entière responsabilité de cette mission . » Leonardo plissa légèrement les yeux. « Gabriel ? » l'appela-t-il, l'incitant à donner son avis. Gabriel comprit que Jordan essayait de le protéger et qu'il le dévalorisait pour qu'il le laisse repartir sans lui, pour qu'il ne soit pas en danger. Gabriel refusait catégoriquement de le laisser y aller seul, pour des raisons allant bien au-delà de son ego. « Jordan dit vrai, je suis assez fatigué en ce moment, mais ça ne m'empêche en aucun cas de poursuivre votre commande. » Jordan lui serra la cuisse, lui faisant presque mal, frustré qu'il ait réussi à déjouer son plan et inquiet à l'idée qu'il lui arrive quelque chose. Gabriel, surpris, sentait son cœur battre dans sa poitrine, incapable de bouger et transpirant de plus en plus.
« Et ses qualités alors Jordan ? » Il ne pouvait pas se résoudre à mentir en lui donnant une qualité médiocre, vu que de toute façon, son plan avait échoué. « Il est très intelligent. Il arrive à comprendre l'enjeu de situations et sait se comporter en conséquences. Il pose aussi toujours les bonnes questions. ». Leonardo regarda intensément Jordan, décelant en lui une forme de jalousie mêlée à une fascination pour Gabriel. Ce dernier, regardait Jordan, ébahi, il n'aurait jamais pu penser qu'il lui lancerait un tel compliment. Gabriel avait toujours douté de lui, incapable de se percevoir à sa juste valeur et Jordan l'obligeait à reconnaître ses qualités. Il le regarda avec émotions avant de revenir sur Leonardo, qui avait un sourire satisfait.
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Un point partout (Attal x Bardella)
FanfictionA seulement 26 ans, Jordan Bardella est le président du premier parti d'extrême droite français et prédestiné à un grand avenir. Mais il doit sans cesse se confronter à un autre prodige de la politique : le jeune Premier ministre Gabriel Attal, qui...