LXVI. Destin

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Sous le regard attentif de Stéphane, Gabriel entra péniblement dans le véhicule qui devait les ramener au quartier général. Il serrait dans ses mains le collier fragile et précieux comme pour se raccrocher au moment qu'il avait vécu plus tôt. Il ne voulait pas y penser, mais les images obsédantes de Jordan tournaient en boucle dans son esprit. Il revoyait son regard, ses mains, le tremblement de ses lèvres lorsqu'il avait prononcé son nom. Gabriel, ne me dit pas que tu m'aimes.

Gabriel.

La voix sèche de Stéphane le fit sursauter, et il releva les yeux vers ceux de son collègue, qui le dévisageait avec une insistance rageuse. Voyant que Gabriel s'était tourné vers lui, il prit un air doucereux.

Ça va? Tu as vraiment l'air mal. Je vais faire le rapport à ta place si tu veux.

Gabriel acquiesça sans un mot, le regard perdu dans le vide. Sans savoir pourquoi, il n'avait pas la force de décliner sa proposition. Il ne savait pas pourquoi il ne parvenait pas à lui résister. Ses pensées lui paraissaient lointaines et confuses. Enfoncé dans son siège, il se mit à somnoler. Les événements de la journée l'avaient drainé de toute énergie. Jordan, Stéphane. Tous ces hommes qui lui faisaient vivre un cauchemar. Il n'avait envie que de calme et de tranquillité. Il ne parvint plus à lutter et sombra dans un sommeil profond.

Monsieur Attal, vous êtes attendus.

Il ouvrit les yeux confusément, tiré de son somme par un homme de main de l'organisation. Il regarda autour de lui, constatant qu'on l'avait déplacé de la voiture pour le ramener dans une salle qu'il ne connaissait pas. Ces moments d'absences, ces réveils dans des lieux inconnus étaient devenus une habitude, à tel point qu'il s'étonnait parfois de se réveiller dans le même lieu que celui où il s'était endormi. Il se leva précipitamment et tenta de remettre un peu d'ordre dans ses cheveux en bataille et ses vêtements froissés avant de le suivre vers un bureau.

Il entra et vit l'homme qu'il avait admiré plus que tout au monde, de dos, regardant par la grande baie vitrée de son cabinet.

Bonjour Monsieur le Président... Vous souhaitiez me parler ?, souffla Gabriel timidement en s'avançant vers lui.

L'homme se retourna aussitôt, un large sourire sur ses lèvres.

Gabriel... Mon plus fidèle agent... Comment vas-tu en ce moment ?

Bien Monsieur, chaque mission est accomplie, comme vous le demandez.

En es-tu sûr Gabriel ? Pourtant on me rapporte que tu es dissipé ces derniers temps.

C'est... Non... C'est simplement beaucoup de pression à supporter, répondit-t-il en essayant de masquer le désarroi qui l'animait en repensant à Jordan.

Trop de pression ? Tu sais qu'on peut te remplacer aussi vite qu'on t'a engagé ? Si c'est trop on peut te rétro-

Non ! Non... Non je suis à la hauteur, ne me remplacez pas s'il vous plaît..., l'interrompit Gabriel, ne pouvant plus supporter qu'on utilise ce mot pour parler de lui. Je ferai tout pour prouver que j'en suis capable.

C'est une bonne chose que tu me dises ça. Il y a justement une tâche faite pour toi.

Laquelle ?, s'empressa de demander Gabriel, pris par la peur de perdre ce pourquoi il avait tout sacrifié.

Tuer Juan Branco, répondit simplement Macron comme s'il s'agissait d'une routine.

Gabriel se pétrifia. Comment ça tuer ?

Un point partout (Attal x Bardella)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant