Une semaine et demie plus tard, Jordan et Gabriel se préparaient pour le gala de charité. Gabriel n'avait pas cessé ses recherches une seconde, au grand dam de Jordan, qui s'était isolé plus d'une fois. L'ambiance était électrique, l'échec n'étant en aucun cas envisageable. Ils se préparaient en silence dans la salle de bain. Jordan n'arrivait pas à nouer correctement sa cravate, trop tendu. Gabriel le remarquant immédiatement, se tourna vers lui. Jordan le regarda un moment, il avait l'air épuisé. Encore plus épuisé qu'à l'hôpital, à la seule différence que ses yeux étaient animés par une rage ostensible. Il ferait tout pour trouver le tableau, la dernière chance de récupérer sa carrière qui lui avait été volée. Il ne supportait plus que son corps ne soit pas assez fort pour survivre à sa détermination infaillible. Il préférait se détruire, haïssant la simple idée qu'il n'ait pas les épaules pour arriver au bout de sa quête, cherchant à se prouver à lui-même qu'il en était capable. Il ne ressentait plus la fatigue, occultée par sa manie. Depuis déjà plusieurs semaines, il ne cessait de travailler par peur que sa carrière lui échappe encore des mains. Il y pensait à chaque seconde, sans relâche, jusque dans son sommeil. Plus rien n'avait d'importance tant qu'il n'aurait pas retrouvé ce tableau.
"On a pas le droit de se rater Jordan. Tu suis le plan attentivement, hein ?" déclara Gabriel, d'un ton autoritaire tout en serrant la cravate de Jordan ardemment, l'étouffant légèrement. "Je sais, je sais.." répondit-t-il, stressé, tout en desserrant son nœud. "Comment je suis ?" demanda-t-il en se regardant dans le miroir. "Parfait." répondit Gabriel sans même lui jeter un coup d'œil, relisant ses notes en écrasant une énième cigarette dans un cendrier déjà trop plein.
"Gabriel ?" appela Jordan dans un murmure en se rapprochant de lui. "Mh ?" répondit-il en allumant une nouvelle cigarette. "Après ça, tout redeviendra comme avant, n'est-ce-pas ?" interrogea-t-il, inquiet. Il y eut un léger silence. Evidemment que non. "Bien sûr, c'est pour ça qu'on fait tout ça. C'est pour que tout redevienne comme avant et que je reprenne un poste convenable au gouvernement." expliqua-t-il. Ce qu'il appelait "un poste convenable" était l'une des places les plus importantes du gouvernement. Certes, moins prestigieuse que le Premier Ministre, mais il ne pouvait pas prendre une place plus importante que celle qu'il cherchait, visant par conséquent, l'excellence. "Et pour que tu puisses redevenir Premier Ministre... A plein temps." continua-t-il, serrant les dents de jalousie. La colère qui l'animait depuis l'épisode en Corse où il s'était senti humilié par Macron, ne l'avait jamais quitté et s'était même intensifiée depuis qu'on les avait mis sur cette affaire. Il devait prouver qu'il valait mieux que ça, qu'il était meilleur. Meilleur que les autres, meilleur que Jordan. Sinon il ne serait que l'ancien Premier Ministre déchu, trop faible pour supporter la pression de ses fonctions.
Jordan se plaça derrière lui pour l'entourer de ses bras, ce qui réconforta Gabriel qui était en réalité extrêmement anxieux à l'idée que quelque chose se passe mal. Il s'abandonna une courte minute à lui se redressant pour pouvoir être collé contre son torse. Cela lui fit un bien fou. Jordan lui faisait un bien fou, malgré la compétitivité à sens unique qu'il ressentait envers lui. Il l'aimait toujours, simplement son cerveau était complètement embrouillé par les sentiments contraires qu'il ressentait. Jordan le serra pour le rapprocher de lui, il ne voulait plus le lâcher. Il était devenu addict à ces courts moments d'amour tant ils étaient devenus rares. Gabriel finissait toujours par s'éloigner ce qui lui arrachait le cœur à chaque fois.
Ils devaient partir pour la soirée, pour une autre nuit interminable. "On se retrouve à 23h dans la voiture prévue par Léonardo." rappela Gabriel, avant de monter dans son taxi. Jordan acquiesça et attendit quelques minutes le sien. Dans la voiture, Jordan prit un temps pour respirer, cherchant à se calmer et à se mettre dans les conditions idéales pour un évènement pareil. Le masque. Celui qu'il avait rangé depuis sa rencontre avec Gabriel. Il arriva quelques minutes plus tard, son entrée était la plus attendue, médiatisée. On ouvrit la portière et Jordan prit immédiatement un sourire forcé. Les flashs des appareils photo, l'éblouissait mais il faisait de son mieux pour garder l'expression de sérénité et de confiance qu'il arborait la majorité du temps.
Gabriel était déjà à l'intérieur, cherchant un moyen de parvenir à son objectif : récupérer une carte d'accès du musée où se trouvait le tableau. Il scruta la salle, il savait que l'homme qu'il cherchait était là. Trouvé. Gabriel lança un léger mouvement de tête à Jordan, qui le regardait depuis le début, attendant son signal. Il se leva et monta sur l'estrade pour faire son discours tant attendu. Il vit au loin Gabriel accroupi, discutant avec un enfant. Ce n'était pas dans le plan. Jordan était indéchiffrable, parfait dans son rôle. "Ce qui arrive aujourd'hui à cette ville est non seulement une tragédie pour la France mais aussi pour le monde qui se voit privé d'un chef-d'œuvre historique. J'ai eu la chance de la voir de mes propres yeux et je ne souhaiterais pour rien au monde que certains en soient privés à cause de voleurs faisant honte à la Nation." déclara-t-il solennellement. N'as-tu pas honte de prononcer un tel discours ? Les applaudissements retentirent dans la salle.
Jordan jeta un regard inintelligible à Gabriel, qui comprit immédiatement où il voulait en venir. Jordan s'absenta discrètement pour aller dans la salle de bain, Gabriel le suivant. Ils rentrèrent dans une cabine, fermant la porte derrière eux. "Qu'est-ce qu'il y a ?" demanda Gabriel. "C'est quoi ce gamin ? Ça ne faisait pas parti du plan." interrogea agressivement Jordan, qui en avait plus qu'assez des changements de dernière minute de Gabriel. "Je lui ai demandé d'aller chercher la carte contre un billet, c'est tout." expliqua-t-il, nonchalant. Jordan le plaqua contre le mur, incapable de maîtriser la colère qui montait en lui. "Mais t'es con ou quoi ? C'est toi qui m'a dit que tu étais sûr qu'il y aurait des membres impliqués dans le vol du prochain tableau. Tu m'as même précisé qu'ils seraient peut être armés. Et toi tu laisses un gamin faire le sale boulot ?" cria Jordan, en appuyant tout son poids sur lui, le broyant entre ses mains. "Ecoute, j'ai mes approches, qui jusqu'ici n'engagent que moi. Seul le résultat compte, peu importe les moyens." répliqua Gabriel, plein de défiance, soutenant son regard.
C'en était trop pour Jordan qui gifla Gabriel. "Alors tous les moyens sont bons pour te montrer à quel point tu te trompes." souffla-t-il, se reculant. Soudainement, ils entendirent des pas dans la salle de bain. Instinctivement, Gabriel plaça sa main sur la bouche de Jordan pour qu'il se taise, ce qui l'insupporta. Ils entendirent des rires étouffés avant qu'un homme se mette à crier. "Attal ! Bardella ! Sortez de là, je sais que vous êtes ici !" Jordan commença à former des injures avec ses lèvres sans émettre le moindre son, interdisant à Gabriel d'obéir aux ordres de cet homme. Ce dernier esquissa un faible sourire satisfait avant d'ouvrir brusquement la porte, faisant sursauter l'homme dans la salle de bain. Jordan se contenait parfaitement, habitué à masquer toute émotion.
"Alors comme ça vous fourrez le nez dans nos affaires ?" demanda l'homme, en se rapprochant dangereusement de Gabriel. Jordan était pris d'une peur panique qu'il lui arrive quelque chose, mais ne laissait rien transparaître. "A votre place, je m'écarterai de cette histoire au plus vite. C'est un conseil d'ami." conseilla-t-il en s'abaissant légèrement pour être à la parfaite hauteur des yeux de Gabriel. "Sinon quoi ?" le provoqua-t-il. "Vous ne préfériez pas savoir." répliqua l'homme en souriant, tout en s'approchant de Gabriel. Il était proche, beaucoup trop proche de lui. Jordan sortit de son mutisme pour le repousser violemment, le prenant de haut grâce à sa taille imposante. "A ta place, je m'écarterai de lui. C'est un conseil d'ami." affirma-t-il, en le prenant à la gorge, un sourire séditieux sur les lèvres. Il relâcha sa prise quelques secondes plus tard qui parurent interminables à l'homme qui tenait ses mains pour se défaire de l'emprise de Jordan. Il regarda avec colère les deux hommes et sortit une arme à feu de sa veste, la pointant sur Jordan, qu'il pensait être un danger imminent. Jordan soutenait son regard avec défiance, il ne bougeait pas d'un millimètre malgré la peur qui l'envahissait. Un self-control irréprochable, fruit d'années de travail. D'un geste vif, parfaitement exécuté, Jordan donna un coup dans l'arme de l'homme et la fit valser par terre.
Il plaqua les épaules de l'homme contre le mur de la salle de bain. "On va être bien clair, si tu touches à un seul cheveu de mon associé ou à ce tableau, tu ne sortiras pas d'ici vivant, c'est compris ?" menaça Jordan, imperturbable. La porte de la salle de bain s'ouvrit et Jordan sortit en même temps qu'un nouvel homme rentrait, suivi par Gabriel.
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Un point partout (Attal x Bardella)
ФанфикA seulement 26 ans, Jordan Bardella est le président du premier parti d'extrême droite français et prédestiné à un grand avenir. Mais il doit sans cesse se confronter à un autre prodige de la politique : le jeune Premier ministre Gabriel Attal, qui...