XXXVIII. Dérapage

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« Je te hais, Gabriel. »

Ses mots, tranchants comme des couteaux, le transperçaient en plein cœur. Jordan, la personne qu'il aimait le plus au monde, le haïssait. Il n'avait aucun mot restant pour décrire ce qu'il ressentait. Il avait déjà vécu le rejet ou l'abandon. Mais la haine ? Jamais personne ne l'avait haï. Il n'avait jamais vraiment eu d'ennemis. Et encore moins un ennemi qu'il aimait de toute son âme. Le silence était la seule réponse possible. Et les larmes. Gabriel n'arrivait plus à bouger, paralysé par la douleur. Il essaya de s'abandonner à la fenêtre mais ses souvenirs étaient comme des coups de poignards dans son esprit. Il ne trouverait plus le sommeil.

Après plusieurs heures de silence, ils réussirent à regagner l'adresse initiale à Rome. Jordan sortit et Gabriel lui tendit le paquet sans le regarder. Jordan comprit qu'il n'allait pas bouger de la voiture. Quelques minutes plus tard, Jordan revint avec deux grandes caisses qu'il mit dans le coffre de la voiture. Il redémarra instantanément et appela quelqu'un qui visiblement lui confirma le lieu où ils allaient dormir. Gabriel ne savait pas de qui il s'agissait et Jordan se gardait bien de lui dire. Il se contenta de lui dire qu'il voulait grossièrement se bourrer la gueule ce soir avant de retourner à Gènes et qu'il s'en foutait de savoir si Gabriel l'accompagnait.

Ils atteignirent le lieu où ils allaient dormir. C'était une petite maison, isolée pareillement aux autres, mais plus moderne. La cuisine donnait sur la mer avec une grande baie vitrée. Il y avait une petite cuisine en pierre et un petit salon très moderne avec un canapé. Jordan se dirigea vers la salle de bain pour se préparer, soit simplement se laver les dents et remettre du parfum. Il prit sa veste prêt à partir, il faisait déjà presque nuit. Gabriel hésita. « Je viens. » annonça-t-il, solennellement. Jordan haussa les épaules et monta dans la voiture, Gabriel le rejoignit quelques minutes plus tard.

Jordan ne lui adressa pas la parole de tout le trajet. Il ne savait même pas où aller, il trouva un bar quelconque duquel émanait de la musique. Il semblait être au bord d'une plage, mais cela n'était pas bien important. Jordan voulait juste boire jusqu'à oublier le maudit choix qu'il avait pris en échange de Gabriel. Ce dernier le suivait péniblement, il était mal à l'aise, ne sachant pas exactement pourquoi il était là. Jordan commanda trois shots qu'il but en trois gorgées rapides pour être dans l'ambiance. Gabriel le regardait, sans savoir quoi faire. Il n'aurait pas dû venir, il l'avait juste fait parce qu'il voulait garder un œil sur Jordan, mais il aurait mieux fait de rester là bas. Jordan n'avait pas envie d'être avec lui, il voulait être seul.

Gabriel s'assit à une table avec un verre et observa Jordan de loin. Ce dernier commençait à sentir la musique battre en lui. Il avait envie de tout. Il rejoignit le peu de gens qui dansaient vraiment. Une fille s'approcha de lui et il sembla lui demander si elle voulait danser. Cette scène rappela à Gabriel cette soirée, où ils étaient ensemble. C'était la première fois qu'ils avaient été aussi proches, c'était sûrement à ce moment-là que Gabriel était tombé amoureux.

Gabriel l'observait la regarder comme s'il n'y avait qu'elle au monde. Il était incapable de dire si Jordan était sincère, s'il ressentait quelque chose envers elle ou pas. S'il y avait une alchimie. Elle lui soufflait des paroles à l'oreille auxquelles Jordan riait. Cette situation devenait insoutenable pour Gabriel, qui regardait Jordan enchaîner les femmes. En même temps, il était vraiment attirant. Il comprenait que ces filles lui tournent autour. Mais il n'arrivait pas à comprendre ce que Jordan leur trouvait de plus qu'à lui.

Un homme d'une cinquantaine d'années s'assit à côté de Gabriel. Il lui parla en italien avant de comprendre que Gabriel ne parlait qu'anglais. « C'est cette femme que vous regardez ? Elle a déjà l'air en bonne compagnie... » demanda-t-il, compatissant. « Pas exactement c'est... C'est l'homme qui m'intéresse. » avoua Gabriel, déçu. « Ah vous êtes... » questionna l'homme d'un ton légèrement méprisant. « Enfin, ça ne change rien, vous inquiétez pas il y en aura pleins d'autres. Vous savez ce qu'on dit, 1 femme... disons 1 homme de perdu, 10 de retrouvés. » rassura-t-il. « Il est venu avec moi. C'est... compliqué entre nous. » expliqua Gabriel. « Bah alors pourquoi vous n'êtes pas entrain de danser avec lui ? » interrogea l'homme, surpris. « Il m'en veut... En même temps, je l'ai trompé. » dit Gabriel, à regrets. « Ça a l'air spécial votre histoire... Mais écoutez, si vous êtes faits pour être ensembles, il reviendra vers vous. Ne vous en faites pas. » affirma l'homme d'un ton rassurant. « Si vous le dites. » répliqua Gabriel, désemparé. « Je vous offre un verre ? Pour vous porter chance plus tard. » proposa l'homme, gentiment. Gabriel acquiesça en souriant faiblement. L'homme s'éclipsa prendre les verres.

Un point partout (Attal x Bardella)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant