XLVIII. Entaille

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Léonardo se mit à rire gravement. "Tu as cru que c'était un contrat que tu pouvais résilier comme tu le souhaitais ?" Jordan se tut, l'alcool l'empêchant de réfléchir proprement. "Qu'on soit bien clairs, c'est soit vous retrouvez ce tableau soit vous mourrez toi et ton petit copain. A ta place, je commencerais à me ranger comme l'a fait Gabriel qui est très prometteur, contrairement à toi. Tu es un raté, un imbécile qui croit pouvoir me donner des ordres, mais il va falloir te rendre compte que c'est moi qui contrôle la partie, c'est compris ?" Jordan n'osa pas répondre, tétanisé par la menace de Léonardo. "C'est compris !?" hurla-t-il au bout du fil, ce qui fit sursauter Jordan. "Oui... oui c'est compris." souffla-t-il. Léonardo raccrocha et Jordan s'effondra.

On va mourir.

On va mourir.

On va mourir.

Je vais mourir.

La gorge de Jordan se serra et des larmes coulèrent le long de ses joues. Il n'arrivait pas à réfléchir. L'alcool l'enfermait dans une boucle ou il lui était répété une seule fatalité: Tu vas mourir. Paralysé par la peur, Jordan était démuni face à tout son environnement. Il jeta une bouteille par terre de toutes ses forces pour dégager la sensation de perte de contrôle qui le rongeait. Il but une longue gorgée avant de briser la deuxième. Désormais complètement soûl, Jordan n'avait aucune idée de la façon dont il retournerait chez lui. Et ça lui était égal, il ne voulait pas reparler à Gabriel.

Il resta là un moment à essayer d'étudier une solution possible, mais son cerveau était embrumé par l'alcool, comme trop souvent. Soudainement il entendit une branche craquer derrière lui. Il sursauta, n'osant pas se retourner. Il tendit l'oreille pour percevoir un son mais il ne reçut qu'un énorme coup de pied le faisant basculer sur le côté. Deux hommes s'approchèrent de lui. "Je rêve ou c'est Bardella ?" dit l'un. L'autre le prit à la gorge, le relevant pour qu'il soit agenouillé. Il inspecta le visage pétrifié de Jordan, mutité. Il se mit à rire. "Je crois bien que c'est ce connard de Bardella." répondit-t-il en le rejetant par terre. "Il faudra réfléchir à deux fois, la prochaine fois que tu privilégies les quartiers riches plutôt que les banlieues en souffrance. Sale menteur. Tu nous avais presque fait pitié avec ta pute de mère." le nargua-t-il. "Je.. je suis désolé.." balbutia Jordan. Les deux hommes se mirent à rire. L'un le prit par les épaules avant de le jeter sur le sol caillouteux de la rivière, lui arrachant un cri de douleur. La tête immergée, Jordan avait du mal à se relever. Il fut aidé par l'autre homme qui le souleva hors de l'eau avant de l'écraser de nouveau sur le sol, le verre se plantant dans sa peau. "C'est dommage que tu te sois retrouvé là, Bardella. C'est notre zone. Il fallait pas venir ici. Et encore moins sans un de tes sbires pour te protéger." L'un l'immobilisa pendant que l'autre lui donnait des coups dans le dos. "Je vous... en prie.. Arrêtez." supplia Jordan à bout de souffle.

"C'est ce qui arrive quand on fait des choix de merde, ça se retourne contre nous." dit l'un. Ivre, Jordan oublia qu'il faisait référence à son projet de loi d'il y a quelques semaines, persuadé qu'il lui reprochait cet appel avec Léonardo. "Je ne le referai plus... promis. Je remplirai ma mission... Je ne veux pas mourir..." murmura Jordan, les larmes aux yeux. "Une énième promesse en l'air, hein ?" Une énième fois où il abandonnait Gabriel. Un des hommes lui asséna un ultime coup dans le ventre avant de s'éloigner en riant.

Jordan gisait au sol. Il rampa pour récupérer son téléphone. La vitre était fêlée. Il rassembla toutes ses forces pour appeler un taxi, sachant pertinemment qu'il n'allait pas s'en sortir s'il se mettait à conduire dans un tel état. Il récupéra ses lunettes, brisées. Il ne pouvait plus se cacher. Il se releva avec difficultés, titubant jusqu'au point de rendez-vous.

Un point partout (Attal x Bardella)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant