Un point partout (Attal x Bardella)

LIV. Contradiction

Gabriel était aux côtés de Séjourné et Darmanin dans un taxi. Un gala de charité suivi d'enchères était organisé ce soir. Ils avaient pour mission de voler certains des objets qui allaient être vendus.

– Mon dieu..., souffla Darmanin en souriant, son téléphone à la main. Bardella a un nouveau mec, ricana-t-il en regardant Gabriel. Sans rien dire, ce dernier déroba son portable pour voir à quoi il faisait référence. Son cœur rata un battement lorsqu'il vit clairement Juan Branco et Jordan s'embrasser. Dis-donc, il enchaîne, j'avais cru que c'était un peu sérieux entre vous. Enfin quoique... c'est vrai que depuis la couverture du Paris-Match...

– Non mais il est avec ce type là !?, s'écria Gabriel, hors de lui, avant de se ressaisir aussitôt en réalisant ce que son interlocuteur venait de lui dire. Mais... de quoi tu parles ? Il n'y a rien entre...

– Gabriel. Tout le monde sait, l'interrompit Stéphane d'un ton calme.

Un silence assourdissant s'immisça dans la voiture. Gabriel n'arrivait pas à rassembler les pensées qui déferlaient en lui. Comment ça tout le monde sait ? Et qu'est-ce que Jordan fout avec Branco ? Il m'a remplacé ? Il comprenait que Jordan venait de le trahir alors que Gabriel lui avait accordé sa confiance, s'était confié à lui sur son passé difficile. Il avait eu le sentiment qu'il était compatissant. Mais il s'était joué de lui une énième fois et pour de vrai. S'il ne s'agissait que d'une collaboration, alors les choses auraient été difficiles mais le voir avoir une telle relation avec l'homme qui avait cherché à détruire sa vie lui était insupportable.

– D'où tu tiens cette photo ?, questionna froidement Gabriel, en lui rendant son téléphone.

Darmanin haussa un sourcil, l'air étonné.

– Décidément t'es vraiment à la ramasse. De Mimi Marchand, qui tu veux que ce soit d'autres ?, rétorqua-t-il, avec un gloussement.

– Encore elle ? J'en entends tout le temps parler, mais... elle a vraiment tant d'influence que ça ?, demanda Gabriel, incrédule.

Darmanin reprit un rire gras.

– Tu plaisantes ou quoi ? Depuis son affiliation avec les Macrons, elle a tout le pouvoir qu'elle veut. Elle a la main mise sur la presse, c'est toujours elle qui a le dernier mot sur ce qui sort, sans elle ça aurait été impossible. Elle couvre le groupe depuis sa création.

– Donc ça veut dire que depuis le début, toutes les galères que j'ai eu avec la presse au final c'était elle qui décidait comme ça lui chantait de les régler ou non ? Mais c'est n'importe quoi, ça veut dire qu'on dépend tous d'elle !, s'exclama Gabriel, révolté que son image soit entre les mains d'une femme aussi imprévisible.

– Franchement tu pourrais la remercier, c'est elle qui t'as sauvé la peau pour le musée à la Défense. En plus, avec Bardella ? Et puis même, y'a des photos compromettantes de vous qui traînent, même pour rire je les regarde pas, continua Darmanin, en prenant un air dégouté.

Gabriel lui jeta un regard noir, envahi par la honte. Il n'en pouvait plus d'être condamné à rester avec des gens aussi mal éduqués et désagréables qu'eux. Il se réjouissait du moment où il pourrait prendre congé d'eux, seule chose à laquelle il s'accrochait pour pouvoir survivre à ces moments insoutenables.

Ils finirent par arriver. Gabriel, obsédé par cette photo de Jordan, essaya de la chasser de son esprit pour se concentrer sur leur mission. Il scanna la salle pour évaluer la situation. Ce n'était pas le bon moment pour commencer à agir, il devait encore saluer tout un tas d'invités.