LXXII. Dilemme

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Des coups de plus en plus forts retentissaient à la porte. Instinctivement, Gabriel se blottit contre Jordan, cherchant sa protection. Ce dernier s'étonna une seconde avant de l'accueillir dans ses bras. Les deux hommes se turent et cherchèrent à avancer dans la maison pour sortir par la porte arrière. Alors qu'on tambourinait à la porte, ils attrapèrent leurs armes et leurs sacs prêts à quitter le bâtiment.

Jordan ouvrit doucement la porte arrière, son pistolet à la main, prêt à tirer. Il entendit la porte de devant se briser et des lourds bruits de pas rentrer dans la pièce principale. Il prit le bras de Gabriel pour le sortir et referma doucement la porte derrière lui. Les deux hommes restaient collés au mur, qu'ils allaient longer pour observer les alentours. Personne pour l'instant. Jordan jeta un regard inquiet à Gabriel qui passa une main rassurante sur son visage comme pour lui signifier que tout irait bien.

Ils commencèrent à s'éloigner d'abord en marchant puis en courant, la peur leur faisant perdre leurs moyens. Leur respirations se saccadaient. Ils étaient toujours traqués. Au bout de quelques temps, ils comprirent que plusieurs personnes les pourchassaient à travers la forêt. La peur les animait, cherchant à comprendre pourquoi est-ce que ces hommes ne leur tiraient pas dessus.

Ils nous veulent vivants, comprit soudain Gabriel, à bout de souffle.

Ils continuèrent à courir pendant de longues minutes. Il devenait évident que s'ils s'arrêtaient les hommes allaient finir par les attraper. L'oxygène commençant à manquer à Gabriel, il n'eut pas le temps de voir la racine sous ses pieds et s'écrasa au sol. Jordan se précipita aussitôt vers lui, le relevant immédiatement pour qu'ils reprennent leur course. Mais la distance se réduisait tant et plus entre les deux camps.

Je n'en peux plus Gabriel... Je ne sais pas si je vais... tenir encore longtemps, murmura Jordan, haletant péniblement. Si je m'arrête, tu dois me promettre que tu ne te retourneras pas.

Gabriel regarda une seconde dans le vide.

Non... non je ne peux pas, souffla-t-il, désespéré.

S'ils te prennent aussi il n'y aura aucun moyen de nous sauver, continua Jordan, incapable de parler plus longtemps sous peine de s'écrouler sous la fatigue.

Les hommes s'approchaient d'eux, ils étaient plus rapides, ils allaient les avoir. Jordan se démenait pour continuer à courir. L'effort était surhumain. La sueur coulait le long de ses tempes, il avait rarement eu aussi chaud de toute sa vie. Il luttait intérieurement pour endurer la douleur que lui provoquait cette fuite. Gabriel serrait sa main, il semblait que ce contact soit la seule chose tangible en cet instant.

Il ne pouvait pas abandonner, Gabriel lui donnait la force qu'il n'avait jamais trouvé dans cette vie qui l'avait déchiré. Il repensait à Gabriel, ce rêve d'être ensemble loin de tout, elle le poussait à courir encore quelques mètres. Jordan hurla un cri vif, puissant, un cri de vie avant de s'écrouler au sol, paralysé par la fatigue, tous ses muscles convulsant face à la force qu'il avait dû montrer.

Gabriel s'arrêta, acceptant sa destinée et prit Jordan dans ses bras, au sol.

Vas-t'en Gabriel, vas-t'en, je t'en supplie, s'écria Jordan, les larmes dans les yeux, tournant frénétiquement la tête en arrière pour voir le temps qu'il leur restait. Dans la panique il essayait de repousser Gabriel pour qu'il continue sa course mais il le tenait plus fort. Vas-t'en..., souffla-t-il, vaincu, en s'écroulant dans ses bras.

Je ne t'abandonnerai plus jamais. Si tu meurs je meurs, si tu souffres je souffre et rien ne changera plus jamais ça. Ils pourront tout nous prendre mais jamais nous séparer, murmura Gabriel, un sourire paisible sur le visage, avant de l'embrasser doucement une dernière fois.

Un point partout (Attal x Bardella)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant