XLV. Recherches

898 44 26
                                    


Gabriel regarda immédiatement autour de lui, cherchant le moindre élément pouvant lui donner un indice sur l'emplacement du fameux tableau. Il n'y avait que des palettes de transports vides dans un coin de la pièce. Gabriel se jeta sur elles, inspectant s'il n'y avait pas un indice. Un papier bleu avec des inscriptions en russe gisait au sol. Gabriel se précipita pour le prendre et le fourra dans sa poche. Malgré son attention accrue, ses autres recherches se révélèrent infructueuses. Alors qu'il soulevait une palette, il entendit le loquet du hangar s'ouvrir. Gabriel s'empressa de se cacher contre le mur adjacent à la porte. Un garde entra. Gabriel retint sa respiration, son cœur déchirant sa poitrine.

Alors que l'homme s'avançait, Gabriel profita du fait qu'il était de dos, pour sortir en faisant le moins de bruit possible. Par chance, les gardes étaient toujours aux côtés de Jordan, qui hurlait quelques mètres plus loin. Gabriel s'éloigna du hangar et passa un bref coup de fil à un garage pour qu'ils viennent les chercher. Il se rapprocha d'eux. "Désolé, ils ne parlaient pas bien anglais, ça a été long de leur faire comprendre où aller." dit Gabriel, d'un très mauvais anglais. Jordan se retint de rire en entendant l'abominable accent qu'il venait d'imiter.

Gabriel s'accroupit auprès de Jordan, l'aidant à se relever. Ce dernier poussa quelques cris de douleurs avant de se laisser faire, s'appuyant contre Gabriel pour soutenir sa jambe soit-disant blessée. Jordan s'assit sur le siège passager attendant la dépanneuse, tandis que Gabriel s'adossa sur la voiture tout en faisant des recherches sur son téléphone.

Une heure plus tard, un garagiste arriva et embarqua Jordan et Gabriel. Ils attendirent encore des heures durant avant de pouvoir reprendre leur route. Enfin seuls, Jordan ne put retenir une seconde de plus l'impatience qui le guettait concernant les trouvailles de Gabriel. "Alors ?" s'écria-t-il, optimiste. La voiture était arrêtée au bord d'une route ne menant nulle part. Gabriel regarda au loin, attristé. "Vide." Jordan s'enfonça dans son siège, prenant sa tête entre ses mains, désespéré. "Juste ça." souffla Gabriel en lui tendant le bout de papier. Il s'agissait d'un coupon bleu avec un logo en forme de lézard. Un numéro était inscrit, mais tout le reste était illisible, écrit en cyrillique.

"Il faudrait le traduire..." souffla Jordan, en examinant attentivement le papier. "C'est toujours mieux que rien mais... je dois reconnaître que j'y croyais. J'imaginais déjà reprendre ma vie normale." avoua Gabriel, désillusionné. Jordan lui prit la main, rassemblant toutes ses forces pour rester positif. "On va y arriver mon Gaby." le motiva-t-il. "Ne m'appelle pas comme ça, je déteste ce surnom." rétorqua Gabriel, contrarié. "Moi j'aime bien... Mon Gaby." le taquina Jordan tout en lui ébouriffant les cheveux. "Arrête ça, tu vas me décoiffer." râla Gabriel tout en arrangeant ses mèches, ce qui amusa Jordan.

De nouveau chez eux, Gabriel s'attela immédiatement au travail de traduction que requérait le billet inconnu. Jordan se sentait drainé par cette journée où ils n'avaient fait qu'attendre. Il était prêt à s'écrouler dans son lit, mais voyant l'énergie que Gabriel mettait dans ses recherches, il fut convaincu que celui-ci allait manquer un repas, ce qu'il ne pouvait tolérer. Sans que Gabriel le remarque, Jordan s'aventura dans la cuisine. Il n'avait jamais été fort en cuisine, Nolwenn s'en était toujours occupé. Mais l'amour qui le portait le poussait à tout essayer pour faciliter la vie de Gabriel. Et s'il devait se mettre à cuisiner pour lui plaire, il le ferait.

Il inspecta les placards et tomba sur des pâtes. Un souvenir d'enfance de sa grand-mère italienne lui parvint. Elle cuisinait les meilleures tagliatelles bolognaises qu'il avait mangées de toute sa vie. C'était l'un des seuls souvenirs qui lui restait d'elle après qu'elle soit décédée tragiquement dans son enfance. Animé par la réminiscence de ses gestes, Jordan se déplaçait dans la cuisine, retraçant ses mouvements qui étaient gravés dans son sang. Il fit bouillir de l'eau. Il trouva de la viande hachée et quelques tomates que Gabriel avait dû acheter pendant qu'il dormait.

Il n'était pas sûr de comment faire la sauce. Il chercha une recette sur son téléphone et commença à cuisiner. Il suivit minutieusement la marche à suivre jusqu'à l'obtention du plat. Il se donna un mal fou à dresser deux assiettes et prit même le soin de couper une petite feuille de basilic du jardin pour la décoration.

Très fier de lui, il s'approcha de Gabriel pour lui donner son assiette. Ce dernier prit un air étonné, sachant pertinemment que Jordan n'avait quasiment jamais cuisiner de sa vie. Ce dernier était très nerveux à l'idée que son plat ne soit pas à la hauteur des efforts qu'il avait fourni. Scrutant chaque trait de Gabriel à la recherche d'une réponse concernant ce qu'il en pensait, Jordan n'arrivait pas à tenir en place.

"Je voulais préparer un dîner en.." amoureux. Jordan le regarda profondément. Il se sentait amoureux de Gabriel, ce qu'il n'avait jamais réalisé aussi clairement qu'à ce moment-là. Jordan était écarlate, debout comme un imbécile, hypnotisé par Gabriel qui mangeait le plat qu'il avait eu tant de mal à préparer tout en pianotant sur son ordinateur. "Gabriel ?" appela Jordan pour obtenir toute son attention. Il leva les yeux de son écran. Légèrement mal à l'aise, Jordan eut l'irrépressible envie de savoir ce que Gabriel pensait vraiment de son plat. "C'est bon ?" demanda timidement Jordan. "Oui, c'est très bon, c'est peut être juste un tout petit peu trop salé, mais c'est vraiment délicieux autrement." répondit Gabriel enthousiaste tout en reposant ses yeux sur son ordinateur.

Jordan alla chercher son plat dans la cuisine pour manger avec lui. Il était lui-même curieux de savoir ce qu'il allait en penser. Il s'assit pour goûter ses pâtes à côté de Gabriel. Il prit une bouchée. C'était horriblement salé. "Mais c'est immangeable !" s'exclama Jordan, l'air dégoûté. Gabriel hurla de rire. "Ne me mens pas comme ça la prochaine fois !" s'indigna Jordan, amusé. "J'ai dit la vérité, c'est un peu trop salé." lui répondit Gabriel, entre deux rires. "Non mais là, ce n'est pas comestible." affirma Jordan, vaincu, en reprenant les assiettes pour les jeter.

Il revint s'asseoir à côté de Gabriel. "Désolé pour ça..." souffla Jordan, avant de s'écrouler sur la table comme pour dormir. Il regardait l'écran de Gabriel. Ce dernier lui caressait la tête, le relaxant et l'emmenant au sommeil. Quelques minutes plus tard, Gabriel le réveilla. "J'ai du nouveau ! Le billet atteste qu'une cargaison, indiquée grâce au numéro, a été transportée de ce hangar jusqu'à Saint-Etienne... En France." expliqua-t-il, en relisant ses notes. "Je pense pouvoir trouver de quelle cargaison il s'agit, mais il me faut encore quelque temps. Dans tous les cas, je pense que le mieux ce serait d'aller à Saint-Etienne, on a pas d'autres pistes." continua-t-il. Jordan acquiesça, l'épuisement l'empêchant de former une phrase compréhensible. Il se leva pour aller se coucher, espèrant que Gabriel le suivrait, mais il était déjà replongé dans ses recherches. "Bonne nuit chéri." souffla Jordan en rentrant dans la chambre. Gabriel fut saisi par des papillons dans le ventre, sans même avoir le temps de lui répondre puisque Jordan dormait déjà.

Il prit un temps pour se rendre compte de la chance qu'il avait de l'avoir. A tous ses souvenirs qu'ils avaient créés ensemble. Qu'ils allaient créer ensemble. Gabriel était saisi par un nouveau sentiment qui l'emplissait d'un bonheur immaculé. L'amour, comme il n'avait jamais eu la chance de le connaître.

Un point partout (Attal x Bardella)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant