Les deux hommes marchaient dans la rue. Ils étaient vraiment mal en point, Gabriel mentalement et Jordan physiquement. Gabriel prenait appui sur lui pour marcher. Ils se dirigeaient vers un autre bar plus proche. Ils finirent par trouver un joli bar avec des tables. Il y avait une soirée salsa à l'intérieur. La musique était entraînante et les deux hommes riaient en regardant les gens danser. Jordan avait pris un cocktail pour se sentir un peu plus à l'aise. Ils se regardaient sans trop oser parler.
« Désolée pour tout à l'heure » commença Jordan « je te taquinais simplement, j'étais sûr que j'allais être celui qui perdrait ce soir, mais... » il regardait son verre et tournait la paille nerveusement « il faut croire que les Français en ont décidé autrement. ». « Ne t'inquiètes pas, c'est cette dissolution qui m'a mis hors de moi, je risque de tout perdre à cause de ce con de Macron. J'ai tellement travaillé pour être premier ministre et voilà qu'il fout tout en l'air. » dit Gabriel, toujours agacé. « Je comprends complètement » répondit Jordan avec un sourire, « c'est la première fois qu'on me prend au sérieux je ne peux pas imaginer ce que je ressentirais à ta place. ». Ils se sourirent. « Bon, changeons de sujet, ça te dit d'aller danser ? » continua Jordan avec un air joueur. « Quoi mais je... je n'ai jamais fait ça de toute ma vie et bon c'est de la salsa en plus, je ne sais pas trop... » disait Gabriel très anxieux.
« Je ne l'ai jamais dit à personne mais j'ai fait beaucoup de salsa plus jeune, enfin c'est ma mère qui voulait absolument, elle me disait que ça me servirait pour plus tard. Et bon... disons que j'ai quelques restes. » disait Jordan, mais cela ne semblait toujours pas convaincre Gabriel qui était très méfiant vis à vis de la proposition de son ami. « Alleeezzz ça va être drôle Gabriel » disait Jordan, déjà debout prêt à danser. « Non je ne sai-», Jordan ne lui laissa même pas le temps de finir sa phrase qu'il l'emporta sur la piste de danse. Jordan prit tout de suite le rôle de meneur pour guider Gabriel qui semblait être complètement déboussolé. Il se débattait un peu ce qui empêchait Jordan de le guider correctement. « Allez... laisse toi faire, tu ne fais qu'empirer les choses » disait Jordan avec un grand sourire. Il prit sa taille et Gabriel se laissa finalement guider par Jordan. Les deux hommes riaient beaucoup. Ils ne faisaient plus qu'un, Jordan était étonnamment doué pour guider Gabriel qui n'avait jamais dansé de toute sa vie. Ils étaient extrêmement à l'aise et même Gabriel se prêtait au jeu. « Alors ? Tu vois que je t'avais dit que ce serait marrant ! » criai Jordan, la musique étant trop forte. « J'aime être avec toi... » répondit Gabriel trop doucement pour être entendu. « QU'EST-CE QUE TU AS DIT ? » hurla Jordan. Gabriel était en fou rire, laissant Jordan dans l'incompréhension. Ils se regardaient intensément, Gabriel trouvait Jordan de plus en plus séduisant, dans une certaine mesure bien sûr car ils restaient ennemis politiques, etc, etc... Mais qu'est-ce qu'il aimait être avec lui, il avait le sentiment que Jordan lui faisait oublier tous ses problèmes.
Ils étaient extrêmement proches, quasiment l'un contre l'autre. Le cœur de Jordan battait la chamade plus il s'approchait de Gabriel et c'était la même chose pour lui. Ils étaient désormais à quelques centimètres l'un de l'autre, ils se regardaient intensément, presque amoureusement mais ni l'un ni l'autre n'en avaient conscience. Gabriel s'approchait encore de Jordan, lorsque celui-ci s'écarta brusquement. C'était trop pour lui. Ils étaient beaucoup trop proches à son goût. Cela le mettait mal à l'aise même s'il s'entendait très bien avec Gabriel ils n'étaient pas amants non plus. Ce dernier le dévisageait, dans l'incompréhension de la distance qu'il venait de mettre. « Excuse-moi, je... je ne suis plus si à l'aise. » confia Jordan, ôtant ses mains de la taille de Gabriel.
Cela jeta un froid entre les deux hommes, Jordan était très mal à l'aise et Gabriel avait le sentiment d'être allé beaucoup trop loin. Ils étaient gênés tous les deux. « C'est juste que... c'est vis à vis de Nolwenn, je ne trouve pas ça correct, même s'il n'y a rien entre nous, hein mais... ça ne se fait pas. » dit Jordan. Gabriel fronçait les sourcils, il était sur qu'elle ne comptait pas pour lui « Tu te préoccupes vraiment d'elle ? Je croyais que c'était juste pour obtenir cette place de président. » dit-il froidement, vexé. « Oui, mais... enfin tu comprends si ça s'apprend les gens pourrait méprendre ça pour..., tu vois. » dit Jordan sans le regarder. « Méprendre ça pour quoi ? Vas y dis le ! » dit Gabriel, furieux. Sa colère étonna Jordan qui ne comprenait pas sa réaction soudaine. Pour lui, il n'y avait rien entre eux et il n'y aurait jamais rien. Il n'était même pas gay d'ailleurs, enfin ça Gabriel ne le savait pas, mais lui en était convaincu. Il ignorait complètement les sensations qu'ils ressentaient quand ils étaient ensembles, quand ils dansaient, ainsi que les rêves qui le poursuivaient la nuit, car reconnaître qu'ils existaient était reconnaître que Gabriel ne le laissait pas indifférent et il en était parfaitement incapable. Il préférait encore se convaincre qu'il aimait Nolwenn.
« Non mais attends, il n'y a jamais rien eu entre nous. Je ne te suis pas là. » dit Jordan, sans même saisir la portée de sa phrase. Gabriel était bouche-bée, blessé, utilisé, il avait la confirmation que Jordan se servait de lui comme d'une petite expérience pour savoir quelle était sa véritable orientation. Il ne pouvait pas en entendre plus, il quitta subitement le bar, laissant Jordan seul avec une réponse plus qu'évidente : pour Gabriel, ils étaient bien plus que des adversaires, même plus que des amis.
Jordan se fraya un chemin hors du bar pour rattraper Gabriel. Il pleuvait toujours autant. Jordan le cherchait partout du regard mais il ne le voyait plus. Il avait disparu. Jordan se mit à courir dans la rue pour le chercher. Il vit une silhouette au loin. Gabriel. Il courra vers lui. Jordan arriva, essoufflé, mais il n'y avait personne. Gabriel s'était volatilisé. Jordan ne comprenait pas ce qu'il lui avait pris. Il n'avait rien dit de mal. C'était juste la pure vérité. Ils étaient amis et ils passaient de bons moments ensemble mais c'était tout. Il essaya de l'appeler, mais il ne répondait pas. Il lui envoya un message :
Excuse-moi, je ne voulais pas te vexer, je ne comprends pas bien ce que j'ai dit de mal, j'avais le sentiment qu'on était sur la même longueur d'onde. Rappelle-moi au plus vite, s'il te plaît. Et fais attention dans la rue, aussi.
Jordan était inquiet de ce qu'il pouvait arriver à Gabriel, seul dans la rue. Il ne voulait pas le retrouver comme plus tôt dans la soirée. Il en avait presque oublié qu'il ne ressemblait à rien, que sa chemise était déchirée et qu'il saignait toujours un peu au coin de la bouche. Il rentra donc chez lui, seul. En arrivant, il s'écroula sur son lit, en repensant à ce qu'il avait dit à Gabriel. Il se rappelait de cette soirée, il en avait mal au ventre. Il avait adoré danser avec lui. Mais ça ne voulait rien dire, hein ? Il ne savait pas. Il voulait être avec lui et il ne comprenait pas pourquoi. Il ne pouvait pas comprendre l'amour, il n'avait jamais aimé. Il pensait qu'il ressentait ça juste parce qu'ils s'entendaient bien. Il se mentait à lui-même. Comme par exemple, penser qu'il n'avait pas envie que Gabriel soit encore avec lui, alors que c'était tout le contraire. Il aurait voulu l'avoir dans ses bras, même s'il n'arrivait pas à se l'avouer.
De son côté, Gabriel avait les larmes aux yeux. Il voyait en Jordan un sauveur, qui le sauverait de son existence misérable. Celui qu'il aimait. Celui avec qui il avait passé ces merveilleux moments. Il n'avait jamais ressenti ça de toute sa vie. Il pensait pouvoir enfin se libérer de l'emprise que son conjoint avait sur lui. Il savait qu'il lui tomberait dessus et lui poserait mille questions en rentrant du à l'échec et surtout du à son absence. Il exigera immédiatement de savoir où il avait passé sa soirée, avec qui, et il devrait mentir, et il verrait qu'il mentirait. Et ensuite... Gabriel ne préférait pas y penser. Il vit le message de Bardella, cela ne l'importait plus, il devait l'oublier, il ne le sauverait pas.
Jordan n'arrivait pas à dormir, il ne faisait que penser à Gabriel, il voulait encore lui envoyer un message pour s'excuser, il voulait lui dire qu'il ne pensait pas ce qu'il avait dit, mais il ne savait pas comment lui dire. Il pensait à lui, profondément, il voulait qu'il soit à ses côtés mais il ne pouvait juste pas l'assumer. Il s'endormait en repensant à la façon dont il l'avait pris par la taille et l'avait fait dansé. Il voulait recommencer mais c'était fini, il dirait à Marine que tout serait fini.
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Un point partout (Attal x Bardella)
FanfictionA seulement 26 ans, Jordan Bardella est le président du premier parti d'extrême droite français et prédestiné à un grand avenir. Mais il doit sans cesse se confronter à un autre prodige de la politique : le jeune Premier ministre Gabriel Attal, qui...