LX. Libération

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Jordan se réveilla quelques heures plus tard avec un affreux mal de tête. Il était de nouveau dans cette salle avec un médecin en train de l'ausculter.

Bon, heureusement vous n'avez rien de cassé, vous allez enfin pouvoir sortir de ce lit.

Jordan se redressa difficilement. Il devait sortir d'ici tout court. Il se leva doucement, chacun de ses membres l'assommait de douleur mais il devait résister au moins le temps de sortir d'ici. Un costume à sa taille l'attendait à côté de lui. Il l'enfila et sortit de la chambre où des hommes l'attendaient pour vérifier qu'il n'essaierait pas de s'enfuir. Gabriel était toujours attaché au centre de la pièce.

Pour leur plus grande surprise, tous les hommes partirent de la salle, les laissant seuls. Gabriel le regardait avec pitié.

Libère-moi, c'est notre chance ou jamais.

Jordan émit un petit rire agacé et prit un chaise pour s'asseoir en face de Gabriel.

Je crois qu'on devrait d'abord avoir une petite discussion, n'est-ce pas ?

Après, Jordan, on aura pas une deuxième chance comme celle-là, libère-moi. Dépêche-toi, ordonna Gabriel fermement.

Il va falloir te défaire de cette mauvaise habitude que tu prends de me parler comme si j'étais à ton service, souffla Jordan tout en serrant le poing. Il ne parvenait pas à contenir sa colère comme il l'aurait voulu.

Mais qu'est-ce-qui te prends ? On a failli mourir ici et tu perds du temps pour rien. On discutera après je t'ai dit, il faut que tu me libères et qu'on parte d'ici.

On sortira d'ici quand tu arrêteras de mentir, rétorqua Jordan, le regard brûlant.

Mais qu'est-ce que tu racontes ? Me dis pas que tu as cru à ce que ces hommes t'ont dit ? C'est évident qu'ils veulent nous monter l'un contre l'autre!

Jordan hésita un instant. Gabriel avait l'air sincère. Mais il n'avait fait que le manipuler tout ce temps. Il utilisait ses sentiments envers lui pour faire de lui ce qu'il voulait. Jordan luttait pour ne pas céder à la tentation de le croire. Il savait qu'il mentait, et ce depuis le moment où ils s'étaient faits enfermer ici. Il savait depuis plusieurs mois que quelque chose n'allait pas avec Gabriel et son appartenance à Némèce ne faisait qu'expliquer son changement radical.

Arrête. Ça ne marche plus. Je sais que tu mens, depuis le début.

Mais je te promets que non !, s'écria Gabriel en se jetant en avant, se rapprochant de quelques centimètres de Jordan.

Gabriel, arrête de t'épuiser j'ai vu les preuves. Et j'ai aussi compris que tu pourrais mentir au coût de ma vie, sans aucun scrupules.

Mais ce n'est..., souffla Gabriel, décontenancé par la colère dont Jordan faisait preuve à son égard.

Tais-toi. C'est par ta faute qu'on est dans cette situation. Ce que tu m'ordonne de faire c'est de réparer tes erreurs. Et c'est à cause de toi si on a failli y passer hier. C'est à cause de toi qu'on a tellement souffert ces derniers mois. A cause de ton égoïsme vis-à-vis de tes intérêts qui méritent visiblement tous les sacrifices. Et la vérité, c'est que tu savais que j'étais indispensable à la réussite de tes plans, asséna impitoyablement Jordan.

Mais je t'-

Alors tu m'as fait croire que tu m'aimais pour pouvoir être sûr que je n'essaierai pas de te fuir, l'interrompit Jordan à regrets, blessé d'arriver à une telle conclusion.

Gabriel resta muet, incapable de trouver quoi lui répondre. Il ne pouvait pas croire que Jordan fasse preuve d'autant d'injustice à son égard. Il en avait fait aussi des erreurs, mais Gabriel l'avait toujours compris et pardonné aussitôt.

C'était toi qui m'avait dit qu'aimer ou du moins être amoureux ça voulait dire que plus rien d'autre n'avait d'importance. Si tu m'aimais vraiment, tu aurais placé tes intérêts après moi, tu m'aurais évité des souffrances injustifiées, tu m'aurais évité des blessures qui me laisseront des cicatrices à vie.

Écoute Jordan, on est pas dans un conte de fée. Je ne peux pas toujours te faire passer en premier. On a des devoirs et des obligations, rétorqua Gabriel tout en le défiant du regard. Il ne supportait plus de passer pour le coupable alors qu'il avait lui aussi subi tellement de violences.

Mais on a toujours le choix. Et toi tu as fait le choix de me sacrifier, de me briser juste pour arriver à tes fins. Depuis le début, on aurait pu trouver un moyen de faire marche-arrière. Mais qui est-ce qui a refusé en bloc toutes les solutions alternatives ? Toi. Et au prix de tout. Juste pour sauver ta misérable carrière, répliqua Jordan, se laissant emporter par la rage.

Il ne comprenait pas comment Gabriel pouvait faire preuve d'autant de mauvaise foi. Il avait cru que ce dernier s'excuserait. Il avait cru qu'ils pourraient repartir de zéro une fois de plus, que cet incident ne constituerai qu'une aventure de plus dans leur histoire déjà compliquée. Mais il se heurtait à un mur.

Tu ne comprends rien, soupira Gabriel en secouant la tête. Tu n'as aucune idée de ce que j'avais à perdre. Tu crois que c'était facile pour moi ? Je voulais te protéger, te laisser en dehors de tout ça!

Me protéger ? Comme si c'était moi qui avait besoin d'aide, alors que tu es tellement fragile que je suis obligé de te materner pour que tu tiennes le coup.

Je ne t'ai jamais rien demandé.

Alors je ne te dois rien non plus, conclut Jordan avec amertume.

Il s'éloigna de quelques pas avant de s'arrêter net en entendant Gabriel répliquer dans son dos.

C'est ça, de toute façon tu as toujours su t'enfuir mais tu finis toujours par rappliquer en pleurant comme un chien égaré.

Il se retourna brusquement pour regarder Gabriel, une rage brûlante au fond des yeux. Il s'avança vers lui et le gifla de pleine face, d'une main plus puissante, plus précise que ce que Gabriel n'aurait jamais pu lui infliger. Sous le choc, ce dernier regarda avec effroi Jordan qui se penchait vers lui.

Je pourrai te tuer Gabriel, tu le sais. Tu l'as toujours su. Tu n'as jamais fait le poids face à moi. Alors ne me cherche pas trop. Sinon je pourrais finir par revenir, mais sûrement pas comme tu le voudrais, chuchota Jordan dans son oreille, d'une voix que Gabriel ne lui connaissait pas, glissant les clés des menottes entre les mains de ce dernier.

Il se releva et quitta la pièce. Les gardes l'attendaient dehors.

Je voudrais voir Branco, ordonna Jordan d'une voix autoritaire.

Les hommes acquiescèrent et l'amenèrent jusqu'à son bureau. Jordan entra dans la pièce pour faire face à l'avocat, qui leva les yeux vers lui.

C'est d'accord, je rejoins vos rangs mais à une seule condition : c'est moi qui m'occuperait personnellement de faire tomber Attal.

Un point partout (Attal x Bardella)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant