XLIII. Inspirations

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"Seulement amis ?" redemanda Jordan, amusé. Ils étaient à quelques centimètres l'un de l'autre, Jordan le dévorant du regard. "Et bien oui Monsieur Rossini, nous sommes collaborateurs, n'est-ce-pas ?" lui répondit calmement Gabriel. Jordan le plaqua contre le mur. « Répète ça. » lui ordonna-t-il, réduisant la courte distance entre eux. Gabriel le regarda avec défiance mais Jordan restait fixé sur ses lèvres. Gabriel ne put s'empêcher de relever encore une fois son menton à hauteur de ses yeux. « Bonne nuit Monsieur Rossini, à demain. » lui dit-il en prenant un air provocateur, s'échappant de ses bras. Jordan le retint fermement, leurs bouches se frôlant. « Si tu savais à quel point j'ai envie de t'enlever ce petit sourire arrogant » asséna Jordan, retenant autant que possible l'attirance qu'il éprouvait pour Gabriel. « Je n'attends que ça ».

Jordan ne put tenir une seconde de plus, ses lèvres embrassant celles de Gabriel. Jordan s'accrochait à lui comme s'il était prêt à s'enfuir encore, ce qu'il ne pourrait supporter. Gabriel descendit dans son cou, lui arrachant un faible gémissement. Deux âmes et pourtant ils ne faisaient qu'un. Ils avaient rêvé de s'abandonner l'un à l'autre depuis des semaines. Au point où il paraissait irréel qu'ils se retrouvent là, libres. Les mains de Gabriel glissaient sur le torse de Jordan tirant sa chemise vers lui pour le rapprocher toujours plus. Jordan n'arrivait presque plus à reprendre son souffle, il en voulait toujours plus. Mais cette sensation lui donnait l'impression de se noyer, se noyer dans son propre désir dont il n'avait jamais été maître. Avec Gabriel, tout était un saut dans le vide. Et même s'il croyait avoir le contrôle sur la situation, il se rendait compte que tout lui échappait. Il aurait aimé naître bête pour ne jamais avoir à prendre conscience de ce genre de choses. Respire. Ses pensées dévalaient les couloirs de son âme entre craintes et envies, n'arrivant jamais à trouver une balance, incapable de lâcher prise. Embrasse-le. Sûrement que Jordan pensait trop, beaucoup trop pour ne pas se perdre dans ses pensées, dissociant entre la réalité et ses peurs profondes. Respire. Perdre le contrôle avec Gabriel semblait être la plus belle expérience qui existe. Embrasse son cou.

Gabriel, l'homme qui lui avait ouvert les yeux sur le monde, qui l'avait sauvé d'une vie de mensonges. Ça va trop vite. Celui qu'il avait abandonné tant de fois. Avait-t-il encore le droit de lui dire ? Lui avouer qu'il ne savait pas s'il était complètement à l'aise comme ça ? Mais tu vas le blesser. Il se sentait amoureux. Mais même à 28 ans, est-ce qu'il était interdit d'avoir peur ? Tu vas le blesser, encore. Et le vide hurlait son nom, trop fort pour qu'il puisse l'ignorer. Il continuait de l'embrasser machinalement, perdu. Il s'en voulait de ne pas réussir à s'abandonner complètement,. Il désirait Gabriel, mais la réalité le frappait de plein fouet. Il repartait du point de départ mais cette fois-ci, il n'y avait rien pour le rattraper. Et Jordan devait se jeter d'une montagne. Respire. Et ce, avec la conviction qu'il n'y aurait que du béton à l'arrivée. Respire. Respire. Seulement du béton, qui le casserait tout entier. Respire. Respire. Il faut y arriver.

« Jordan ? Tout va bien ? » demanda Gabriel, s'écartant de lui une seconde. Jordan ne le regardait plus, fixant le vide. Gabriel réalisa qu'il n'était plus du tout avec lui, dissociant.

« Jordan ? » rappela Gabriel en attrapant son visage, le faisant sortir de ses pensées. « Excuse-moi, on va le faire c'est juste que je réfléchissais. » dit Jordan, en recommençant à s'approcher de lui pour l'embrasser. Mais Gabriel le repoussa. « Mais qu'est-ce tu racontes ? On ne doit pas le faire. Qu'est-ce qui ne va pas ? » demanda Gabriel en le prenant dans ses bras. « Mais rien ne t'inquiètes pas, vraiment. » répondit Jordan. Mais Gabriel lisait en lui comme dans un livre ouvert. Il refoula une seconde fois son étreinte. « Arrête, dis moi ce qui ne va pas. » insista Gabriel, affecté qu'il refuse de lui dire la vérité. Jordan comprit qu'il ne pourrait pas lui échapper. De toute façon il était bien incapable de lui mentir.

"C'est juste que je..." balbutia Jordan, n'osant pas lui révéler son malaise par peur de le blesser encore une fois. Gabriel prit sa tête pour coller son front au sien. "Tu peux tout me dire, Jordan." le rassura-t-il. "J'ai tellement envie de toi mais... Je suis tellement désolé, il y a quelque chose qui me retient." confia Jordan. Gabriel prit une expression de surprise mêlée à de la tristesse en entendant ses excuses. "Ne sois jamais désolé pour quelque chose que tu ressens. Je préfère mille fois que tu sois honnête avec moi, plutôt que tu te forces à faire quelque chose dont tu n'aurais pas envie." lui chuchota Gabriel dans l'oreille tout en le serrant dans ses bras. "Mais j'ai envie..." souffla Jordan à voix basse, les larmes aux yeux, frustré. Jordan embrassa son étreinte. "Je comprends que ce soit difficile pour toi, c'est nouveau, c'est normal." répondit Gabriel, empathique.

Ils retournèrent dans la chambre pour se préparer à dormir et se couchèrent de côté, se regardant avec comme seule lumière la lune. Gabriel caressait le visage de Jordan, incapables de fermer les yeux et de s'endormir. Jordan se rapprocha tout en lui tenant la main. "Je me sens mieux maintenant que je t'ai dit ce que je ressentais." chuchota Jordan. "J'ai toujours envie de toi." continua-t-il à voix basse. Gabriel l'embrassa avec tendresse. Jordan se sentait beaucoup plus léger que plus tôt, comme s'il était sur un nuage. Gabriel était doux. Et c'était exactement ce dont il avait besoin. Il n'avait aucune envie d'instaurer un rapport de forces primitif entre eux. Comme il l'avait toujours fait avec Nolwenn, c'était lui qui prenait les initiatives et elle ne faisait jamais rien. Il avait gardé cette mauvaise habitude, et c'était ce qui lui avait fait tort tout à l'heure. Il ne voulait plus jamais revivre ça, une relation où il ne prenait aucun plaisir, cherchant toujours à combler les attentes des autres, sans qu'on ne se préoccupe jamais des siennes.

Gabriel prit un temps pour observer le corps de Jordan qui s'offrait à lui. "Tu es tellement parfait.." murmura-t-il, faisant fondre Jordan d'amour. Ils continuèrent de s'embrasser passionnément, Gabriel couvrant de baisers sa peau qui s'embrasait à son contact. Il regarda intensément Jordan. "Je peux ?" demanda Gabriel, sa main posée sur le bas-ventre de Jordan. Ce dernier rata un battement. C'était la première fois qu'on se préoccupait vraiment de ce qu'il ressentait. Il acquiesça avec un regard rempli de désir. Jordan n'avait jamais ressenti ça de toute sa vie. Le plaisir à l'état pur, une attention qu'on ne lui avait jamais donnée. Il ne se noyait plus, prenant de longues inspirations à chaque fois que Gabriel l'effleurait, succombant au plaisir qu'il lui faisait ressentir. Gabriel tenait de son autre main celle de Jordan, qui ne pouvait s'empêcher de se serrer à chacune de ses étreintes. Jordan s'agrippait à Gabriel comme s'il voulait toujours plus de lui. Tout son corps était en exacerbation, tremblant de bonheur.

"Je t'aime Gabriel" réussit-t-il à souffler entre deux halètements. Gabriel le regardait amoureusement tout en l'amenant jusqu'à la jouissance. Jordan n'en pouvait plus, jetant sa tête en arrière, ne pensant plus qu'aux caresses et à la respiration de Gabriel si proche de lui. "Gabriel je vais..." gémit-t-il en atteignant un état de jouissance absolue. Gabriel le contemplait, fasciné par l'expression de plaisir lisible sur son visage dont il était responsable. Jordan n'arrivait pas à reprendre son souffle, porté par l'explosion de plaisir de tous ses sens.

Quelques secondes plus tard, Jordan finit par tourner sa tête pour regarder Gabriel qui l'observait, ensorcelé par la scène qui venait de se produire devant ses yeux. Jordan n'arrivait pas à trouver les mots pour lui expliquer la satisfaction qu'il venait de lui procurer. Ils se regardèrent un long moment, en proie à leur amour, s'intensifiant à chaque seconde. Au fond de lui, Gabriel était très nerveux, peureux qu'il ait mis mal à l'aise Jordan.

"Tu as aimé ?" lui demanda-t-il timidement. Jordan sourit instantanément. "C'était... Tu es incroyable..." répondit Jordan, les yeux brillants. "Je n'ai jamais ressenti ça de toute ma vie." continua-t-il en tournant sa tête vers lui. Gabriel ne put s'empêcher de rougir, touché en plein cœur par les compliments de son amant.

Jordan se leva pour rapidement se doucher avant de revenir aux côtés de Gabriel qui l'attendait patiemment. Il prit peu de temps à revenir, incapable de s'éloigner de lui trop longtemps.

"Combien de temps ça durera tu penses ?" demanda Jordan en regardant le plafond. "Autant qu'on le veut, on a toute la vie, non ?" répondit Gabriel en le regardant. Jordan lui sourit avant de l'embrasser tendrement.

Un point partout (Attal x Bardella)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant