VI. Aveu

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Jordan se réveilla en sursaut et en sueur. Quel était ce rêve ? Qu'est-ce que ça voulait dire ? Il était bouleversé. Il essayait d'ignorer complètement ce baiser imaginé entre lui et Attal. Mais il était difficile d'oublier, les sensations qu'il avait ressenties, intérieurement, il en voulait plus. Mais se l'avouer était interdit. Jordan n'était pas un homosexuel, il ne pouvait pas rentrer dans une telle catégorie, selon lui. Il essayait de se changer les idées pour ne plus y penser, essayait de se préparer mentalement pour son dîner et surtout établir son narratif, ce qu'il allait dire à Attal pendant leur conversation.

Nolwenn était dans la cuisine, préparant le repas, elle sentait que quelque chose n'allait pas chez Jordan. "Tout va bien ? Tu as l'air stressé... C'est à cause de la campagne ?" dit-elle inquiète. "Ca va, ça va, juste une mauvaise nuit." répondit-t-il froid. Il alla directement dans la salle de bain pour se rincer le visage.

Il mangea en silence avec elle, il n'arrivait pas à oublier son rêve qui le tourmentait, le bouleversait. Il n'avait jamais imaginé Attal comme ça mais cela lui paraissait évident en même temps. Il était perturbé au point de ne même pas porter attention au fait que Nolwenn lui avait préparé son plat préféré. Il était silencieux, complètement perdu dans ses pensées.

L'après-midi, il avait pris congé pour dévaliser les magasins et trouver une tenue qui lui conviendrait (il ne savait pas vraiment si c'était à lui-même ou à Attal mais dans tous les cas il voulait faire forte impression). En rentrant après des heures de shopping, il s'apprêta immédiatement, encore une fois, il ne voulait laisser transparaître aucun défaut. En se préparant, il repensait à ce rêve, il essayait de l'ignorer mais il avait conscience qu'un rêve était bien souvent le fruit d'une angoisse ou alors d'un aveu, enfoui au sein de soi-même qu'on ne peut même pas se révéler. Il misait uniquement sur l'angoisse dû au dénouement de ce rêve. Mais pouvait-t-il vraiment ignorer la première partie ? Celle qui, même à travers le rêve, l'avait secoué autant psychiquement que physiquement. Il tentait de l'oublier, de faire l'impasse et de seulement se concentrer sur l'issue, qui était l'image qu'il avait toujours eu du premier Ministre, mais cela lui était impossible.

Il finit enfin de se préparer après deux bonnes heures où il demandait même l'avis de Nolwenn pour décider quelle tenue lui irait le mieux. Chaque détail comptait. En même temps, il avait enfin trouvé son narratif. Il dirait qu'il avait été perturbé par un de ses collègues et qu'il pensait souvent à lui, il ne comprenait pas ses sentiments mais il aurait envie d'apprendre à mieux le connaître. Jordan ne pouvait pas pousser le scénario plus loin en disant qu'il aurait envie de rapports physiques avec cet être imaginaire car il était toujours aussi mal à l'aise en parlant d'homosexualité. Le but était que sa situation soit juste une amorce pour ensuite trouver tous les points faibles d'Attal.

Pour lui, son plan était bien rôdé, cadré et si jamais Attal le balançait il pouvait toujours dire que c'était une façon de le déstabiliser, juste avant les Européennes, qui lui étaient d'ailleurs complètement sorties de la tête. Il n'avait pas reparlé à Marine depuis qu'il avait dit se rapprocher d'Attal pour obtenir des informations.

Merde, Marine. Il l'avait complètement oubliée aussi. Il ne pouvait pas lui révéler le narratif, si ? Il devait trouver encore quelque chose d'autre. Il réfléchissait longuement à tous les détails car un pas de travers le laisserait complètement à découvert, humilié. Bon dans le scénario, pour Attal, il est.. voilà et pour Marine il maintient de faire semblant de vouloir changer d'orientation politique. Jordan était un stratège et il y avait quelque chose de passionnant pour lui dans ces jeux de relations. Il avait le sentiment d'être maître de tout et surtout du destin qu'il aurait. Toute sa vie, il l'avait menée grâce à des choix froids, réfléchis et sans scrupules pour arriver à ce qu'il voulait. Aucun détail n'avait jamais été laissé au hasard.

Un point partout (Attal x Bardella)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant