Epilogue

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_ J'étouffe, Aaron...
La voix de Sora était un souffle tremblant, étranglé par la panique qui rampait sous sa peau comme une brûlure glacée. Son corps, tendu à l'extrême, se débattait contre l'inéluctable, mais il n'y avait nulle échappatoire.
La pièce était trop close, trop oppressante. L'air lui-même semblait peser sur sa poitrine, le privant de toute liberté. Mais ce n'était rien comparé aux entraves qui l'emprisonnaient.
Les menottes d'acier enserraient ses chevilles, froides contre sa peau trop pâle, chaque mouvement les rendant plus tangibles, plus cruelles. Et autour de sa gorge, un large collier de cuir, épais, lourd, le plaquait à ce lit qui n'avait rien d'un refuge. Un piège, une prison tissée avec une précision perverse.
Il tira sur ses liens, mais rien ne céda. Sa respiration s'accéléra, haletante, désespérée. Ses yeux, écarquillés par l'urgence, se levèrent vers Aaron, cherchant une issue. Il ne se souvenait même pas comment il avait fait pour revenir dans sa chambre, ni quand.
_ De l'air. Je t'en prie... laisse-moi...
Mais Aaron, imperturbable, resta immobile face à lui et se contenta d'un sourire presque tendre, empreint de cette patience cruelle qu'il maniait avec une aisance déroutante.
_ On sait tous les deux que ce n'est pas une bonne idée, mon petit cœur.
Sa voix était basse, chaude, mais inflexible.
_ Si je te laisse sortir, tu ne pourras pas t'en empêcher.
Il s'avança plus en avant sur le lit, réduisant la distance entre eux, sa main effleurant négligemment le poignet de la jeune oméga.
_ Tu essaieras de t'enfuir.
Il pencha légèrement la tête, observant Sora comme on observe un animal sauvage sur le point de se débattre.
_ Tu as toujours eu peur de l'engagement.
Un sourire fugace, presque amusé, étira les lèvres du Dominant.
_ Et pourtant, cette fois, tu n'as nulle part où aller.
L'air autour d'eux devint plus dense, chargé de cette tension insoutenable où l'attente était plus cruelle que l'action elle-même. Sora, figé entre l'instinct et la fatalité, sentit son dos heurter la paroi derrière lui.
_ J'ai peur... murmura le jeune Lycan, sa voix à peine plus forte qu'un souffle.
Son corps tremblait, secoué par une appréhension qu'il ne parvenait pas à dissimuler.
L'Érudit, silencieux, effleura du bout des doigts le visage blême du prisonnier, traçant une ligne apaisante sur sa peau froide. Puis, avec douceur, il prit ses mains dans les siennes et les ramena sur ses genoux, comme pour l'ancrer à la réalité.
_ Je ne peux pas te dire de ne pas avoir peur, Sora.
Sa voix était basse, mesurée, teintée d'une douceur que peu avaient le privilège de connaître.
_ Mais je peux te certifier que tout se passera comme nous l'avons prévu.
Le soumis leva ses yeux inquiets vers lui, cherchant une issue, une faille, une possibilité d'échapper à ce destin qui l'engloutissait seconde après seconde.
_ Je vais... disparaître ? lâcha-t-il, le souffle court.
_ Non. La réponse d'Aaron fusa, catégorique, pleine de certitude. Absolument pas.
_ Alors je serai sous votre contrôle... ?
Un silence s'installa. L'Érudit serra ses doigts autour des siens avant d'incliner légèrement la tête.
_ Bien entendu.
Sora se figea.
_ Tu es une oméga, et nous sommes des Alpha.
Chaque mot était énoncé avec une logique implacable, dénuée de menace, mais lourde de sens.
_ Mais nous aimons ce que tu es, poursuivit Aaron, d'une voix plus veloutée. Et lorsque nous serons Unis cette nuit, tu ne nous craindras plus.
Le jeune homme secoua la tête, cherchant désespérément une issue.
_ Calden... souffla-t-il, s'accrochant à cette dernière lueur d'espoir. Il n'est pas un Alpha, ça ne fonctionnera pas, ça brisera tout.
Aaron eut un sourire fugace, empreint d'une patience infinie.
_ Bien au contraire.
Il relâcha lentement les mains de son futur Compagnon, le laissant digérer ce qu'il allait entendre.
_ Tu n'as pas écouté notre Grand Alpha ?
Sora déglutit difficilement, sentant chaque mot lui glisser sous la peau comme un poison inéluctable.
_ Alpha, Bêta et Oméga... Nous sommes Liés.
Aaron se pencha légèrement, de sorte que leurs visages soient à la même hauteur.
_ Nous sommes les ponts des uns et des autres.
Il laissa planer un silence avant de conclure :
_ Et puis, Call a été scellé lorsqu'il était jeune.
Sora cligna des yeux, son cerveau refusant de comprendre immédiatement.
_ Son Loup le rendait incontrôlable, c'est pourquoi il s'est révélé Grand Bêta et non Alpha.
Un frisson parcourut l'échine de l'oméga.
_ Le contrôle... souffla Aaron. Imagine ce qu'il aurait été si Seren n'avait rien fait.
Avant que le jeune Lycan ne puisse réagir, une voix rauque, vibrante de sarcasme, fendit l'air.
_ Puissant à en faire péter l'soleil, grogna Call en pénétrant d'un pas vif dans la chambre.
Sa silhouette imposante prit place dans l'encadrement de la porte, une lueur amusée mais dangereuse dans le regard.
Derrière lui, une autre voix, plus grave, plus tranchante, se fit entendre.
_ Et mort.
Kenneth le suivait de près, son expression dure et impassible comme encré sur son visage.
_ Fou.
Le noiraud s'arrêta à quelques pas, balayant la pièce d'un regard calculateur avant de se pencher vers les profondeurs du lit.
_ Aaron, amène-toi, grogna t'il.
L'Ordre était sec et non négociable.
_ Laisse le petit se préparer avec Seren, conclu le frère aîné.
Le Second Gardien se redressa lentement, lançant un dernier regard à Sora avant d'obtempérer.
_ Le destin est en marche, souffla le Lycan au yeux vairons.

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