Lundi 26 juillet 2010
Quand ils ont eu fini de jeter mon corps entre eux, comme une poupée de chiffon, je suis restée un moment debout, immobile, au milieu du cercle qu'ils formaient autour de moi.
— Déshabille-toi, maintenant. Tant que tu seras dans cette maison, tes vêtements te seront inutiles.
L'homme relève brutalement mon menton et me fixe droit dans les yeux.
— Regarde-moi !
Je m'exécute à travers les larmes qui coulent de mes yeux.
— Si tu es obéissante, il est possible que tu sortes d'ici vivante. Ça ne tient qu'à toi
— Déshabille-toi et vite ! Je ne me répéterai pas ! Je suis sûr que tu ne veux pas me mettre en colère, n'est-ce pas ?
Je soulève mon tee-shirt. Je ne me suis jamais mise nue devant personne. Je ne suis pas particulièrement pudique, mais la nudité c'est autre chose. Je le passe par la tête et, les bras croisés sur mon soutien gorge en coton blanc, je regarde l'homme.
— Continue !
Je défais le bouton de mon jean et baisse lentement la fermeture. Je sais ce qui va m'arriver, je ne suis pas stupide. Je lis beaucoup, je surfe sur internet. Même si je n'ai jamais couché avec un garçon, j'ai une petite idée de la chose.
Je n'ai pas encore rencontré celui avec qui j'aurais envie de le faire. Je suis fleur bleue, je n'ai jamais envisagé de le faire juste pour être comme les autres filles de mon lycée. Je veux une première fois dont je puisse me souvenir, avec un garçon qui m'aime et que j'aime, qui sera doux et tendre. Mais ça n'arrivera pas.
Si je ne trouve pas une échappatoire rapidement, ma première fois sera sordide, brutale et certainement très douloureuse.
L'homme tend la main vers moi pour enlever mon pantalon. Il est excédé. Je ne suis pas une gentille fille. Il va me punir, si je le mets en colère.
Je baisse vivement mon jean, me tortille pour le faire descendre en bas de mes chevilles.
— Voilà qui est mieux ! dit-il satisfait.
Ils sont toujours autour de moi, me tournent autour, m'examinant sous toutes les coutures, effleurant mes courbes d'un air appréciateur.
— Enlève le soutien-gorge maintenant.
— Non, je ne peux pas, pas devant vous !
Les mots se sont échappés de ma bouche sans que je puisse les en empêcher.
La gifle qui déferle sur ma joue droite est violente et ma tête est projetée sur le côté.
— Fais ce que je te dis !
Je m'exécute en prenant bien soin de protéger ma poitrine de leurs regards, avec mes bras. Il les écarte vivement.
— La culotte maintenant !
Je les regarde l'un après l'autre, à la recherche de pitié, de bienveillance. Mais je n'en découvre pas la moindre trace. Les sanglots déboulent, les larmes roulent à tombeau ouvert sur mes joues, tandis que je fais ce qu'on me demande.
Je suis désormais nue devant mes quatre ravisseurs. Je vais le rester quatre jours durant. Et ils feront en sorte que je n'ignore rien, moi non plus, de leur nudité, de leurs mains rugueuses, de leurs torses en sueur, de leurs sexes dressés, de leur putain de désir qui me dégoûte. Je pleure sans plus pouvoir m'arrêter et je fais ce que je pense être le mieux pour me sortir de là :
— Je vous en supplie, ne me faites pas de mal. Laissez-moi rentrer chez moi, je ne dirai rien. Je vous le promets...
Ils rient et m'empoignent bientôt. La pitié ne me sauvera pas. Rien ni personne ne me sauvera. Je me laisse glisser vers la lente agonie qui m'attend.
*********
Debout dans l'encadrement de la porte je regarde les fesses de Greg bouger en rythme tandis qu'il....
La fille crie et Greg crie à son tour.
Et puis il se retourne, se tenant face à moi, totalement nu.
Ses yeux sont glacials, son sourire est cruel et semble me dire : tu en veux, toi aussi ?
Les miens descendent, malgré moi, le long de son corps, de ses biceps fermes, de son torse musclé, vierge de tout poil, de son ventre plat et ferme laissant apparaître des abdominaux légèrement dessinés, de son sexe, dressé.
Je ne contrôle pas le cri puissant qui s'échappe de mes lèvres. La terreur que je ressens, le souvenir des quatre hommes dont j'ai définitivement oublié les visages, perdus dans les limbes de mon cerveau malmené, la sueur coulant de son torse à son ventre, les cris de la fille, tout se mélange dans mon esprit. Je ne suis soudain plus très sûre d'être ici ou là-bas. Alors je hurle.
Faisant volte-face, je me mets à courir droit devant moi. Je dévale des escaliers, parcours des couloirs, ouvrant des portes à la recherche d'une sortie.
Une femme interrompt ma course folle.
— Mon Dieu mais que vous arrive-t-il mon petit ? Il faut vous calmer, vous êtes dans un état épouvantable, ma pauvre chérie...
Se saisissant d'un mouchoir, elle essuie mon visage trempé. Mais d'où peut bien provenir cette eau qui roule sur mes joues ?
Du bout du doigt, je pars à la rencontre de cette humidité incongrue. Je porte mon doigt à ma bouche. C'est salé. Ce sont des larmes. Je pleure pour la première fois depuis cinq ans.
Au loin j'entends une voix masculine crier mon prénom. Je dois disparaître, rentrer chez moi et ne plus jamais en ressortir. J'avais raison de bout en bout, ce monde est mauvais et violent, peuplé de bêtes immondes dont je serai toujours la victime.
La voix de Greg s'éleve encore, me rappelant pourquoi je suis ici. Je regarde, dans le grand miroir face à moi, la jolie robe, les bijoux, les chaussures, le chignon d'où s'échappent désormais de multiples mèches folles. Je ne veux plus de tout cela, les douze coups de minuit ont résolument sonnés. Le carrosse s'est transformé en citrouille. Je me sens sale.
— Il faut que je retire tout ça, je vous en prie aidez moi, ça me brûle !
Frénétiquement, je cherche la fermeture dans mon dos.
— Mais enfin vous n'allez pas faire ça ici.
Je ne l'écoute pas. D'un geste vif j'arrache le collier et les boucles d'oreilles somptueuses. Le bracelet qui consume ma peau les rejoint bientôt sur le sol.
Tandis que je fais glisser la robe, la femme s'éloigne, l'ai effaré, pour revenir rapidement, tenant un long manteau élégant.
La robe est tombée et je suis désormais en sous-vêtements et escarpins, au milieu d'un petit couloir, je ne sais où.
— Que vous a-t-on fait ? Dites-le-moi ? Voulez-vous que j'appelle la police ?
On m'a violée et la police n'a jamais rien fait.
J'enfile à la hâte le manteau, remercie la femme, me saisis de mon sac et m'élance vers la sortie.
Je ne sais pas si je hurle encore, si les sons sortent réellement de ma bouche, mais dans ma tête je n'entends qu'eux.
Un homme me propose un taxi. Rapidement une portière s'ouvre. Je m'engouffre dans le véhicule et donne mon adresse au chauffeur.
Les larmes ont cessé. Du moins à l'extérieur. Tandis qu'à l'intérieur de moi, des chutes d'eau puissantes et glacées menacent de m'engloutir.
Je me nomme Annabelle, j'ai 22 ans, j'ai 17 ans, je suis en plein Paris, je suis dans une masure de Provence, je suis moi et une autre, je ne suis plus rien ni personne.
VOUS LISEZ
Diary of Rebirth Tome 1 : Apprivoiser
RomanceAnnabelle Maury a vécu l'innommable. Réfugiée au sommet de la tour d'ivoire dans laquelle elle s'est enfermée, elle n'attend plus rien de la vie. D'autant que les loups rodent toujours... Greg Delcourt est un homme désabusé. Il a perdu confiance e...