Épousailles

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Dimanche 10 mai

Après les péripéties d'hier, Greg a été incroyable avec moi.

Il faut bien dire que les propos de ma mère, qui me hantent encore, m'ont plongée dans un profond désarroi. Je ne me souviens d'ailleurs pas de tout ce qui est arrivé, après que nous ayons quitté la maison. J'ignore comment je me suis retrouvée dans la baignoire. Avec lui, qui plus est. Ce passage reste très flou dans ma mémoire. Tout ce dont je me rappelle c'est qu'il m'ait dit combien il m'aimait. Ensuite, j'étais face à lui, dans l'eau fumante. J'ai cru qu'il était nu, puis, m'agenouillant entre ses jambes, j'ai constaté qu'il portait toujours le pantalon de toile noire qu'il avait revêtu juste après le petit-déjeuner.

Quant à moi, j'étais comme Ève au Jardin d'Éden et, à ce moment-là, je n'en éprouvais pas vraiment de gêne. Il m'avait déshabillée, il m'avait vue nue. Je n'en nourrissais ni colère ni honte. Mes préoccupations étaient ailleurs. J'avais besoin de savoir. J'avais besoin qu'il me le dise.

Alors, j'ai voulu lui demander si j'étais vraiment la gamine perverse qui avait appelé de ses vœux les viols successifs et les tortures, comme semblait le penser ma mère. Mais il ne m'a pas laissé poser la question et y a répondu, comme s'il était capable de lire en moi.

« Non Annabelle. Tu n'as pas la moindre responsabilité dans ce qui est arrivé. Ce sont EUX les coupables, Annabelle, ça n'a jamais été toi. »

Ensuite, sans la moindre pudeur, je me suis laissé aller contre lui et j'ai versé le flot de larmes qui menaçait de m'engloutir. Nous sommes restés longtemps, dans le bain, moi assise sur ses genoux, lui me serrant dans ses bras, me parlant doucement, comme à une enfant, séchant mes pleurs, embrassant mon visage.

Et les flots se sont taris. Greg est sorti du bain en premier, puis il m'a aidée à enjamber la baignoire. Il s'est emparé d'un peignoir moelleux et me l'a enfilé. Il m'a ensuite frictionnée doucement et a enroulé mes cheveux dans une serviette. Un instant, il s'est tenu immobile devant moi. J'ai regardé la flaque qui se formait à ses pieds, le pantalon gorgé d'eau et j'ai ri.

— Pas bien de se moquer, Mademoiselle Maury.

— Je n'ai pas pu résister. Tu aurais pu l'enlever avant, tu ne crois pas ?

— Je ne voulais pas t'effrayer...

Devant cette petite phrase, j'ai senti les larmes remonter. Elles étaient différentes. Il s'agissait de larmes de joie, une émotion vibrante qui m'a étreint soudain et cette sensation étrange est revenue, mon cœur a grossi soudain, envahissant toute ma poitrine et il semblait sur le point d'exploser. Bon sang ! Je l'aime tellement !

— Je t'aime, Greg... je ne suis pas sûre de te mériter et je le suis encore moins d'être capable de te rendre heureux, mais je t'aime, je t'aime tellement...

Son sourire s'est légèrement effacé et il est resté là, quelques secondes, son merveilleux regard plongé dans le mien, intense, brûlant, aimant. Il a saisi ma main, m'a attirée à lui, m'a serrée dans ses bras, a embrassé mes joues, mes yeux, mes lèvres et a chuchoté :

— C'est moi qui ai peur de ne pas te mériter, Annabelle. Je suis sûr à 100 % que tu vas me rendre follement heureux et je te promets de tout mettre en œuvre pour que tu ne regrettes jamais cet amour que tu m'offres.

Nous avons échangé un baiser, doux, tendre, lent. Ensuite, il a reculé d'un pas et a ajouté :

— Va vite finir de te sécher dans la chambre, je me change et j'arrive. Il y a une chose dont j'aimerais parler avec toi.

Un peu inquiète, je me suis dirigée vers la porte, puis me suis retournée vers lui, l'air interrogateur.

— Va ! a-t-il dit doucement, mais fermement.

Alors, j'ai obéi. Je ne me sentais pas la force de lutter. Je voulais juste laisser les choses aller.

Greg avait fait remplir mon dressing de vêtements de toutes sortes : sous-vêtements, tenues confortables, tenues élégantes, nuisettes, il m'avait gâtée. Mais tout ceci se trouvait dans ma chambre, et je n'avais pas la moindre envie de quitter la sienne. J'ai fouillé dans ses tiroirs, y ai dégotté un caleçon et un tee-shirt trop grands et les ai enfilés.

Lorsqu'il est sorti de sa salle de bain, je l'attendais, assise en tailleur, sur le lit. Il est venu s'installer près de moi, m'a regardée de la tête aux pieds avec un demi-sourire et a finalement abordé le sujet, sans préambule.

— Je viens d'envoyer un de mes gars chez toi pour récupérer tes affaires. Penses-tu que tu as une copie de ton acte de naissance, quelque part ?

— Mais que veux-tu faire avec mon acte de naissance, exactement ?

— T'épouser, a-t-il répondu, avec le plus grand sérieux.

Ma salive s'est bloquée dans le fond de ma gorge et je me suis étouffée en tentant de l'avaler.

— Mais enfin Greg, tu ne peux pas m'épouser !

— Et pourquoi pas ?

— Mais... Nous nous connaissons depuis un mois à peine, et puis nous n'avons jamais... tu vois... On n'épouse pas une fille que l'on vient juste de rencontrer, qui plus est quand on n'a jamais couché avec elle.

— Annabelle, je n'ai pas besoin d'attendre un an pour savoir que je t'aime comme un fou et que tu es la femme avec qui je veux partager ma vie. Je le sais déjà. Quant à ce qui concerne le fait que nous n'avons jamais fait l'amour, je dirai que nous avons partagé des moments incroyablement intimes, toi et moi et que je suis certain que ce moment-là, en particulier, sera parfait. J'attendrai le mariage, et même après, aussi longtemps qu'il le faudra, je te l'ai déjà dit.

Je me suis installée sur ses genoux et, tournant son visage vers le mien, je lui ai demandé :

— Pourquoi veux-tu faire cela, Greg ? Quelle est la véritable raison ?

Il a longuement réfléchi, ses yeux dans les miens et il a dit :

— Je veux te protéger. Je veux que tout le monde sache que tu es à moi et que, par conséquent, chacun comprenne également qu'il répondra devant moi de tout mal qui pourrait t'être fait. Je veux prendre soin de toi.

— Je n'ai pas besoin que tu m'épouses pour me sentir en sécurité avec toi. Tu n'as pas besoin de lier ton avenir au mien pour prendre soin de moi. Ce que je veux, c'est qu'un jour tu ressentes une telle bouffée d'amour pour moi, que tu te dises : je veux épouser cette femme.

— Mais c'est justem...

— Laisse-moi finir, Greg. Je veux être à toi, je le jure, mais je veux l'être complètement. Je veux que tu saches à quoi t'en tenir, que tu te lies à moi en toute connaissance de cause. Je t'en prie... Je te crois lorsque tu m'affirmes que tu m'aimes et je suis totalement sincère lorsque je te le dis. Maintenant que nous savons ce que nous ressentons l'un pour l'autre, laissons le temps nous mener là où bon lui semblera. J'ai toute ma vie pour t'épouser, Greg. Je ne vais nulle part.

— Je ne vais nulle part, moi non plus. Je n'existe que là où tu te trouves...

Je m'appelle Annabelle Maury. Pour la première fois de ma courte existence, j'appartiens à un être qui se donne à moi corps et âme. Pour la première fois, j'aime et je suis aimée en retour.



Diary of Rebirth Tome 1 : ApprivoiserOù les histoires vivent. Découvrez maintenant