Samedi 2 mai 2015
Je suis de retour à mon bureau, après notre petite expédition, très agréable, dans les calanques.
Ce matin, tandis que j'attendais Annabelle, à la sortie de la clinique, j'ai fait convoquer Sabrina, mon actuelle assistante, pour 14h30, afin de lui signifier la fin de sa période d'essai.
Je dois faire place nette pour le retour d'Annabelle, lundi. Car elle a accepté de retenter l'expérience, pendant un mois, le temps de voir si nous sommes capables de travailler ensemble.
Il est évident que je vais tout faire pour que cette courte période se prolonge indéfiniment. Je la veux avec moi. J'ai de très bonnes raisons pour cela, des raisons très professionnelles. Elle est brillante, indubitablement. Elle est attentive, assimile et comprend les informations à la vitesse de la lumière, et est capable de les restituer au moment opportun. Je ne doute pas de pouvoir en faire rapidement une assistante à la mesure de mes besoins.
Bien entendu, j'ai d'autres raisons...
Je me suis posé en sauveur, et l'une des voies à explorer pour ce sauvetage est celle de l'épanouissement professionnel. J'en suis convaincu. Elle a besoin de reprendre confiance en elle et si, pour le moment, lui redonner espoir dans sa vie personnelle est un challenge plus que délicat, faire en sorte qu'elle puisse s'estimer professionnellement me semble davantage à ma portée.
Les quelques heures que nous avons passées ensemble aujourd'hui m'ont montré qu'elle ne demande qu'à me faire confiance. C'est à moi de ne pas gâcher cette opportunité. Et Dieu sait que j'ai le chic pour tout foutre en l'air. Pourtant, après le déjeuner, les choses se sont passées tout naturellement. Je n'avais pas d'idée en tête, lorsque je lui ai tendu ma main et que la sienne est venue s'y blottir, presque instinctivement. Pas plus que lorsque je l'ai attirée contre moi, tandis que nous regardions les barques flotter langoureusement, au gré du vent. Je n'ai d'ailleurs pas bandé, malgré ses jolies petites fesses collées contre moi. J'imagine que l'on pourrait qualifier ce rapprochement de câlin. C'était un câlin asexué, juste une marque de tendresse, un partage. C'était une première. Je n'avais jamais fait un câlin à une femme sans que cela n'entraîne des débordements hautement explosifs.
Je suppose que savoir qu'elle a été victime d'une agression à caractère sexuel me refroidit dans mes élans.
Je frémis à l'idée que j'aurais pu la pousser dans ces retranchements, à Paris, et initier un rapprochement charnel entre nous deux, que j'aurais appelé de tout mon être, mais qu'elle aurait abhorré de tout le sien.
Mentalement, je me gifle, en repensant au spectacle que je lui ai imposé, avec Camille. Comment n'ai-je pas compris, dès le premier jour, à ses réactions violentes, qu'elle portait une souffrance psychologique démesurée ? J'étais bien trop occupé à assurer la satisfaction de mes instincts primaires pour voir à quel point elle était éloignée de tout cela. C'est une erreur que je ne dois plus commettre.
En regardant Sabrina entrer dans mon bureau, toute en jambes et pas plus couverte que d'habitude, j'en viens à me demander combien de temps je pourrai réfréner mes besoins, et même si j'en suis capable...
Je fais asseoir ma future ex-collaboratrice, lui propose un café qu'elle refuse et entre dans le vif du sujet, debout, ma hanche droite collée au bureau, les bras croisés :
— Sabrina, voilà une dizaine de jours que vous travaillez pour moi et je vous ai demandé de venir afin que nous fassions le bilan.
— Oh, mais j'adore travailler pour vous, Monsieur, dit-elle en baissant les yeux.
Je la vois venir à mille lieues. Elle la joue soumise, afin de flatter mon égo de mâle. Elle veut se montrer docile, me laisser entendre qu'elle fera tout ce que je veux. Intéressant.
Elle lève les yeux vers moi et me sert un regard de biche mi apeuré, mi larmoyant. Elle est au bout de mon fusil, elle le sait parfaitement. Mon doigt est sur la gâchette, je suis sur le point de l'abattre et elle tente le tout pour le tout.
Elle se lève lentement, se dirige vers moi d'une démarche chaloupée. J'imagine parfaitement la scène vue de derrière, son cul rond que j'imagine bien ferme, se balançant de droite à gauche, sous l'étoffe légère de sa micro-robe ajustée au chausse-pied.
Sans que j'aie le temps d'anticiper, le corps de Sabrina se colle contre le mien. Une main posée sur le bureau, l'autre installée sur ma fesse gauche, elle plonge son regard tout en faux cils dans le mien.
— Peut-être pourrions-nous trouver un arrangement qui nous satisfasse l'un comme l'autre ?
Sa main baladeuse descend sur l'arrière de ma cuisse, en une lente caresse, puis remonte évaluer la rondeur de mes atouts.
— Après tout, il est de notoriété publique que vous êtes un homme à femmes, que vous adorez le sexe, lorsqu'il est bien pratiqué et, croyez-moi sur parole, j'ai de grandes aptitudes dans ce domaine.
Sa main, jusque-là posée sur le bureau, s'aventure sous la veste de mon costume et explore mes pectoraux, à travers la chemise fine. Avec une lenteur calculée, sa main descend le long de mes abdominaux en direction de la bosse qui grandit dans mon pantalon et que je tente de contrôler, à grands coups de concentration et de prière. Doucement, elle y pose sa main, soupèse mes attributs et me lance un regard appréciateur.
« Oui, je sais... impressionnant. »
Des frissons me parcourent, tandis que, d'un mouvement hardi, elle descend la fermeture et plonge sa main à la découverte de ma virilité. Des éclairs de plaisir envahissent mon entrejambe, lorsqu'elle se saisit de mon sexe, à travers le boxer.
Léchant ses lèvres, elle imagine déjà la suite de nos ébats. Mais j'ai fait une promesse, et même si celle à qui je l'ai faite m'a bien fait comprendre que je suis libre de m'adonner à mon passe-temps favori, je ne veux pas commettre ma première erreur, une heure à peine après l'avoir laissée chez sa mère. Alors, dans un soupir frustré, j'ôte la main délicate de Sabrina de mon pantalon, je remonte la fermeture et m'installe derrière mon bureau.
— J'ai bien peur de ne pas pouvoir répondre à vos attentes.
— Mais... Êtes-vous déjà amoureux ?
— Absolument pas, lui réponds-je honnêtement, en songeant que l'amour n'est probablement rien d'autre qu'une légende urbaine. Je ne mélange jamais travail et plaisir, c'est tout.
— Donc, si j'ai bien compris vos intentions, je ne fais plus partie du personnel. Je me trompe ?
C'est une petite maligne, cette Sabrina...
— En effet, je vous ai convoquée pour vous signifier la fin de votre période d'essai et le non-renouvellement de votre contrat.
— Techniquement, je ne suis donc plus votre employée. Qu'est-ce qui nous empêche de poursuivre cet agréable moment ?
— L'éthique, Sabrina, l'éthique...
Je me nomme Greg Delcourt et Annabelle a raison : je suis un enfoiré de haut vol, doublé d'un faux cul, qui plus est.
VOUS LISEZ
Diary of Rebirth Tome 1 : Apprivoiser
RomansaAnnabelle Maury a vécu l'innommable. Réfugiée au sommet de la tour d'ivoire dans laquelle elle s'est enfermée, elle n'attend plus rien de la vie. D'autant que les loups rodent toujours... Greg Delcourt est un homme désabusé. Il a perdu confiance e...