Raphaël
Je me réveillai en sueur, interrompu par d'énièmes cauchemars. En discernant ma chambre à travers la pénombre, je tentai de me rendormir. Apercevoir un lieu familier me rassurait toujours et se présentait à moi comme la confirmation d'avoir rêvé, malgré en avoir déjà bien souvent la certitude. Cependant les premiers rayons de l'aube, filtrés par d'épais rideaux, ne tardèrent pas à me chatouiller les paupières, me tirant définitivement de l'hypothétique sommeil que j'avais espéré retrouver. Je luttai désespérément encore quelques minutes avant de me laisser vaincre complètement par la lumière. Je m'assis au bord de mon lit en me frottant les yeux dans un soupir de fatigue.
Deux semaines étaient passées depuis le retour à Shardaa des Lames d'Argents qui avaient accompagné le convoi des ambassadeurs de l'Empire de Xeltos. Elles avaient par ailleurs été plutôt calmes après l'effervescence qu'avait subie le château un mois plus tôt.
Je me levai finalement, bien décidé à me changer, me confortant dans l'idée que quitte à perdre des heures de sommeil, autant les réinvestir dans l'entraînement. J'avais besoin de reprendre mes réflexes perdus après ces dernières semaines de rétablissement.
Ma silhouette dénudée traversa le reflet d'un long miroir dont j'évitai précipitamment le regard en me postant dos à lui. Je frissonnai de dégoût et de honte à cette vision de mon torse et surtout de ses nombreuses cicatrices dont j'avais fait un complexe. Ces marques ne signifiaient pour moi que faiblesse, douleur et humiliation passé. J'avais toujours tant souhaité les voir disparaître.
Après avoir enfilé mes habits en vitesse, je me retournai pour cette fois analyser mon visage à travers la glace. Mes yeux pers me fixèrent en retour et je pus de la sorte constater que mes quelques cernes donnaient à mon visage triangulaire un teint blafard relatif au levé. Je passai mes doigts dans ma tignasse ébouriffée en guise de brossage, espérant ainsi les démêler un tant soit peu. En voyant que mes mèches blanches paraissaient un peu moins en bataille qu'habituellement, je me détournai de mon reflet.
Je sortis de ma chambre en refermant précautionneusement la porte derrière moi. Je longeai silencieusement le couloir située au troisième étage pour ne réveiller personne. Le château possédait en effet deux grandes ailes de cinq étages réservés aux chambres de chaque Lame d'Argent, séparant les femmes à l'ouest et les hommes à l'est.
À vrai dire, pas grand monde devait être debout au château à cette heure-ci en dehors des domestiques. Les gens en général avaient souvent besoin de bien plus de sommeil que moi. Pour ma part, je dormais peu. Je ne parvenais de toute manière que très difficilement à trouver la torpeur nécessaire à mon assoupissement. De plus, quand le pays des rêves s'offrait enfin à moi, j'en étais aussitôt tiré par d'affreux cauchemars.
Plongé dans mes pensées, je ne fis pas vraiment attention à mon environnement, ce qui ne tarda pas à en résulter d'un événement malencontreux. Je me cognai ainsi contre une autre personne dans un tournant. Nous gémîmes tous deux de douleur et de surprise, je relevai la tête et aperçus les traits de Peter.
- Excuse-moi je ne faisais pas attention ! me précipitai d'affirmer.
- Ce n'est rien, moi non plus. J'étais pressé, marmonna-t-il d'une mauvaise humeur apparente et assez rare pour être soulignée.
- Je ne te pensais pas si matinal, fis-je remarquer, intrigué.
- On m'a réveillé, grommela le jeune homme à la coupe châtain asymétrique qui apparemment n'aimait pas manquer ses heures de sommeil.
- Je vais te laisser émerger alors, dis-je en amorçant un mouvement de départ.
- Ne t'éloigne pas trop du château, tous les Lames d'Argent sont convoqués pour neuf heures dans la cour.
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Lames d'Argent
FantasyÀ la fois mages et guerriers, les Lames d'Argent sont l'élite des chevaliers du Royaume d'Alanya. Seulement, la situation se dégrade sur le continent. Entre le poids d'une vieille rivalité impériale et de mystérieuses factions qui émergent dans l'om...