Lames d'Argent

34× Mise en Quarantaine

Aerin

À la suite de longues discussions, Gabriel se leva soudainement de son fauteuil et déclara tout sourire :

- Je vais te faire visiter la planque.

Le jeune homme ouvrit la porte de la pièce et me laissa passer pour ensuite refermer derrière nous. Il commença à avancer dans le couloir et je le suivis sans rechigner, attentive au lieu qui m'entourait. Surprenamment, il était tout aussi richement décoré que l'était la luxueuse chambre que j'avais occupée. Avant de le voir de mes propres yeux, je n'aurais jamais pensé que la Griffe Bleue puisse être si fortunée. Un détail me revint en mémoire au même moment et je questionnai le parrain aux cheveux bleus avec curiosité :

- Ne m'as-tu pas confié tout à l'heure qu'il s'agissait d'une base secondaire ? Pourquoi ne sommes-nous pas dans la principale ?

- Dans le cas où tu nous trahirais et que tu révélerais à tes amis l'emplacement de notre quartier général.

- Je vois. C'est... prévoyant ? murmurai-je vexée.

J'avais oublié sa franchise. Parfois, il gagnerait à être un peu moins direct...

- Ne m'en veux pas, je te le montrerai lorsque je pourrai avoir pleinement confiance en toi, essaya-t-il de me rassurer.

Nous traversâmes divers couloirs en passant par des entrepôts, des salles de jeux, de réunions et différents lieux de séjour. Sur notre route, quelques mafieux croisèrent notre chemin ; tous nous saluèrent respectueusement et certains même ne se cachèrent pas pour me lorgner avec curiosité. La plupart avait l'apparence d'élégants hommes d'affaire, d'autres au contraire paraissaient être de véritables truands des rues. Malgré leur mixité physique, tous estimaient leur chef, mon frère.

En traversant un escalier, un autre nous salua sans s'arrêter tout comme l'avaient fait ses prédécesseurs. Cependant ce fut cette fois Gabriel qui stoppa sa marche, d'emblée imitée par moi-même.

- Tiens, Viktor ! Aerin, je tenais à te le présenter : voici mon bras droit. Viktor, voici ma très chère sœur, Aerin.

- Enchantée, murmurai-je timidement, encore un peu décontenancé par ce changement d'environnement.

Son visage s'étira d'un sourire amical.

- Ravi de te connaître, répondit-il avec entrain avant de se tourner vers son chef et de protester : Ton "bras droit", c'est tout ? C'est comme cela que tu traites ton meilleur ami ?

Je le fixai en silence, surprise par son attitude familière vis-à-vis à de mon frère. Ce dernier m'avait pourtant semblée intouchable jusque-là tant les autres membres de la Griffe Bleue se montraient respectueux envers lui. Je détaillai curieusement le dénommé Viktor. Ses iris verts vifs brillaient d'une certaine malice et m'avait instantanément sautée aux yeux tant ils contrastaient avec sa carnation hâlée, exotique pour Alanya. Probablement venait-il des contrées désertiques qui résidaient par delà les mers. Cela en faisait un personnage intriguant.
Gabriel sourit à son tour et flanqua une tape amicale derrière le crâne à la chevelure argentée de son homologue.

- Tu es énervant quand tu t'y mets, dit-il d'un ton amusé.

- Tiens donc, Monsieur est de bonne humeur ! Il est beaucoup plus grognon d'habitude. À croire que ta présence l'illumine, plaisanta son second en m'adressant un clin d'œil.

J'étouffai un rire, bien qu'un peu étonnée de voir l'adjectif "grognon" être collé au nom de Gabriel. Je ne l'avais pourtant jamais connu comme tel.

- Tu en fais toujours trop, répliqua le concerné en levant les yeux au ciel sans pour autant quitter son sourire.

Viktor se pencha alors vers moi pour me confier :