Lames d'Argent

60× Amères Retrouvailles

Alexandre

J'étais resté sur le front opposant directement les Lames d'Argent aux Xilliens. Nous avions tout d'abord tenté d'éliminer le plus grand nombre de nos adversaires à l'aide de nos pouvoirs ; bien sûr, beaucoup avait résisté. Nous nous étions ensuite lancés dans un assaut armé en espérant tenir bon jusqu'au moment où le groupe de Peter parviendrait à ouvrir les portes de la ville.  

Finalement, j'avais eu raison de me méfier de l'invitation enjôleuse de l'Empire de Xeltos. J'en avais désormais honte, mais j'étais né dans ce pays. Je connaissais mieux ses "coutumes" que n'importe quel autre Lame d'Argent. J'étais un Xillien avant qu'ils ne me rejettent tous à cause de mes pouvoirs. Cependant, je pouvais à présent affirmer avec fierté que cette part de moi était morte depuis déjà bien longtemps. J'étais devenu un Alanyien plus que jamais.

Après avoir vaincu plusieurs chevaliers rivaux, je m'éloignai du plus gros du champ de bataille. À l'écart de tout ce boucan, je surpris par hasard des voix en plein dialogue. Par réflexe, je me baissai pour me cacher derrière le premier muret à ma portée et tenter d'entendre quelques bribes de paroles.

- Partez en direction de l'entrée de la ville. Nous devons protéger la porte pour empêcher les mages de sortir ! ordonna une voix assurée et dure qui ne négligeait pas pour autant sa féminité.

- Bien générale, prononcèrent en cœur plusieurs soldats.

Curieux, je me risquai à jeter un vif coup d'œil en direction de la scène. Quelques chevaliers s'en allèrent à l'entente de l'ordre de leur supérieure. Je dévisageai cette dernière avec intérêt. Je venais de découvrir quelque chose d'intéressant. Cette haut gradée était celle qui avait pris la parole pour ses troupes pour nous déclarer la guerre à notre arrivée. Il s'agissait sans nul doute de la célèbre chef des sept généraux de Xeltos, autrement dit la femme la plus influente de l'Empire après l'Impératrice elle-même. Maintenant qu'elle se trouvait esseulée, je pourrais peut-être essayer de l'arrêter, tout comme l'avait tenté Hadrian vis-à-vis de Sven lors de la bataille nous opposant aux Enfants Maudits. Même si malheureusement, les choses ne s'étaient pas très bien déroulées pour lui... Tant pis, je me devais de la vaincre ! La magie me constituait de toute manière un avantage certain.

Une boule se forma dans mon estomac ; la peur me nouait les tripes. Cette femme était réputée pour être l'une des guerrières les plus fortes du continent ! Étais-je fou au point de tenter un affrontement à la loyale face à elle ? Peut-être, après tout, que pouvais-je tenter d'autre ? Si j'avais une chance de stopper la marée de sang à sa source, je me devais de la saisir !

La chevaleresse aux insignes bordeaux se dirigea brusquement dans la direction opposée à ma position. Dès lors aux aguets, j'entrepris de la suivre discrètement. À mon plus grand étonnement, elle ne se retourna pas une seule fois. Était-elle à ce point confiante en ses arrières même au cours d'une bataille où l'ennemi pouvait être partout ? La femme bifurqua soudain pour entrer dans une chapelle en construction. Le bâtiment semblait presque terminé, il n'y manquait plus que les vastes décorations qui avaient pour but de chanter les louanges des Dieux. Pourquoi s'était-elle engouffrée dans un tel bâtiment ? Cherchait-elle à prier l'obtention d'une victoire qu'elle pensait pourtant déjà assurée ?
Je ne pus pourtant pas m'empêcher de tiquer sur les portes qu'elle avait laissées grandes ouvertes. Serait-ce une invitation à entrer ? Après quelques hésitations et mûres réflexions, je pris mon courage à deux mains et me décidai finalement à y pénétrer à mon tour.

À l'intérieur, je fus de suite accueilli par un silence résonnant. Mon regard se porta d'emblée sur la silhouette immobile de la fameuse générale qui résidait dos à moi. Sa posture droite et fière contrastait parfaitement avec la salle vide que la lumière qui s'échappait de trous béants, emplacements des futurs vitraux de la chapelle, baignait par rayons.
La guerrière prit tout à coup la parole d'une voix claire sans prendre la peine de se retourner :