Lames d'Argent

93× Jour de Repos

Alexandre

Les rires, les musiciens et l'alcool à foison : rien de tel que l'ambiance d'une fête pour se requinquer ! Aujourd'hui, tous les Lames d'Argent festoyaient les victoires de leurs confrères au château, dans le réfectoire où nous mangions habituellement. Enfin presque, Raphaël s'était éclipsé pour tenir compagnie à Aerin, toujours à l'infirmerie de l'arène. J'avais d'ailleurs dû moi aussi y faire un tour après mon combat, lieu où j'avais écopé de mes quelques bandages. Tamara avait voulu m'y retenir ; d'après elle je ne réalisais pas la gravité de mes blessures. C'est vrai que je les trouvais étonnamment minimes. Certaines plaies étaient un peu douloureuses mais quoi de plus normal après un tel combat ? Quand j'avais enfin obtenu son accord pour partir, elle avait murmuré pour elle-même :

- Il verra quand il sentira son corps le lâcher, il me suppliera à genoux de rester ici !

Je n'avais pas vraiment pris au sérieux ses paroles. Pour moi, elle était juste un peu trop acharnée dans son travail.
Plus tard, j'avais continué à regarder les combats avec Raphaël qui s'était à nouveau fait chasser de l'infirmerie. D'après le médecin, notre amie avait encore besoin de repos. Puis finalement, le premier tour du Tournoi avait été clôturé par la grandiose victoire de la princesse Ariane d'Alanya sur son cousin Artos d'Halldor. Comment pouvait-on ne pas mieux finir ? À la fin de la journée, les écrans d'eau s'étaient mis à refléter le tableau des scores :

Bilan du premier tour
Alanya : 13/20 |   Xeltos : 6/7
Leto : 6/20        |   Érumë : 13/20
Éphésis : 5/20
= 43/87 participants restants.

Nous avions tous été étonnés par le nombre de participants Alanyiens encore en jeu ! "Jouer à domicile aidait beaucoup" avait blagué l'un des commentateurs. Il nous faudrait désormais redoubler d'attention vis-à-vis des autres concurrents, il s'agissait là de la moitié victorieuse des meilleurs guerriers du continent !

J'émergeai de mes pensées lorsque j'aperçus Blake et Hadrian danser sur une chanson populaire, aussitôt rejoins par une dizaine de Lames d'Argent. Ils allaient bien ensemble tous les deux. Je bus le fond de ma chope cul sec et après ce moment-là, je ne me souvins plus de rien.

Je me réveillai en sursaut, me demandant où j'étais. Je compris bien vite que, comme toute matinée normale, c'était les quatre murs de ma chambre qui m'entouraient. Je me redressai avec un vif mal de crâne et la bouche pâteuse. Quelle heure était-il ? Comment avais-je atterri ici ? Seul, le début de la fête me revenait en mémoire. Je n'avais plus qu'à prier de ne pas avoir fait de nouvelles choses étranges lorsque j'étais saoul. Je jetai un œil par la fenêtre, il devait être à peu près midi.

Aujourd'hui, nous étions le cinquième jour du Tournoi, journée de repos bien méritée pour les participants. Les matchs ne redémarreraient que le lendemain, moment où serait annoncé l'ordre des combats du second tour.

Lorsque je sortis de mon lit pour de bon, je fus assailli de toute part par de violentes courbatures aussi diverses que douloureuses. Voilà le contre coup de mon combat d'hier. Je m'habillai et me coiffai en grimaçant, puis tentai de me rendre jusqu'au réfectoire sans boiter. Je mourrais de faim. Je m'installai à la table de Traska et Aslan qui eux aussi avaient festoyé toute la nuit. Je n'aperçus pas Raphaël dans la salle, il devait déjà avoir mangé depuis longtemps, il était plutôt du genre matinal et surtout il n'avait pas participé à la fête d'hier. Il avait probablement déjà rejoins notre amie aux cheveux bleus dans la tour de l'arène.

- Bravo pour ton combat d'hier, me félicita le jeune homme de la Terre aux longs cheveux verts.

Je le remerciai. Aslan ne participant pas au Tournoi, je n'avais pas encore eu l'occasion de le croiser jusqu'à présent.
Nous discutâmes un peu de ce que l'on comptait faire de nos journées, un mot revint dans toutes les bouches : se reposer. Après manger, nous continuâmes de dialoguer encore un peu avant de nous séparer chacun de notre côté. Je me dirigeai vers le centre ville en direction de l'arène afin de prendre quelques nouvelles d'Aerin. Je n'eus pas de mal à passer les gardes en leur expliquant la situation et grimpai sans attendre jusqu'à l'antre de Tamara. Je frappai avant de tirer la poignée à l'entente d'un "Entrez". Je découvris Aerin assise sur le rebord de son lit et Raphaël installé sur celui d'en face. Mes amis me sourirent et me saluèrent en me voyant arriver. Agréablement surpris, je m'adressai à la blessée :