BlakeJe repris subitement mes esprits et ouvris les yeux. Une bruyante quinte de toux me prit aussitôt dans une tentative d'évacuer l'eau de mes poumons devenus ardents. Avec peine et douleur, je parvins à reprendre mon souffle après ce déchaînement de la part de mes organes. Je scrutai les alentours, je me trouvais agenouillée au bord d'une rive, entourée par un début de forêt. La nature printanière était apaisante, seuls les chants des oiseaux accompagnaient le bruissement des feuilles et les remous de l'eau. La douce chaleur du soleil réchauffait même paisiblement ma peau humide. Je me retournai en direction du fleuve et levai les yeux. Face à moi, une falaise escarpée et infranchissable s'étendait à perte de vue et dominait le paysage de par sa hauteur.
Perdue, je tournai à nouveau la tête pour soudain apercevoir Hadrian. Assis sur un rocher, ce dernier me fixait de l'expression impassible qu'il arborait toujours. Des gouttes d'un liquide transparent se formaient et coulaient continuellement du bout de ses cheveux. Le chef était tout aussi trempé que moi à en croire les tissus de ses habits plaqués contre sa peau. Je me relevai et me dirigeai instantanément vers lui pour en apprendre davantage.
- Où sommes-nous ?
Il ne répondit rien, ce qui ne m'empêcha pas d'enchaîner :
- Où sont les autres ?
Sans ciller, il ne se manifesta toujours pas.
- Si nous avons été emportés par le courant, comment allons-nous les retrouver ? continuai-je en plein monologue.
Je me remémorai alors notre chute libre ce qui créa davantage de questions en moi :
- Pourquoi as-tu tenté de me sauver ? Et puis pourquoi...
- Tais-toi, me coupa-t-il d'une voix des plus glaciales.
Ne vois-tu pas que je regrette ?Je le fixai abasourdie, totalement ébranlée par une telle réponse. Sa franchise était désarmante et me ferait presque regretter le chef apathique qui ne manifestait jamais sa colère ou la moindre de ses émotions. Tentant de dissimuler mon trouble, je ne parvins qu'à m'indigner d'un ton qui ne fut en rien crédible :
- C-Comment oses-tu me dire ça ?
Il se leva et reprit en ignorant ma remarque :
- Partons d'ici.
Je le suivis du regard, ne sachant plus trop comment réagir. Il commençait d'ores et déjà à s'éloigner. Je fus alors contrainte de le suivre car, dans le cas contraire, j'étais persuadée qu'il n'aurait absolument pas hésité à m'abandonner là. Après quelques minutes d'un silence déplaisant, je finis tout de même par questionner le brun. Après tout si je ne le faisais pas j'étais convaincue qu'il ne m'apprendrait rien de lui-même.
- Où sommes-nous ?
- Je ne suis sûr de rien.
Je lui jetai un regard interrogatif pour l'inciter à continuer, persuadée qu'il avait tout de même une réponse en tête.
- Néanmoins, tout porte à croire que nous sommes sur les territoires de l'Empire de Xeltos.
J'écarquillai les yeux et mon souffle se coupa. Nous nous trouvions désormais dans l'Empire Xillien ? Alors nous étions tout bonnement fichus. Comment des mages comme nous pourraient survivre dans une nation qui s'efforçait à éliminer toute trace de magie ? De plus, un traité avait été signé : les Alanyiens n'avaient pas le droit de poser le pied sur les terres du pays aux emblèmes rouges. Je frissonnai à l'idée du châtiment que les soldats nous infligeraient s'ils se rendaient compte de notre existence. Alors que je demeurais muette, Hadrian ajouta :
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Lames d'Argent
FantasiÀ la fois mages et guerriers, les Lames d'Argent sont l'élite des chevaliers du Royaume d'Alanya. Seulement, la situation se dégrade sur le continent. Entre le poids d'une vieille rivalité impériale et de mystérieuses factions qui émergent dans l'om...