11× Le Royaume d'Ambrasia

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Blake

L'histoire remontait dix ans en arrière, en l'an 1078.
Mes parents incarnaient la souveraineté d'Ambrasia, un petit et paisible royaume à l'Est d'Alanya. Du haut de mes quasi dix ans, j'étais l'unique héritière au trône : La princesse Blake d'Ambrasia. À l'heure actuelle, le général de notre pays et quelques centaines de ses meilleurs hommes s'apprêtaient à quitter Chains, la capitale, pour régler "des problèmes d'adultes" comme les grands me disaient.

Je dévalai les escaliers à toute vitesse, bousculant parfois quelques serviteurs par inadvertance, pour arriver dans la cour du petit château blanc. Des centaines de soldats s'y trouvaient. Je me mis à courir entre eux et à bouger frénétiquement la tête en quête de celui que je cherchais. Je l'aperçus enfin quand il fut sur le point de monter sur son cheval.

- Alceste ! criai-je en direction du grand brun.

D'abord surpris, il se tourna vers moi avant qu'un sourire n'illuminât son visage et ses deux yeux pétillants de malice.

- Bonjour ma petite princesse, tu viens me dire au revoir ? Tu es adorable !

Je l'adorais, il était toujours gentil et jouait avec moi à chaque fois qu'il avait du temps libre. Le beau jeune homme s'agenouilla à ma hauteur et me pinça les joues avec affection tout en arborant un grand sourire niais.

- Allêteuh ! exigeai-je en gesticulant pour me libérer.

Celui-ci s'esclaffa à l'entente de mes protestations.

- Vous ne devriez pas être aussi familier avec l'héritière, mon général, même pour son jeune âge ! le moralisa l'un des soldats à proximité.

Alceste se redressa, l'air irrité, et soupira :

- Lâchez-moi !

Sur ce, il monta agilement sur son destrier et ordonna à ses troupes :

- Allez en route !

- C'est du n'importe quoi... Pourquoi nous a-t-on donné ce petit jeunot comme général ? Il ne fait même pas preuve de respect envers la princesse ! chuchotèrent entre eux quelques-uns de ses subordonnés.

En effet, le concerné était jeune pour un chevalier de son rang, il devait tout juste comptabiliser une vingtaine de printemps. Mais peu importe ce que pouvaient bien en dire les mauvaises langues, cela ne l'empêchait en rien d'être le meilleur qui fût. Le chef de troupe se tourna une dernière fois dans ma direction et me salua de la main dans un grand sourire avant de quitter la cour définitivement.

Je fis volte-face en direction de ma chambre quand, brusquement, j'aperçus ma gouvernante se précipiter vers moi. Je soupirai, j'allais encore avoir le droit à ses sermons...

- Princesse ! Vous ne devez pas partir de la sorte pendant que vous étudiez ! Et cessez de coller le général, il est très occupé !

Contrariée, je fronçai les sourcils et répliquai :

- Je fais ce que je veux et le général est mon ami !

En signe de provocation, je lui tirai la langue puis je courus pour lui échapper à nouveau.

- Non, princesse ! Attendez !

Je me réfugiai dans ma cachette habituelle, une pièce secrète du château qui rejoignait ma chambre par une trappe. Je ne sortis pas bien longtemps après car ce fut déjà l'heure de dîner.
Je mangeai en compagnie de mes royaux parents à une table bien trop grande pour seulement nous trois. Sur celle-ci avait été disposée divers plats tous plus fameux les uns que les autres. Mon père et ma mère étaient de bons souverains, ils régnaient avec justice sur leur peuple mais aussi, de bons parents qui me donnaient tout leur amour.

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