Lames d'Argent

32× Régnons Ensemble

Raphaël

Il devait déjà être neuf heures du matin lorsque je me réveillai. Les autres ne devaient même pas encore être levés avec l'heure d'autant plus tardive à laquelle ils s'étaient couchés. Je descendis au réfectoire et déjeunai rapidement pour pouvoir ensuite aller m'entraîner. Comme je m'en doutais, aucune des personnes de la soirée d'hier n'était présente dans la cour. Je m'exerçai donc avec un autre mage de l'Air, libre lui aussi et avec qui je m'entendais plutôt bien. La journée passa jusqu'en milieu d'après-midi. Le temps se faisait nettement plus doux que quelques semaines auparavant, signe de l'arrivée du printemps. La verdure et le soleil étaient présents, mais pas l'ombre d'un seul de mes camarades pour pouvoir les admirer, difficile de trouver plus paresseux qu'eux.

Yuna attira alors mon attention, la mage de l'Eau accourait dans ma direction. Intrigué, je l'observai jusqu'à la voir s'arrêter à ma hauteur, essoufflée. Elle semblait avoir parcouru tout le château pour me retrouver. Je l'interrogeai du regard avec curiosité. Que pouvait-elle bien me vouloir ?

- Je me demandais si tu n'aurais pas vu Aerin, me questionna finalement la jeune fille après avoir un peu récupéré.

- Elle dort peut-être encore dans sa chambre ? tentai-je, malgré la position avancée du soleil.

- Personne ne m'a répondue quand j'ai frappé à sa porte... J'ai pourtant déjà cherché dans tous les recoins du château, elle est introuvable !

- Allons la trouver ensemble alors, lui proposai-je dans un sourire aimable.

Nous commençâmes nos recherches par sa chambre au deuxième étage du hall ouest. Je frappai à la porte et, en effet, personne ne répondit. Elle devait probablement être ailleurs. Je posai tout de même ma main sur la poignée et pus étonnement constater que la porte n'était pas verrouillée. Après deux secondes d'hésitation, je me permis de l'ouvrir en me préparant mentalement à être possiblement incendié.

L'entrée était désormais grande ouverte, tout comme nos yeux, horrifiés par la scène. Nous découvrîmes la chambre de la guerrière dans le désordre le plus totale, toutes ses affaires et ses tiroirs avaient été retournés. On aurait dit qu'il y avait eu une tempête dans ce lieu pourtant d'habitude ordonnée. Ses armes et son uniforme de chevalier reposaient encore ici, elle n'avait donc pas pu partir en mission...

- C'est toujours comme cela ? m'interrogea Yuna d'un ton dubitatif.

Je me tournai vers elle et secouai la tête.

- Va prévenir le roi et les chefs, lui ordonnai-je d'un sérieux presque effrayant. Il est évident qu'il s'est passé quelque chose ici... On dirait bien qu'il y a eu un cambriolage, il est possible qu'Aerin soit partie à la poursuite des voleurs ou bien pire encore : qu'elle ait été enlevée !

La jeune fille au carré plongeant bleu ciel me dévisagea avec une expression d'hésitation. Elle paraissait vouloir objecter concernant ma conclusion un peu hâtive mais y renonça bien vite et hocha simplement la tête. 

- Tu ne viens pas avec moi ? me questionna-t-elle malgré tout.

- Non, je vais chercher des indices auprès de ceux qui devraient en savoir un peu plus.

Sans lui laisser le temps de rajouter quoi que ce fût, je me mis à courir dans les couloirs en quête de l'un des guerriers de la soirée d'hier. Serviteurs et chevaliers m'observèrent avec curiosité, se demandant la cause d'une telle agitation. Je finis par déboucher dans le hall est, celui des chambres masculines. Ma vitesse mêlée à l'inattention d'autrui finit par aboutir sur un inévitable choc. Je venais de me prendre quelqu'un dans un tournant.