RaphaëlDes jours de marche harassants passèrent alors qu'Aerin et moi étions désespérés à l'idée qu'une bataille ait déjà pu avoir lieu sans nous. Nous nous étions bien rendu compte que notre trajectoire avait dévié du village mais nous pensions qu'ils ne servaient plus à rien de faire un nouveau détour pour rejoindre nos camarades. Ils étaient probablement tous partis.
Nous nous débrouillâmes néanmoins sur notre route pour intercepter une charrette marchande qui nous emmena jusqu'à la ville la plus proche. Nous n'avions rien sur nous comme argent pour satisfaire le voyageur mais la simple vue de nos uniformes de chevaliers l'avaient convaincu de nous prendre à son bord. Nous trouvâmes ensuite une autre correspondance, qui cette fois nous ramena finalement à Shardaa après ces deux dernières semaines de vadrouille.
Lorsque nous arrivâmes au château, une pointe de soulagement nous envahit à l'idée d'être enfin rentrés et, surtout, à la vue des Lames d'Argent qui vaquaient à leurs occupations habituelles, signe que les guerriers avaient triomphé de leur mission.
Ce fut cependant en pénétrant à l'infirmerie que nous pûmes constater les conséquences de ces derniers événements. D'ordinaire presque vide, nous atterrîmes dans un lieu nouveau grouillant de médecins et rempli de blessés cachés par des drapés qui séparaient les lits les uns des autres. Aerin fut rapidement prise en charge pour ses blessures même si, heureusement, celles-ci avaient déjà commencé à guérir malgré ne pas avoir été traités convenablement.
Quant à moi, je m'assis sur une chaise libre après qu'un infirmier m'eut intimé de patienter. Chaque retour de mission devait s'accompagner d'une auscultation obligatoire afin de détecter toutes formes de blessures cachées ou de maladies qui pourraient être contagieuses.
Je soupirai ; je détestais attendre, le temps me semblait bien plus long dans ce genre de situation. Je m'enfonçai dans mon siège tout en observant distraitement les lieux. Décidément, j'avais l'impression d'habiter à l'infirmerie en ce moment.
Les portes de la pièce s'ouvrirent soudain pour laisser apparaître une silhouette massive qui s'avançait avec égarement. À la vue du nouvel arrivant, un sourire étira mes lèvres et je me relevai prestement pour l'accueillir.
- Alex !
À l'entente de son prénom, l'homme tourna avec espoir ses yeux marron dans ma direction. Ses traits s'étirèrent alors de sorte à laisser transparaître une joie nouvelle.
- Raphaël ! s'exclama-t-il en retour.
Il franchit en quelques foulées rapides les derniers mètres qui nous séparaient puis il enchaîna :
- J'ai entendu dire que vous étiez rentrés toi et Aerin. Vous en avez mis du temps ! Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
- Les nouvelles vont vite, fis-je remarquer, impressionné. À vrai dire, nous avions perdu la trace de nos montures.
- Espèce de danger public ! répliqua-t-il en me donnant une tape amicale dans le dos. Nous t'avions interdit de suivre Aerin mais cela ne t'a pas empêché de le faire.
- Et j'ai eu raison de l'aider, autrement, elle serait peut-être déjà morte à l'heure qu'il est !
Je lui narrai brièvement nos mésaventures sous son air consterné. Quitte à plomber l'ambiance, je l'interrogeai ensuite sur l'issue de la bataille contre les Enfants Maudits tout en fixant les quelques bandages autour de son bras. Sa mine se fit plus grave, néanmoins une voix nous coupa avant qu'il ne commence :
- Attendez ! Je veux aussi savoir !
Aerin avait tiré le rideau qui la cachait et bougeait la main dans notre direction pour nous faire signe. La femme aux cheveux bleus était allongée dans un lit et ses jambes semblaient déjà avoir été bandées.
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Lames d'Argent
FantasyÀ la fois mages et guerriers, les Lames d'Argent sont l'élite des chevaliers du Royaume d'Alanya. Seulement, la situation se dégrade sur le continent. Entre le poids d'une vieille rivalité impériale et de mystérieuses factions qui émergent dans l'om...