Chapitre 36 : Lendemain de Match

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D'abord, il y eut la chute dans l'ombre.

Une chute interminable qu'il n'essaya pas de stopper.

Il écoutait de tous ses sens. Il attendait le coup de sifflet qui annoncerait la fin du match. Il n'existait que pour cette balle dorée qui tentait désespérément de fuir sa main. Il la sentait vibrer encore dans sa paume tandis qu'il tombait sans fin.

Puis il se mit à flotter et plus rien n'eut d'importance.

Il sentait toutes ces présences autour de lui et toutes lui étaient indifférentes.

Il n'avait plus froid. Il n'avait plus mal. Il flottait hors des contingences du monde. Comme dans ces moments de demi conscience juste avant le sommeil, quand l'esprit est prêt à se laisser sombrer. Sauf que son esprit ne sombrait pas. Un fil ténu le retenait encore, dont il essayait de se défaire.

Il y avait toutes ces pensées autour de lui. Des voix. Des cris. Des esprits tellement confus. Et une angoisse qui l'étreignit si fort qu'elle manqua l'étouffer. Il plongea à nouveau dans un tourbillon d'émotions diverses qu'il n'arrivait plus à repousser. Il se débattait comme pour garder la tête hors de l'eau. Il ne voulait pas, non, il ne voulait pas revivre ces moments douloureux... Il voulait rompre le lien qui le maintenait entre deux mondes.

S'il se laissait sombrer, tout serait fini. Plus rien ne le ferait souffrir. Plus de rêves accablants. Plus de pensées volées. Plus jamais cette brûlure dans son âme chaque fois qu'il savait que Voldemort était dans son esprit, intentionnellement ou non.

Il voulait crier qu'on le laissât. Des images encore le frappaient de plein fouet. Des images violentes qui ne lui appartenaient pas. La mort. La mort partout autour de lui. La douleur aussi. La même que celle qu'il avait déjà ressentie quand Voldemort s'était emparé de son corps. Et celle du doloris qu'il lui avait infligé dans le cimetière. Elles se mêlaient ensemble. Elles étaient intolérables.

Et la peur. Elle montait en son cœur, épaisse et étouffante. Une peur irrationnelle. De quoi avait-il si peur ? De mourir ? Non. Il savait ce qu'était la mort. Il connaissait son odeur et son toucher irréels. Cette indifférence soudaine et bienfaisante. Ce glissement vers...

Il y eut un grand cri, de révolte, de désespoir et d'amour. Et la douleur à nouveau, brûlante, dans tout son corps, comme les braises qu'un souffle inattendu ravive.

Le fil qui le reliait au monde se rompit. Mais il ne sombra pas non plus cette fois encore. Il avait mal partout. Sa tête surtout était un tambour.

- Il est à nouveau avec nous... entendit-il très loin.

- Oui, je vous l'ai ramené... haleta une autre voix.

- Pom-Pom, à vous de jouer...

Il sentit un liquide couler entre ses lèvres. Ses yeux s'entrouvrirent sur un brouillard éclatant de blancheur. Et la nuit fut à nouveau tout autour de lui.

******

Le professeur Dumbledore soutenait Severus Rogue tandis que Madame Pomfresh l'aidait à s'étendre sur un lit de l'autre côté du rideau blanc où reposait Harry. Il leva un regard vers le lit près de la fenêtre sur lequel Ron Weasley était allongé, dans sa tenue de Quidditch encore tachée de sang.

- Il dort, souffla Madame Pomfresh avant de s'éloigner vers son armoire à potions.

Rogue se mit alors à rire. C'était un rire étrange, plein de dérision et d'amertume.

- Je le savais ! pantela-t-il. Je le savais !

Il se redressa sur le lit et fixa Dumbledore :

Les Secrets d'HermioneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant