Chapitre 47 Du Rififi dans la Forêt

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Ron faisait semblant de ranger son bureau dans la salle des préfets. Hermione consultait rapidement les notes qu'elle avait reçues dans la journée. Le jeune Weasley la guettait par-dessus la pile de magazines de Quidditch qu'il devait rendre à Seamus. La porte s'ouvrit et Ginny l'invita à la suivre pour leur entraînement d'un simple signe de la tête. Il passa devant le bureau d'Hermione.

- Tu restes là ? s'étonna-t-il plein d'espoir.

Elle secoua la tête sans oser le regarder. Les leçons de Graup se passaient de mieux en mieux. Il avançait. Lentement, certes, mais il progressait malgré tout, au grand bonheur de Hagrid. Et au désespoir de Ron qui voyait les cours durer chaque fois un peu plus longtemps. Il avait beaucoup compté sur le découragement de la jeune fille devant la déconvenue qui, il n'en doutait pas, l'attendait. C'était lui qui avait déchanté. Hagrid ne tarissait pas d'éloges sur les progrès de son demi-frère et vouait à Hermione une reconnaissance un peu envahissante. Elle-même en était gênée, surtout parce que le professeur de Soins aux créatures magiques rappelait ainsi à Ron les dangers qu'elle courait deux fois pas semaine.

Ils n'en parlaient jamais. Hermione acceptait les critiques quant à sa foi envers le professeur Rogue, mais elle refusait toute discussion avec Ron au sujet de la Forêt interdite. Et surtout pas au milieu de la salle des préfets, tandis que Malefoy feignait de ne s'intéresser qu'à ses notes et directives alors que tout le monde savait qu'il était tout yeux et tout oreilles.

Ils savaient, grâce à Neville et aux oreilles à rallonge de Ginny, que Malefoy, tout en restant dans l'ombre, jouait les justiciers de sa cause en « châtiant » ceux qu'il considérait comme des traîtres. Il désignait à ses hommes de main, comme les appelait Dean Thomas, ceux qui le défiaient un peu trop ouvertement à son goût. Les Serpentard ne se déplaçaient plus qu'en groupes de cinq ou six minimum. Rogue rongeait son frein, devant les mines goguenardes de ses collègues. Lui qui avait toujours vanté l'unité des Serpentard ne pouvait plus feindre d'ignorer l'état de déliquescence de sa maison. Hermione prétendait qu'il en souffrait réellement, et cela faisait sourire Ron d'un rictus sardonique. Harry ne le montrait pas aussi ouvertement, mais il n'était pas mécontent de cet état des choses. Il voyait arriver à son club de Duels de plus en plus de tenues vertes. Il jubilait, même si McGregor, par l'intermédiaire d'Hermione, lui avait conseillé de se méfier de quelques-uns des nouveaux arrivants.

Ginny vint chercher son frère par la main, une grimace d'exaspération sur son visage impatient. Elle cligna néanmoins de l'oeil à l'intention d'Hermione et laissa tout juste Ron donner un rapide baiser sur la joue de son amie. Elle l'entraîna derrière elle. Au regard qu'il lui jeta avant de refermer la porte sur lui et sa soeur, Hermione songea que Harry allait encore le menacer de le renvoyer de l'équipe. Elle détestait lui faire du mal ainsi, mais elle avait fait une promesse. Et elle ne pouvait demander à Harry de tenir sa promesse avec elle. Tout d'abord parce que s'il était un excellent professeur de Défense Contre les Forces du Mal, il ne valait certainement rien en professeur d'anglais, à en juger par la syntaxe souvent approximative de ses devoirs. Ensuite parce qu'il avait des choses plus importantes à faire.

Hermione cachait son balai sous sa cape. L'appréhension des premiers jours l'avait quittée. Elle ne craignait qu'une chose : qu'on découvrît ce qu'elle allait faire ainsi dans la forêt et qu'on la dénonçât aux professeurs. Elle se dirigea vers la cabane de Hagrid et prit le sentier de la Forêt interdite. Firenze en longeait la lisière lentement. Il croisa son chemin.

- La Forêt s'agite... dit-il. Le temps approche.

Hermione baissa la tête.

- Tu ne leur as pas dit ? Ils ne t'ont pas crue ?

Les Secrets d'HermioneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant